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Remake / Remodel N°32

Publié le 16 mars 2017 par Novland

Et bien voilà, c'était autrefois, enfin autrefois, il y a 8-9 ans de ça, j'allais… J'allais fréquemment dans un café à la Motte Piquet Grenelle, et j'y restais beaucoup parce que, j'avais pas de téléphone chez moi et j'avais beaucoup de coups de fil à donner donc je quittais fréquemment ma table pour descendre au téléphone qui était au même endroit que les toilettes, alors il y avait les toilettes hommes, les toilettes femmes, lavabos, téléphone… J'avais disons chaque fois, oh… 6 ou 7 coups de fil à donner, ce qui impliquait que je descende deux fois plus, tantôt parce que c'était occupé, tantôt parce qu'il fallait remonter dire à la caissière qu'elle avait oublié de mettre la tonalité… Donc j'y descendais très très fréquemment… Ben c'était un café assez vide, y avait assez peu de monde qui venait avec de brusques afflux enfin j'y faisais pas attention et puis, peu à peu, j'ai cru observer une ironie des garçons quand ils me regardaient, une fois j'ai entendu très nettement : « et pourtant, il est jeune celui là, il est pas comme les autres », alors j'comprenais pas, et puis une autre fois, j'ai entendu très très nettement cette fois : « et tout ça, pour un trou » , alors je me suis dit, mais quel trou, qu'est ce qu'ils racontent ? Et puis j'ai tout de suite pensé : « trou dans les toilettes féminines », alors chu descendu dans les toilettes féminines, j'ai regardé s'il y avait un trou, et, y en avait pas… D'habitude, y en a toujours bouché avec du papier journal à hauteur du siège, mais, euh, enfin je me suis toujours dit que c'était ridicule, parce que pour qu'une femme se laisse regarder comme ça, fallait vraiment qu'elle le veuille, et là, y avait pas de trou… Alors j'en ai parlé à quelqu'un qui habitait avec moi, un garçon qu'était un, un pervers professionnel et qui explorait un petit peu tout ça, qui connaissait un petit peu tous les petits mystères des cafés de Paris… Oh, c'était un pervers magistral , il faisait profession de perversion, comme tous les vrais pervers, il avait un air maître d'école dans sa perversion, et il m'a dit : « mais oui mon cher, mais oui mon cher, il y a un trou, tu ne t'es pas trompé, tu n'as pas mal entendu, il y a un trou, mais ce trou est très mal placé quant à la position qu'il faut prendre pour le voir, et très bien placé quand à ce que tu vois, c'est un trou à ras du sol ». Alors, je dis : « mais comment faire pour voir si c'est à ras du sol, il faut s'allonger ? » Il m'a dit : « non, à ce point là, ce n'est pas nécessaire » et il m'a montré la position qu'il fallait prendre. Alors sur le tapis, près de son lit, il a pris la… Position de la prière musulmane, appuyé sur les avant-bras, le cul en l'air et regardant à ras le sol…

La joue collée au sol ?Oui, la joue collée au sol, et c'est ça qui m'embêtait parce que c'est une position que j'aime pas du tout, je prends jamais, et je lui dis m'enfin c'est pas faisable dans un lieu public de se tenir comme ça, et il m'a répondu : « et oui mon cher, oui mon cher, pas de plaisir sans peine, vas-y, choisi ». Alors, j'y suis allé et puis au moment où une femme descendait, effectivement je me suis mis dans cette position et alors là, y avait un trou, c'est vrai, enfin c'est à dire que la porte était rabotée en bas, rabotée à l'angle où ça ouvre, et puis ce qui m'a frappé c'était que c'était peint par dessus, c'est à dire, c'était pas un type avec une vrille qui avait fait ça, on avait l'impression que ça faisait partie de la conception de l'architecture même du café… Alors, j'ai regardé et puis l'angle était absolument direct… D'abord, j'ai regardé par curiosité puis une fois, deux fois, trois fois, puis… J'ai commencé à comprendre tout le jeu, y avait peu de monde dans le café avec de brusques afflux au moment où une femme descendait aux toilettes, puis tout d'un coup, j'ai vu, j'ai vu les types qui étaient au comptoir et j'ai compris pourquoi ils avaient dit : « et pourtant, il est jeune celui-là », c'était des types qui, qui étaient, enfin qui faisaient un peu, euh, un peu minables euh, avec une cravate, qui faisaient un peu minables incontestablement, qui avaient la sueur au front et qui trépignaient, et il y avait un brusque afflux au moment où une femme descendait, alors j'ai pris ma place dans cet afflux, y avait un code, ils