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Drone : recherche infrastructure désespérément

Publié le 13 février 2017 par Pnordey @latelier

Nul ne sait quelle place prendront les drones demain au-dessus de nos têtes. Pour que le rêve d’Amazon devienne réalité, il va falloir trouver des solutions. Certaines, plutôt originales, circulent déjà.

D’une manière ou d’une autre, les drones feront partie de nos vies demain. Il suffisait de se promener début janvier dans les années du CES de Las Vegas pour s’en convaincre. Petits, gros, civils, militaires, des sophistiqués, des très simples, pour transporter des colis ou porter assistance à un nageur en détresse, en vol, au sol, les drones étaient partout. Comme ils le seront sans doute demain dans nos « smart cities », à l’image des voitures autonomes sans que l’on puisse encore répondre avec précision à la question du « comment » et du « jusqu’à quel point ».

Mais comme le dit l’adage, comparaison n’est pas raison et l’analogie entre les drones et les véhicules autonomes a des limites. La grande différence entre les deux, ce sont les infrastructures. Pour la voiture autonome, c’est simple, les infrastructures existent déjà : ce sont celles de nos voitures actuelles. Quelle différence entre une route, un parking, un garage pour une voiture avec chauffeur et pour un véhicule autonome ? Aucune ou alors minime. Pour les drones, c’est très différent. Il n’existe aujourd’hui aucune infrastructure pour accueillir des engins volants dans nos villes. Il n’y a pas de couloirs de bus pour drones, pas de zone d’atterrissage, même pas de code de la route. Quand deux drones se croiseront au-dessus d’un carrefour, lequel aura priorité ? C’est un casse-tête pour contrôleur aérien qu’il va falloir résoudre avant de voir les rêves des start-ups du secteur ou des géants comme Amazon se réaliser : des drones partout au-dessus de nos têtes, mêmes dans les zones urbaines très denses.

Pas d’anarchie

Là encore, la comparaison avec l’automobile est intéressante. Les règles de conduite diffèrent d’un pays à l’autre : limite de vitesse, priorités, stationnement, règlements en ville, sur route, sur autoroute. Plus de cent ans après l’arrivée de la voiture sur notre planète, aucune harmonisation mondiale ne s’est totalement imposée. Comment imaginer qu’il en ira autrement pour les drones. Ce sera de toute façon un « work in progress ». Pour s’en convaincre, il suffit de regarder sur les réseaux sociaux les vidéos qui y circulent sur la façon de conduire dans les années 60 en France : chacun faisait ce qu’il voulait, on conduisait sans ceinture de sécurité, le clignotant était rarement utilisé, on doublait par la droite, par la gauche… Il y a peu de chose que l’anarchie prévale pour la circulation des drones, en particulier en ville. Nous vivons désormais dans un monde ultra-régulé. Dès qu’une innovation arrive, ses règles d’utilisation sont fixées avant même son déploiement sur le marché. Question de sécurité.

Aigles anti-drones

Certes, les Etats-Unis, liberté où l’on aime bien les inventeurs, privilégient un peu plus la liberté. Mais on peut difficilement imaginer que l’on va laisser les drones se déployer un peu partout sans d’emblée, fixer leurs règles d’utilisation. Parce que pour des raisons de sécurité, sans même parler de respect de la vie privée, ce n’est pas rien que de laisser des dizaines d’engins volant pesant plusieurs kilos voler au-dessus de nos têtes, de nos voitures, de nos bus, de nos métros, de nos trains, de nos feux rouges et panneaux de circulation, de nos lignes électriques ou de téléphones… Sans même parler de sites aussi sensibles qu’une centrale nucléaire, un site de recherche scientifique ou une base militaire. La France, traditionnellement plus versée dans la stratégie du bouclier que celle de l’épée, vante déjà ses dispositifs anti-drones qui vont jusqu’à employer… des aigles (!)

Le défi d’Amazon

Pendant ce temps, Américains ou Australiens nous bluffent avec leurs drones livreurs de pizza. Comme dans l’intelligence artificielle avec son système Alexa, Amazon fait notamment la course en tête. Pour eux, c’est une question clé. Cela leur permettrait de se libérer des systèmes de livraison classique dont ils dépendent encore. Ce serait pour la firme de Jeff Bezos un accélérateur énorme. Mais quelle que soit la vitesse de la régulation qui va être mise en place, la question clé de la logistique va se poser : celle du dernier kilomètre. Surtout en zone urbaine dense. Difficile d’imaginer que les régulateurs laissent le ciel de nos villes se transformer en un essaim bruyant et dangereux.

Atterrir dans un nid à drones !

Le contrôle de ce trafic de drones devra notamment concerner son aspect le plus sensible : les zones d’atterrissage, essentielles pour les livraisons. Un drone est comme un avion : les moments du vol les plus dangereux sont les phases de décollage et d’atterrissage. D’où l’invention assez géniale d’une start-up baptisée logiquement Dronebox : un nid à drones, une espère de boîte d’atterrissage, bourrée d’électronique, et permettant au drone de se poser et de déposer son chargement. Un peu comme votre boîte aux lettres pour le courrier ou votre garage pour la voiture. Tout le monde n’a pas de garage mais tout le monde a une boîte aux lettres.

L’idée n’est pas forcément de disposer pour chaque habitation d’une Dronebox, tout de même nettement plus grosse qu’une boîte aux lettres. Mais cela peut être tout à fait adapté à une petite rue, à un lotissement, à un immeuble ou une copropriété dès lors que les livraisons ne se font pas toute en même temps, en tout cas que les drones attendent sagement leur tour pendant que le premier effectue son atterrissage et sa livraison. Ensuite, il faudra évidemment inventer le système de stockage des paquets et objets mais c’est assez simple à imaginer. Cette Dronebox, alimentée par des panneaux solaires donc adaptée à la transition énergétique, a été présentée récemment au prestigieux salon aéronautique de Singapour par la société H3Dynamics. Pour l’instant, son inventeur la présente surtout comme un système de départ, pour stocker le drone avant son décollage. Mais son usage pourrait rapidement être étendu. D'ailleurs, Airmada, entreprise du MIT, proposait son propre nid de drones très récemment.

Un espace urbain quasi inoccupé

Reste qu’une telle solution ne répond qu’imparfaitement à la question du nombre exponentiel de drones attendus dans l’avenir. D’où une seconde idée, potentiellement complémentaire et assez originale : utiliser un des rares espaces urbains ou péri-urbains de grande taille, inoccupé à 80% du temps. Les stades !

Retrouvez notre article sur les stades hébergeant les drones

Les stades de foot, de rugby, de base-ball de foot américain, d’athlétisme… Ils ne sont occupés qu’au moment des matchs, des entrainements, des manifestations spéciales. Le reste du temps, voilà des rectangles de plusieurs centaines de mètres de côté qui restent inoccupés tout près des centres villes. L’idée d’en faire demain de vastes zones d’atterrissages de drones pour livrer les villes et leurs périphéries, commence à circuler aux Etats-Unis voire en Asie. Et elle pourrait bien faciliter l’arrivée des drones au plus près des centres-villes.  


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