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Alternance

Publié le 18 mars 2017 par Le Journal De Personne

Aurons-nous encore droit à la même alternance ?
- oui
- Laquelle ?
- La même !
Le même mouvement pendulaire entre désir et ennui.
Et ce n'est pas moi, c'est le saint père qui le dit, Arthur Schopenhauer...
Que je vais tenter de décliner en langage vulgaire... il paraît que c'est le process pour être access... accessible aux nuls qui n'ont ni assez de recul, ni assez d'adresse.
J'ai dit alternance entre désir et l'ennui... ce qui peut être traduit par l'expression : "c'est la vie".
On en chie, c'est le désir.
Ou on se fait chier et c'est l'ennui.
Et comme on est habitué aux cumuls des mandats...
On peut se le dire maintenant : il n'y a pas plus chiant que cette chienne de vie ; ou plus poliment, cette vie de chien qui fait chier ou se fait chier.
Plus joliment : on passe notre temps à assouvir nos désirs et lorsqu'ils sont assouvis, on s'ennuie.
C'est ce qu'on appelle une vision pessimiste.
Mais à y regarder de plus près, elle est plutôt optimiste...
Parce que l'alternance la plus fréquente parmi les gens qu'on fréquente est une alternance entre désirs inassouvis et ennui.
La course est continue... entre les ennuis et l'ennui !
Avec le désir, on a que très rarement l'occasion d'aboutir.
La voiture que tu obtiens est rarement celle que tu désires obtenir.
La femme que tu désires séduire n'est pas celle que tu as réussi à séduire. Le métier que tu désires exercer n'a aucune commune mesure avec celui que tu exerces... ou alors tu délires pour ne pas en souffrir.

Le plus redoutable, ce n'est pas l'ennui, qui est devenu un luxe, mais l'inassouvissement de nos désirs. Conduite d'échec ou échec de toute conduite...
La difficulté est pour chacun, de se réaliser. L'effort ne suffit pas. La volonté non plus. L'obstination encore moins.
Nos vies sont de plus en plus inabouties, de moins en moins réussies.
Ce sentiment d'échec est largement partagé... par nous autres damnés que le système cosmique ou comique a condamné.

Nous avons convenu qu'il fallait gagner la partie, mais personne ne nous a jamais prévenu qu'elle n'était pas gagnable, parce que minable et interminable... et qu'on n'a pas fini de se battre pour une cause irréalisable.
Non, me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne songe nullement au mot de l'ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité !
Non, je vais encore plus loin, je descends encore plus bas, d'un cran ou de deux. Je dis : vanité de la vérité, de toute vérité.
En effet, à quoi ça nous sert d'apprendre que nous n'avons rien entre les mains, que nous nous faisons sans cesse avoir et que nous n'avons pas fini de nous faire avoir. Même la déception n'arrive plus à nous décevoir.
En vérité : tout nous ennuie, excepté peut-être l'ennui.

Où est la sortie ? se demande le saint père Schopenhauer qui sait ce que c'est qu'une galère et des galériens.
Y a-t-il seulement une sortie ? Une ouverture même si elle n'ouvre sur rien ?
Oui il y a bien une sortie répond le saint père...
Et vous la verrez à chaque fois que vous écouterez un Puccini, à chaque fois que vous tomberez sur le tableau d'un Modigliani, à chaque fois que le sublime fera irruption dans votre vie de merde.
Ça ne dure pas très longtemps mais ça vaut tous les déplacements.


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