descendaient l'escalier en tapant très fort des talons, ce qui voulait dire : « c'est mon tour », or je regardais par curiosité, d'abord parce que moi, hé ! J'étais pas comme ils disaient, j'étais mieux, j'ai commencé à y prendre drôlement goût et je faisais plus que ça, que ça… Et je passais plus 2 heures dans l'après-midi dans le café comme j'avais l'habitude de le faire, mais 5 heures…Et j'prenais un peu trop de place, j'voyais des regards rancuniers qui signifiaient : « mon cher, tu exagères ».J'ai pris l'habitude de voir des femmes que je connaissais pas du tout, du tout, du tout, et souvent même j'avais l'impression que je savais pas comment elles étaient faites parce que c'était soit de la cabine du téléphone, soit des toilettes masculines que j'guettais, et puis, j'voyais une silhouette vaguement et rien de plus, puis parfois l'les voyais puisque j'les avais déjà vues et puis elle descendaient, alors je les regardais par le trou et je les voyais par le sexe… Immédiatement par le sexe… Alors peu à peu, je me suis senti pris, j'commençais à voir qu'il y avait de sacrées différences entre les sexes que j'avais pas remarquées auparavant, par exemple, il m'arrivait de voir des sexes qui m'excitaient drôlement, alors je repérais les souliers, la forme, la couleur, puis à la sortie, j'voulais voir à qui il appartenait ce sexe, puis la femme était horrible, puis d'autres fois c'était tout le contraire enfin, j'ai pris deux cas extrêmes, mais, c'est à peu près ça… Et parfois quand elle sortait, ben je voulais voir à qui il appartenait ce sexe qui m'avait donné de l'horreur, qui m'avait donné envie de vomir, puis tout ceci à genoux en retenant mes cheveux pour pas qu'ils traînent dans la pisse qu'il y avait plus ou moins par terre en attendant le signal des talons qui descendaient, des hommes qui voulaient prendre leur place, puis j'voyais que c'était une très belle femme et que son sexe me déplaisait, et j'voyais tout de suite à quel point je me serais trompé si j'avais essayé de faire connaissance avec cette femme et là, brusquement, toutes les hiérarchies du corps se sont renversées… Ben, c'est à dire, pour reprendre une locution connue, on pourrait dire que le miroir de l'âme c'est le sexe, et puis ma foi bon si une femme a un beau sexe, les yeux, on peut quand même fermer les yeux là-dessus, même les jambes, c'est plus important que les yeux, on pourrait fermer les yeux là-dessus, c'est pas très grave… Et puis ça a continué comme ça, j'pensais plus qu'à ça, qu'à ça, qu'à ça… J'étais exactement comme tous ces types un peu minables qui venaient traîner et j'prenais mon tour et… Et j'pensais plus qu'à ça, qu'à ça, et quand par hasard dans le coin, j'avais l'occasion de connaître une fille que je fréquentais pas disons, ben j'l'emmenais boire un verre, j'essayais de lui faire boire de la bière, du thé, en ayant préparé mon j'ton, pour pouvoir aller la voir directement par le sexe, et ça m'excitait drôlement plus que de passer par les étapes.En même temps, l'histoire me tourmentait, j'essayais de la raconter à des femmes, mais ça leur plait pas du tout, aucune femme n'a écouté cette histoire, que quand je la racontais à un homme et qu'elle participait à l'écoute de l'homme, sinon, ça marchait pas, elle m'arrêtait tout de suite en me disant : « mais je veux pas en savoir plus, tu m'ennuies », elle me traitait un peu comme un frustré pensant : « tout ce travail pour un sexe alors qu'en principe on a des occasions », ben ça m'intéressait plus ces occasions, et justement, une fille habitait chez moi, chez l'type qui m'avait donné le tuyau en disant : « pas de plaisir sans peine », et je la touchais plus, ça m'intéressait absolument pas…Son sexe était littéralement devenu un sexe… Domestique… Et pourtant, j'aurais pu le voir, longtemps et sans aucun travail, mais je préférais cette visée directe sur le sexe… Et alors, toutes les hiérarchies du corps étaient complètement bouleversées, j'ai réalisé que depuis, fff, chais pas euh, 4000 ans peut-être, on avait été complètement couillonnés, qu'on avait essayé de nous faire croire que le désir d'un homme ça dépendait de la beauté de la femme et je me suis aperçu que c'était complètement faux, que cette beauté c'était quoi, les yeux de gazelle, la bouche de chais pas quoi, la silhouette…Mais que c'était complètement faux, complètement faux, que c'était le sexe et que le reste ne comptait