C'est le moment de ranger

Obsession: chaque chose à sa place, même si elle doit jouer du coude. Un jour, mon pied a pris une de ces claques! C'était bien, c'était malin, c'était le matin, il y avait foule, beaucoup de monde, les gens ordinaires se laissaient couler dans leur train-train quotidien, ils venaient de quitter le bateau et cherchaient à monter dans les autobus, enrobés de soleil, certains sont peut-être morts entretemps mais ils étaient vivants ce jour-là. La ville respirait un souffle marin, l'air du grand large, je n'avais pas envie de partir, c'était les transports en commun, je me sentais emporté dans un mouvement de foule bienveillant, la lumière était lumineuse et franche, elle était mon grand plaisir sensuel.
C'est un souvenir que je garde en moi, je le cache au fond de mon coeur, il me vient une sorte de vertige chaque fois que je le ressors, chaque fois que je le re-ressens, un haut-le-coeur existentiel qu'aucun mot ne pourra traduire. J'ai envie d'en faire un récit cousu de fil blanc pour revivre un épisode indicible de ma vie d'étudiant.
J'avais vingt ans et des poussières, mais je me gardais bien de les balayer, j'aimais la saveur de la nonchalance, j'aimais le goût de la liberté.
Faut-il regretter, faut-il soupirer, faut-il effacer ou réécrire les choses ? Je ne saurai répondre, tant  les responsabilités sont diluées et les injonctions sévères.