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On y était : Carmen à l’Opéra Bastille

Publié le 14 mars 2017 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
On y était : Carmen à l’Opéra Bastille

CC0 Public Domain

Une représentation de Carmen est toujours un grand moment. C’est ce que nous voulions vivre hier soir à l’Opéra Bastille avec dans les rôles-titres Clémentine Margaine et Roberto Alagna.

A-t-on besoin de présenter Carmen ? D’après une nouvelle de Prosper Mérimée, c’est l’une des œuvres lyriques les plus jouées au monde. Carmen, femme libre, arrogante, fougueuse et pleine de vie a aujourd’hui atteint le niveau d’un mythe.

Pour l’incarner hier soir, après Marie-Nicole Lemieux dans une version concert au Théâtre des Champs-Elysées, c’était le tour de la française Clémentine Margaine. Ancienne du Conservatoire national de Paris, révélation ADAMI (2009) et aux Victoires de la musique classique (2011) elle a ensuite été formé dans la troupe du Deutsche Oper de Berlin. Elle chantera Carmen à Washington, Sydney, Toronto et Naples en plus de Paris. Avec elle sur scène l’immense Roberto Alagna dans un rôle qu’il connaît bien, celui de l’amant éconduit Don José qu’il a entre autres interprété avec Elīna Garanča à New York en 2015 (partenaire qu’il retrouvera pour une unique représentation à Paris le 16 juillet). Notons que c’est Aleksandra Kurzak (qu’on a beaucoup aimé en Maria Stuarda souvenez-vous) qui interprète le si beau rôle de Micaëla. A la mise en scène l’espagnol Calixto Bieito, célèbre metteur en scène mais qui provoque souvent la controverse et qui propose ici une Carmen très contemporaine. Enfin à la direction musicale le jeune  Giacomo Sagripanti (et pas Lionel Bringuier qui a annulé pour raisons personnelles) donc les projets impressionnent avec des représentations d’opéras à Munich, Seattle, Moscou, Oviedo… et une première participation au Festival de Glyndebourne l’été prochain.

Compte-rendu de soirée :

On commencera par dire qu’il y a un vrai parti pris. Mais malheureusement, certains éléments nous ont déplus. La direction musicale de Giacomo Sagripanti d’abord qui est rapide, franche, mais au risque parfois d’être un peu trop indépendante. Les chœurs de femmes sont un peu en dessous du niveau général tout comme une grande partie des rôles secondaires mais pour les hommes pas de faux pas, au contraire. La mise en scène de Calixto Bieito bien sûr est l’élément le plus clivant. Violente, érotique et qui nous séduit, loin de la célébration du mythe de Carmen au profit d’une démonstration de la bassesse des humains et de leurs instincts ici soulignés avec des bohémiens agressifs qui cognent et vont presque jusqu’au viol. On apprécie d’être secoué par les choix artistiques de nudité, sexe et coups qui permettent de renouveler la partition si célèbre

Côté voix, Roberto Tagliavini campe un Escamillo qui nous convainc moyennement. Par contre Aleksandra Kurzak est impeccable en Micaela. Roberto Alagna prouve encore une fois s’il était besoin, qu’une scène telle que celle de l’Opéra Bastille ne lui fait pas peur. Puissant, à l’aise, il est un Don José convaincant et vivant. Clémentine Margaine sans nous séduire entièrement, sait éclater quand il le faut dans le rôle de Carmen et démontre aussi de grands talents de jeu, totalement essentiels dans la mise en scène très moderne de Calixto Bieito.

Nous ne sommes pas totalement emballés par ce que nous avons vu hier. On retiendra un Roberto Alagna toujours éclatant, une mise en scène forte et dérangeante avec de vrais choix et un vrai propos mais certaines imprécisions artistiques et un ensemble qui ne prend pas forcément nous ont empêché de sortir de l’Opéra Bastille avec une opinion à 100% positive.

La dernière fois à l’Opéra Bastille ? Souvenez-vous.

 



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