pas.J'me rappelle qu'une fois, y avait une fille dans ce café, qu'elle était venue s'asseoir, c'était euh, enfin un mannequin ou cover girl, enfin une fille heu, objet de luxe, superbe, le sachant. Elle avait un grand carton à photos et souvent, on était seul pratiquement face à face et j'essayais de capter un p'tit peu son regard enfin, pas de la draguer, mais simplement de capter un p'tit peu son regard et elle me regardait pas, elle me regardait pas avec ostentation, elle aurait pu le faire comme le mec qu'était en face, j'en d'mandais pas plus, elle avait son air hautain et… Je me suis juré de la voir celle-là, de la voir… Enfin, j'veux dire… De la regarder et justement ça tombait bien, parce qu'elle buvait pas mal de bière puis quand elle buvait pas de la bière, elle buvait du thé et un jour elle est descendue alors j'ai foncé et j'ai nettement remarqué que ç'était moi qui passais et pas les autres… Et puis… J'ai regardé… Et comme je l'espérais un peu parce que, elle m'énervait… Ben elle avait un sexe horrible… Un sexe qui me dégoûtait, qui me dégoûtait complètement et elle est restée longtemps aux toilettes, elle était… Elle était constipée et j'assistais à tout ça et c'était honteux, c'était honteux parce que, je savais pas si c'était pour moi où si c'était pour elle, mais vraiment, c'était honteux qu'elle soit constipée comme ça… Entre parenthèses, j'ai eu l'impression à l'époque que beaucoup de femmes étaient constipées, oui oui oui, j'ai découvert comme ça une des petites caractéristiques de la différence des sexes, les femmes sont souvent constipées… Alors, j'ai regardé, j'ai vu, j'ai vu et puis, j'étais dégoûté et je me suis relevé tremblant au moment où elle se levait, elle est sortie et j'ai voulu lui indiquer quelque chose alors chuis resté près d'elle, près des toilettes, elle m'a regardé d'un air un peu dédaigneux du genre : « encore un qui… Avec le succès que j'ai », mais je la regardais fixement, tellement fixement qu'elle m'a quand même regardé d'un air un peu inquiet, alors j'ai regardé le bas de la porte puis elle a compris tout de suite et pourtant, c'était pas facile parce que ce trou… Enfin, c'était pas vraiment un trou, c'était un truc raboté dans le bas de la porte… À ce moment-là, elle est partie, affolée, affolée presque en courant, elle avait compris ce que j'avais fait… Que je l'avait forcée à être regardée, et puis j'l'ai plus jamais revue dans le café, plus jamais, oh moi j'aurais bien pu faire n'importe quoi, tenter de la violer, elle l'aurait mieux pris, c'était parmi les avatars d'être une jolie fille, mais ça, elle a pas supporté.Alors, j'ai continué comme ça un certain temps, puis j'ai senti que je devenais complètement fou, qu'y avait plus que ça qui m'intéressait, alors j'ai arrêté… J'ai arrêté parce que j'ai l'impression que finalement, tout ne pouvait être vu que par la perspective de ce trou, ce trou bizarre qui n'avait pas été fait par quelqu'un enfin, un pervers quelconque qui avait fait un trou… J'ai l'impression que d'abord, y avait eu l'trou, qu'on a construit le trou d'abord, et la porte au dessus, puis qu'on a construit le café et que dans ce café, y avait une caissière, trois garçons enfin, deux flippers, des clients, des choucroutes, des assiettes froides, toutes les consommations servies habituellement, mais, bon y avait tout ça, mais, que ça ne fonctionnait que pour le trou, que pour le trou, et que tout le reste c'était de la frime, c'était de la frime… Faire semblant de gagner de l'argent, faire semblant de travailler, faire semblant d'en faire dépenser aux autres ou d'ailleurs en faire dépenser pour de bon en gagner, mais que tout ça, c'était pour le trou… Alors, cette perspective des choses m'a semblé tellement inquiétante que, je me suis dit, y a pas d'issue, je vais devenir comme tous les types qui ont la sueur au front, une cravate, qui n'arrivent pas à cacher le fait que… Sont un peu des clochards, enfin des gens qu'on défini comme des ratés d'habitude, alors j'ai quitté tout ça puis je me suis replié vers la normalité. J'y suis retourné quand même quelque temps après et il était entouré de palissades, ça ressemblait à une… C'était comme, comme la mort d'un théâtre porno. J'ai l'impression que… qu’après que je sois passé par là, on avait fermé ce lieu comme étant contraire à la, à la loi, ou à la morale.



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