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512ème semaine politique: le jour où Macron s'est fait piétiner par Le Pen et Hamon par Melenchon

Publié le 25 février 2017 par Juan

Où l'on parle de la résurrection imprévue de l'UDF, des deux seuls candidats se réclamant de gauche et de droite, de l'échec probable d'Emmanuel Macron face à marine Le Pen, et de la prison pour François Fillon. 

512ème semaine politique: le jour où Macron s'est fait piétiner par Le Pen et Hamon par Melenchon Le faux retour de l'union de la gauche
Il parait que la France est à droite. En tout cas plus à droite depuis quelques décennies. Il y aurait des sondages, sur des candidats parfois improbables, qui le prouvent. Ce débat est pourtant hors sol. Les deux seuls candidats d'importance qui se réclament de gauche ou de de droite, dans l'acceptation la plus traditionnelle de ces concepts, et dans la plupart de leurs interventions, s'appellent Hamon (gauche) et Fillon (droite). Mélenchon, Macron, Le Pen récusent désormais ces clivages. Il faudra vous y faire. Vrauche, Groite etc sont des concepts effacés.
A tort ou raison, ces candidats visent plus large: Mélenchon veut rallier la France "insoumise", Macron les "progressistes", Le Pen les "patriotes". Hamon et Fillon, bien au contraire, s'arriment à des concepts d'un autre temps, un temps où il était utile de se raccrocher à des clivages. Ils brandissent leurs étiquettes comme principal justificatif de leur proposition politique.
Les injonctions à l'union des gauches, un concept à géométrie variable en fonction du positionnement politique de chacun, se multiplient. Jeudi, le candidat EELV Yannick Jadot, 1% dans les sondages mais un gars loyal et issu de la mouvance centriste et Hulot-compatible de l'écologie politique, annonce son ralliement à Benoit Hamon. Il renonce à la présidentielle mais soumet son renoncement aux votes de militants désemparées par le démembrement de leur parti depuis 5 ans. EELV est un grand corps malade qui n'est pas encore passé chez le médecin.
Evoquons d'abord Mélenchon. Le candidat suit sa campagne.. Jeudi, il est enfin en prime time sur France 2, dans l'Emission Politique. Lui seul fait le spectacle, ses soutiens sont rarement invités sur les écrans radio-audiovisuels.Il déroule des idées, il explique chaque semaine en vidéo ses raisonnements, il n'invoque que très rarement la "gôche".  Son propos est ailleurs. Il a rassemblé des contributions suffisamment nombreuses pour en faire un programme publié depuis des mois et déjà un best-seller en librairie. Mélenchon veut rassembler celles et ceux qui n'en peuvent plus, mais qui ne pensent pas que la solution à leurs problèmes passe par la haine, la discrimination ni la répression. Sur chaque sujet, les propositions programmatiques sont sur la table, et depuis des mois, bien avant les primaires des uns et le spectacle des autres. Mélenchon a passé 5 heures et demi de son dimanche à faire détailler le coût et les conditions de mise en oeuvre de son programme. Un programme "pertinent et cohérent" explique l'ancien élu socialiste  Liêm Hoang-Ngoc. Citons, en vrac, le plan de relance de 273 milliards d’euros sur cinq ans (dont 100 sont consacrés à l’investissement et la transition énergétique)

512ème semaine politique: le jour où Macron s'est fait piétiner par Le Pen et Hamon par Melenchon

Credit: Fakir

Il parait que Mélenchon a des fans, des irréductibles qui le suivront partout, qui ont perdu toute raison (si tant est qu'ils en aient une un jour). Des supporteurs gaga de leur mentor, des victimes consentantes d'un culte archaïque de la personnalité dont l'évocation sert à dépeindre Mélenchon en nouveau/futur Fidel Castro de la gauche française.
Vraiment ?
Restons sérieux.
Il y a simplement et certainement beaucoup de gens franchement énervés par l'échec du quinquennat qui s'achèvent.
Comment Le Pen écrase Macron
512ème semaine politique: le jour où Macron s'est fait piétiner par Le Pen et Hamon par Melenchon Evoquons maintenant Le Pen. Quelques médias dits dominants s'acharnent toujours à rapprocher Le Pen de Mélenchon. C'est une attitude de salauds inquiets pour leur survie ou un réflexe oligarque pour effrayer l'électeur, ou encore le stress d'une fraction socialiste qui découvre trop tard ce qu'elle n'a pas fait pour l'union avant. Qu'importe.
Il suffit de lire le programme (144 propositions incohérentes entre elles dévoilées sur le tard) pour réaliser l'absurdité de ces critiques et combien Le Pen essaye de récupérer ici ou ailleurs pour ratisser large autour de son cœur programmatique d'exclusion: rétablissement du franc, référendum sur la peine de mort, suppression des allocations familiales aux familles d'enfants délinquants (coucou Sarko), suppression du droit du sol, durcissement des conditions d'accès à la nationalité française, alléger les cotisations sociales des entreprises (coucou Macron, coucou Fillon), défiscaliser les heures supplémentaires (coucou Valls, coucou Sarko), alléger la fiscalité sur les héritage (coucou Fillon), maintenir Fessenheim et développer la filière nucléaire (coucou Fillon) et, last but not least, "renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national" (coucou Fillon).

