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24 : Legacy (2017) : chaque série a son contexte

Publié le 19 février 2017 par Jfcd @enseriestv

24 : Legacy est une nouvelle série de 12 épisodes diffusée depuis le début février sur les ondes de Fox aux États-Unis et CityTV au Canada. Comme son titre l’indique, il s’agit d’un spin-off de l’originale 24, mais avec un nouveau héros : Eric Carter (Corey Hawkins). Il s’agit d’un ancien Ranger qui de retour aux États-Unis après une retraite peu concluante doit reprendre malgré lui du service. C’est qu’une course contre la montre (c’est le cas de le dire) se dessine entre un groupe terroriste et notre héros accompagné de la CTU (Counter Terrorist Unit) qui sont à la recherche d’une clef USB contenant entre autres plusieurs renseignements concernant des attaques prévues par les radicaux en sol américain.  À peine sept ans après la conclusion de la série régulière et un peu plus de deux ans après sa saison « événement », le format 24 nous revient en force sans innovation aucune, si ce n’est de l’acteur principal qui est différent et du contexte autant politique que sériel qui lui, a évolué. Reste à déterminer si ce retour nostalgique est toujours viable.

24 : Legacy (2017) : chaque série a son contexte

Beaucoup d’acteurs, peu de temps

Quelques mois plus tôt, Eric avec l’aide d’autres Rangers lors d’une mission sont parvenus à assassiner Bin-Khalid, le leader s’une cellule terroriste. De retour au pays, on leur a donné une nouvelle identité et le protagoniste vit incognito avec son épouse Nicole (Anna Diop). Seulement, presque tous ses collègues ont été tués par d’autres terroristes musulmans et c’est de justesse qu’il évite pareil sort alors qu’il prend la fuite avec celle-ci. Il la confie à son frère Isaac (Ashley Thomas) qui accepte de l’héberger incognito, au grand déplaisir de sa copine jalouse Aisha (Tiffany Hines). Le seul Rangers et collègue d’Eric encore en vie est Ben Grimes (Charlie Hofheimer), lequel a en sa possession sans le savoir ladite clef USB. Lorsqu’il découvre la mine d’or qu’il a entre les mains, il exige une somme de plusieurs millions du gouvernement américain. À la fin du troisième épisode, l’échange de rançon ne se déroule pas comme prévu et ce sont les « méchants » qui s’accaparent des renseignements précieux. Dans les histoires parallèles, on a Miranda Otto (Rebecca Ingram), anciennement à la tête du CTU qui reprend du service étant donné les événements. Son mari John Donovan, un ex-sénateur, est en pleine course à la présidence tandis que son adjointe Nilaa Mizrani (Sheila Vand) est soupçonnée d’être de mèche avec l’ennemi. Enfin, dans un lycée, le professeur David Harris (Kevin Christy) et l’étudiante Amira Dubrayev (Kathryn Prescott) sont en train de planifier une attaque et cherchent à éliminer Drew (Zayne Emory), le petit ami de cette dernière qui a eu vent du complot.

24 : Legacy (2017) : chaque série a son contexte

Comme on peut le constater, les acteurs de ce drame potentiel sont nombreux et en cela, on est constant avec le format de la série qui se déroule supposément en temps réel. Ainsi, pour meubler une heure de diffusion, il faut du contenu et ce n’est pas ça qui manque à 24 : Legacy. Il faut évidemment donner crédit à la série qui même après une pause de plusieurs années, n’est pas à court d’idées au niveau du scénario pour nous tenir en haleine. Si les bâillements de notre part sont rares, on peut déplorer dans un premier temps le manque d’ambition du côté de Fox qui n’innove ou n’actualise pas d’un iota sa facture visuelle. On a en effet droit à la même trame sonore et son décompte, le même genre de composition de plusieurs actions simultanées dans un même cadre, etc.

Et malgré un changement d’acteurs, 24 : Legacy, au niveau de sa narration renoue aussi avec ses clichés « ethniques » qui passaient peut-être il y a une dizaine d’années, mais qui ont une résonnance plus grande de nos jours en raison des réseaux sociaux : dans ce cas-ci, surtout pour le pire. C’est qu’encore une fois, les musulmans sont dépeints comme des fous furieux qui forment un seul et même bloc. D’ailleurs, la première scène du pilote en a choqué plus d’un alors que trois d’entre eux abattent sans scrupules un soldat américain à son domicile tandis que son épouse et leur enfant gisent dans leur sang. À l’heure où les Américains ont un président qui emprunte lui aussi de tels raccourcis et s’adonne au profilage racial en essayant d’interdire l’entrée aux États-Unis à certains, on a l’impression que 24 : Legacy endosse cette mentalité, et ce, bien que la série ait été tournée bien avant l’élection présidentielle. Pourtant, le producteur exécutif et showrunner Manny Cotto s’est fait rassurant si l’on en croit son témoignage au Hollywood Reporter : « I like to say the series begins as if it was written by Trump, but it ends as if it were written by Hillary ».

24 : Legacy (2017) : chaque série a son contexte

24 en 12 (bis)

On peut affirmer sans aucun doute que lors de son lancement en 2001, 24 nous amenait dans un nouvel univers sériel avec son action qui se déroulait en temps réel durant toute une journée. Et c’est définitivement avec ce genre de format qu’est né le « binge-watching » : cette expression popularisée plusieurs années plus tard avec l’avènement de Netflix qui consiste à dévorer les épisodes l’un à la suite de l’autre. D’ailleurs, cela a ouvert une nouvelle avenue de revenus pour les studios avec l’achat ou la location des saisons complètes à regarder en rafale. Néanmoins, la production a atteint son sommet d’audience à la cinquième saison avec une moyenne de 13,8 millions de téléspectateurs.

De nos jours, l’univers télévisuel a bien changé avec l’arrivée de services OTT qui rendent d’un coup disponible des séries en entier. Cette clientèle ne regarde plus en direct et consomme généralement des productions beaucoup plus courtes. Ce n’est donc pas un hasard si 24 ; Live Another Day a été réduite à 12 épisodes au lieu de 24, comme son titre l’indique et que l’on a décidé d’appliquer la même formule avec 24 : Legacy en 2014. Pourtant, son mode de diffusion est le même, ce qui représente le talon d’Achille du spin-off. Certes, le scénario est toujours aussi haletant si l’on veut bien fermer les yeux sur quelques scènes hautement exagérées. Mais est-ce que la majorité du public cible de la série peut vraiment se contenter d’un épisode par semaine entrecoupé de moult pauses publicitaires? Sinon, attendre la sortie en DVD est tout simplement un anachronisme.  La résurrection de 24 aurait eu plus de sens sur Netflix ou Amazon, qu’à l’antenne de Fox.

Les chiffres sont là pour le prouver. Présenté tout de suite après le Superbowl, le pilote de 24 : Legacy a rassemblé un auditoire de 17,58 millions avec un taux de 6,1 chez les 18-49 ans ; ce qui est énorme. En même temps, il s’agit de la pire performance depuis 1975 d’une série présentée après le match le plus populaire de l’année. Il faut admettre qu’en raison de l’exceptionnelle prolongation qui a eu lieu, l’épisode n’a débuté qu’à 23 heures un dimanche soir. Reste que le lendemain, Fox diffusait déjà le second épisode qui cette fois n’a rassemblé qu’un auditoire de 6,23 millions (taux de 1,48) et la semaine suivante : 5,07 (taux de 1,2). Pour le moment, la moyenne est artificiellement gonflée par le pilote, mais si la chute continue, l’« héritage » 24 comme son titre l’indique pourrait être de courte durée.

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