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Et plus encore, Patrick Ness

Par Maliae

Et plus encore, Patrick NessRésumé : Un garçon se noie dans l'océan, désespéré et seul. Il meurt. Puis il se réveille, endolori, mais vivant. Comment est-ce possible ? Quel est cet endroit étrange, complètement désert, dans lequel il se trouve ? Se pourrait-il que ce ne soit pas la fin ? Seth cherche à comprendre ce qui lui arrive, démêlant le réel de l'irréel, pour trouver un sens à sa vie.

Avis : Il est très difficile de parler de ce livre sans spoiler quelques trucs, donc je vais essayer d'en dire le moins possible, mais je pense quand même que cette chronique contiendra des spoils, vous êtes prévenus.

Seth meurt et se réveille dans un autre monde, la mort n'est donc pas la fin? Il se réveille seul, en Angleterre, alors qu'il vit actuellement en Amérique, et il est persuadé d'être en Enfer. Au début on ne sait pas grand chose de Seth, et puis on en apprends un peu plus, quand il revit ses souvenirs. Certains vachement bons. Mais les bons, lui font mal, parce qu'ils ne sont plus là. Et il y a les très mauvais souvenirs.
Je n'ai pas aimé la mère de Seth, j'avais vraiment envie de lui faire manger une chaise. Le père a l'air plus sympa, mais il ne se mouille pas non plus pour son fils. On voit assez peu Owen, le petit frère, autour de qui, les choses tournent au début. Et surtout, j'ai détesté la réaction des gens, des ados ou même de la mère de Seth quand ils apprennent que Seth est gay. Sérieusement, j'ai du mal à imaginer, qu'encore à notre époque, on puisse faire subir ça à quelqu'un, juste parce qu'il ose aimer une personne du même sexe. Ça me répugne, ça me débecte, et ça m'agace.
On voit pas grand chose à dire vrai de ce qu'il subit, on sent surtout la douleur de Seth. Seth qui n'a plus envie de vivre, et qui ne sais pas quoi faire ici, dans ce nouveau monde, qui ne sait pas comment continuer.

Au début l'histoire peut paraître un peu " banal ". Bon, disons que, Seth se réveille dans un monde après sa mort, on se dit qu'il va y avoir un sens à tout ça, une quête. Peut-être qu'il est dans le coma et doit trouver un moyen d'en sortir, ou bien autre chose.
Sauf que c'est bien plus compliqué que ça. Oui il y a une quête, mais pas une quête pour se réveiller de quelque chose, mais plutôt une quête sur soi-même.
Qui sommes-nous? Et qu'est ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes? Et qu'est ce qui prouve d'ailleurs que nous existons bel et bien? Que notre monde est réel?
On retrouve beaucoup de la philosophie du doute dans ce roman, après tout, rien ne nous prouve que nous ne sommes pas juste des cerveaux dans des bocaux.
Seth se pose donc beaucoup de questions, et s'il y a des révélations, elles n'engagent à rien, parce que les réponses restent flous.

Il y a aussi, surtout, une grande évolution de la part de Seth. C'est un personnage dépressif et suicidaire, et on peut le comprendre vu toute la merde qu'il a pu vivre. Rencontrer Thomasz et Régine va le changer, le remettre en question (lui et le monde entier et tout ce qu'on croyait vrai ou établi). Mais il va devoir aller de l'avant, essayer de comprendre certaines choses, surtout sur lui même, et ce qu'il peut ressentir, ce qu'il a vécu. Voir les choses sous un nouvel angle, se rendre compte que sous toute la merde qu'on peut vivre, si on ouvre un peu plus grand les yeux, si on regarde autrement, certaines choses, certaines possibilités nous sont offertes.

J'ai aimé les personnages qu'il rencontre dans ce monde. Même si Régine a super mauvais caractère et que des fois ça en devient agaçant. C'est une fille sur la défensive, sans arrêt, mais ça la rend aussi attachante d'une certaine façon, parce qu'elle secoue Seth (et tant pis si elle ne prends pas de pincettes). Thomasz est un jeune garçon polonais, qui se débrouille comme il peut en anglais et qui a le don de toujours arriver au bon moment et de sauver la situation. Et je l'ai trouvé trop mignon, et sa façon d'aider Seth, de lui montrer qu'il n'est pas forcément responsable de tout le mal qu'il a vécu, de tout le mal qu'il a subit, et bien c'était super. Que, simplement, peut-être, il mérite d'être heureux.
Et Thomasz et Régine ont leur propres problèmes, propres difficultés, propres démons à combattre, et c'est ensemble, qu'ils peuvent ou non le faire.

Et c'est tout ça, et encore plus compliqué que ça. La fin m'a laissé pantoise, parce qu'elle ouvre trop de possibilités, et qu'on a ENVIE de savoir, on a envie qu'on nous donne la solution toute cru dans la bouche et on se sent lâché par l'auteur, abandonné. Je me suis sentie comme ça en tout cas. Je ne sais pas si j'adore ou je déteste cette fin à dire vrai. Elle est quand même un peu sadique hein...

Mais j'ai bien aimé ce livre, j'ai bien aimé l'évolution de Seth, son combat autant contre le monde que contre lui-même, les questionnements. Et puis même sans réponse, Régine et Thomasz restent quand même un peu ses anges gardiens, à mon avis.

Phrases post-itées :
" [...]mais il se rend compte que tout cela (et d'ailleurs quoi ?) ressemble tellement à un rêve que seule la logique du rêve peut valablement s'y appliquer. "

" Le besoin d'eau devient comme une créature vivante au-dedans de lui. " " "Mais il est possible, oui, possible de mourir avant de mourir ", se dit-il. " " "Je vais me faire tuer. Par un COCHON. EN ENFER. " " " Comme si, d'un coup, et pendant le plus bref instant, le fardeau s'était soulevé, comme si la gravité n'existait plus, comme s'il s'était finalement délesté de la lourde charge qu'il portait - " " Car on ne sent aucune pitié, chez lui. Absolument rien à quoi se raccrocher. Il pourrait vous tuer, comme a dit la fille, et il le ferait sans puisse le convaincre de ne pas le faire et sans qu'on sache jamais pourquoi on meurt. " " Il crache dans l'herbe, un goût amer dans la bouche. Il avait ouvert la porte à cet homme. Quoi qu'il arrive, pour le restant de cette vie, il aura toujours ouvert cette porte. "

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