Marine Le Pen est une candidate d'extrême droite, l'héritière d'un passé et d'un passif qui n'a rien à envier au futur qu'elle nous promet.

La "normalisation" de l'héritière du FN n'est pas chose nouvelle. Qu'elle chipe des arguments comme le retour à la retraite à 60 ans ou la défense de la Sécurité sociale pour gauchiser son discours ne doit pas faire illusion. Il suffit de lire ses 144 propositions.
Les über-fans de la blonde présidente s'auto-qualifient de "patriotes" alors qu'ils sabrent l'héritage républicain, réécrivent l'Histoire, récupèrent des icônes que leurs aïeux pétainistes persécutaient, et trichent avec la morale. La France version Le Pen est blanche et chrétienne. A cause de Sarkozy (ministère de l'identité nationale, Eric Besson, Brice Hortefeux, les Auvergnats etc), la porosité avec la droite furibarde est désormais immense.
Le FN reste aussi le parti le plus condamné pour des affaires de simple crapulerie. Aller chercher des motifs de persécution politique dans une affaire édifiante d'emploi fictif à l'Assemblée européenne est une manœuvre facile. A défaut de gouverner, le FN est d'abord un entreprise de captation d'argent public.
La justice se bouge, enfin. Mauvaise nouvelle pour la candidate nationale-socialiste, héritière de Montretout. Sa cheffe de cabinet est mise en examen pour recel d’abus de confiance. Convoquée par la police pour une audition mercredi, Le Pen refuse de s'y rendre. Qu'avait-elle à y craindre ? A croire les sondages, les deux tiers du corps électoral policier la soutiennent.
La Racaille de France, tout est dit. Marine Le Pen s'exonère de la justice.
Le vrai retour du giscardisme
Face à Le Pen, les sondage nous promettent Macron. Le pauvre garçon sera "piétiné" promet une ancienne supportrice d'Alain Juppé. Elle a raison.
Macron rallierait les "progressistes". La "révolution" du candidat Macron prête à sourire. L'ancien banquier, dents blanches et costume sur-mesure, abuse de termes à l'opposé de son projet. La recomposition au centre est en marche, l'UDF se reforme.
Croyez-vous que l'on caricature ? Nullement.
Il y a d'abord François Bayrou. Le président d'un parti vidé de sa substance militante et politique, un parti au nom bizarre qui évoque les prémisses de la connexion internet, annonce solennellement son ralliement à Emmanuel Macron, chantre des sondages et de BFM-TV (cette chaîne d'information continue, par ailleurs leader des audiences de l'info TV en continue, consacre plus de temps d'antenne à l'ancien conseiller économique de François Hollande qu'à Fillon, Hamon, Mélenchon et Le Pen réunis.
Il y a ensuite le programme, qui se dévoile peu à peu. Vendredi, Macron en lâche enfin quelques éléments. Le suppositoire est moins gros qu'avec Fillon, l'amputation n'est que légère. La soumission au voisin d'Outre-Rhin est évidente, Macron ne la cache pas: Si nous n'avons pas une politique courageuse de réformes sur le plan structurel, les Allemands ne nous suivront pas" explique-t-il aux Echos. Quelle curieuse conception du rapport de forces.
Macron ne promet que la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, contre 600 000 par Fillon. Comme Fillon, Macron veut réduire l'impôt sur les sociétés de 33 à 25%. Comme Fillon, et avant lui Hollande, Macron court après la réduction des déficits. On croyait que la grande affaire économique du quinquennat Hollande, dont Macron fut l'un des inspirateurs puis l'un des acteurs était justement cela. On aurait donc échoué.
Comme Fillon, mais moins que Fillon. Macron réclame un plan d’économies sur la dépense publique. Contre les 100 milliards de Fillon, Macron préfère parler de 60 milliards d’euros à l’horizon 2022. Des économies dont il ne détaille évidemment pas comment il les obtiendra: 25 milliards sur l’Etat, 15 milliards sur l’Assurance maladie (quels seront les soins déremboursés ?), 10 sur l’indemnisation chômage (qui ne concerne qu'un chômeur sur deux pour 52% de son précédent revenu et plafonné à 2 ans d'indemnité seulement) et 10 au niveau des collectivités locales.
Macron reprend l'idée sarkozyste du printemps 2011, les "investissements d'avenir". On se souvient qu'il était rapporteur adjoint de la Commission Attali et ses 40 experts à l'époque. Pour compenser les coupes au quotidien sur la santé, l'indemnité chômage, ou les services publics, le jeune candidat promet "d'investir" quelque 30 milliards d'euros également répartis entre 
"Indubitablement, son projet et celui de François Fillon sont de même nature et selon moi vont dans le bon sens" Emmanuel Bouzou, économiste libéral.

Avec le ralliement de Bayrou, Macron reconstitue l'UDF. A droite comme sa droite,  mais moins à droite. 

512ème semaine politique: le jour où Macron s'est fait piétiner par Le Pen et Hamon par Melenchon

Credit

Pour 2017, Emmanuel Macron a choisi le positionnement politique de Valery Giscard d'Estaing en 1974. Rappelez vous les réformes Giscard, votées avec le soutien de la gauche, telles la majorité à 18 ans, la légalisation de l'IVG, ou la loi sur le divorce. Avec Macron, n'imaginez aucune révolution, ni réforme. Son programme économique, qui se dessine enfin à moins de 60 jours du premier tour de l'élection présidentielle, est digne d'un Raymond Barre des années 1980, mâtiné d'une soumission assez incroyable au ministère des finances allemand.
Ce n'est sale ni grave. Il suffirait juste de se l'avouer, et d'effacer enfin ce vernis publicitaire de la grande nouveauté. Macron est tel un iPhone 6 Plus. On y cherche encore les quelques gadgets qui témoignent d'une innovation.
"De ce jour date une ère nouvelle de la politique française, celle du rajeunissement, et du changement de la France." Valéry Giscard d'Estaing, premier discours présidentiel, 1974.
VGE a remporté l'élection présidentielle de 1974 contre une union de la gauche déjà forte, grâce à une droite effrayée par l'alternance "socialo-communiste" et l'absence d'une extrême droite xénophobe toujours discréditée par la Collaboration.
Quarante-cinq ans plus tard, la gauche politique est plus fracturée. Il n'y a pas d'union. Mais l'important n'est pas là: qui peut penser qu'Emmanuel Macron, désormais favori des sondages contre Marine Le Pen a une quelconque chance de l'emporter contre la candidate nationale-socialiste ? Qui peut penser que Macron rassemblera suffisamment d'une droite convertie à l'alliance frontiste aux rives de la France insoumise pour éviter la blonde nationale-socialiste en cas de second tour présidentiel?
Hillary Clinton a perdu de justesse, Macron se fera piétiner par la candidate d'extrême droite.
Non seulement l'extrême droite capte une large fraction de la colère populaire, mais Macron se révèle incapable de mobiliser droite et gauche contre Le Pen. Une trop large fraction de l'électorat fillonesque, idéologiquement labourée par une décennie sarkozyste décomplexée, se portera sur la candidate frontiste.
Fillon, en prison
La justice se bouge, enfin. Mauvaise nouvelle pour le candidat des riches. Le FillonGate fera l'objet d'une information judiciaire.  Le parquet national financier a annoncé, vendredi, l'ouverture d'une information judiciaire contre "une personne non dénommée", et pour des chefs d'accusation qui laissent pantois: "détournement de fonds publics", "abus de biens sociaux", "complicité et recel de ces délits", "trafic d’influence" et "manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique".
La vie reste belle en Sarkofrance.
La semaine prochaine, Fillon change son programme. Le nouveau Fillon ne promettra plus de limiter la sécurité sociale aux maladies graves et/ou de longue durée et aux plus pauvres, ni de privatiser le reste pour l'ensemble des classes moyennes. Le nouveau Fillon sera gentil, "ayez confiance". Il sera même dépensier et ses rivaux s'en amusent. Il aurait renoncé à augmenter la TVA. D'ailleurs, tout ceci n'était qu'une "caricature" des médias.
Il parait même qu'il voudra mieux rembourser les frais d'optique. 

Comme Emmanuel Macron.
Ami citoyen, réveille-toi.


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