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Ce que le choix de Ducasse révèle du double discours de l’UMP en matière de patriotisme

Publié le 25 juin 2008 par Lozsoc
Ce que le choix de Ducasse révèle du double discours de l’UMP en matière de patriotismeUn chef de la gastronomie française nous quitte et tout est dépeuplé. Alain Ducasse, qui résidait depuis des années à Monaco, a choisi de devenir un très fidèle, très dévoué, très respectueux et très loyal Sujet de Sa Majesté Son Altesse Royale le Prince Albert II de Monaco. Uniquement par amour de la famille Grimaldi bien sûr !

Conformément à la Convention de Strasbourg du 6 mai 1963 signée dans le cadre du Conseil de l’Europe (à ne pas confondre avec l’Union européenne), il a été institué un mécanisme de perte automatique de la nationalité d’origine en cas d’acquisition volontaire de la nationalité d’un autre Etat contractant.

La Principauté de Monaco et la France sont membres du Conseil de l’Europe. En devenant monégasque, Ducasse savait donc qu’il perdrait sa nationalité d’origine.

Pour les pizzaïolos de l’Union des Menteurs Professionnels (UMP), il n’en fallait pas davantage pour revenir sur leurs obsessions fiscales quelques mois après avoir voté le paquet fiscal qui a largement contribué à vider les caisses de l’Etat et à remplir encore plus celles des citoyens les plus fortunés.

Le député UMP Jérôme Chartier a ainsi lancé ce cri du cœur : « Alain Ducasse a donné le signal, assez d’idéologie! » C’est donc au nom de la lutte contre l’idéologie (mon Dieu laquelle ?) que Chartier propose une mesure idéologiquement ultra libérale : supprimer l’impôt sur la fortune (qui a d’ailleurs été sensiblement raboté avec le paquet fiscal).

La sénatrice UMP Catherine Dumas a déclaré pour sa part que « la France est une nouvelle fois victime de sa fiscalité excessive. Après nos artistes, nos sportifs et nos grands chefs d’entreprises, l’ISF s’attaque désormais à nos artisans de renom et de talent ».

Ce que le choix de Ducasse révèle du double discours de l’UMP en matière de patriotisme

Le député UMP Hervé Mariton – celui qui parle plus vite qu’il ne réfléchit – a émis ce jugement : « si nos dispositifs (fiscaux) étaient aussi excessifs que les socialistes l’ont dit, Ducasse ne serait pas parti. Si Ducasse est parti, c’est que les socialistes n’avaient pas raison » (les linguistes du Politburo de Lozère Socialiste n’ont pas encore compris le sens de cette phrase mais ne désespèrent pas d’y parvenir un jour).

A entendre ces pleureuses (qui ont fait mourir de rire tous les membres du Politburo), il faudrait donc plaindre, sinon presque faire le deuil coupable de toutes ces personnes pétées de fric (si pétées de fric d’ailleurs qu’elles n’ont souvent matériellement pas le temps de dépenser en 24h00 ce qu’elles gagnent en une journée) qui font le choix de quitter le pays et, parfois, de prendre une autre nationalité. Imaginons en effet leur calvaire : en France, elles doivent payer au maximum 50% d’impôts sur ce qu’elles gagnent. Il leur reste donc au moins 50%, donc un patrimoine suffisamment confortable pour vivre sans le moindre souci. C’est intolérable. Que fait l’ONU ?

Ce que le choix de Ducasse révèle du double discours de l’UMP en matière de patriotismeLa fuite des talents… Vaste problème en effet… Si le Leader Minimo a su convaincre Johnny Halliday de renoncer successivement à Monaco, à la Belgique et à la Suisse, il n’a pu en revanche récupérer Alain Delon (mais Alain Delon est irrécupérable car bien entendu Alain Delon n’est récupérable que par Alain Delon) qui, dans l’indifférence générale, est devenu Suisse en 1999 Ce que le choix de Ducasse révèle du double discours de l’UMP en matière de patriotisme. Oui, vous avez bien lu, Alain Delon, l’idole des ménagères, dont le grand Luchino Visconti fut le pygmalion, est devenu Suisse par filiation fiscale. Rappelons d’ailleurs pour la petite histoire (mais alors la petite…) – et parce que c’est comique –, qu’Alain Delon fut le premier « people » à trouver Jean-Marie Le Pen à son goût.

Finalement, « l’affaire Ducasse » révèle la conception que se fait la droite de la nationalité et du patriotisme dont pourtant elle n’a de cesse de nous rabattre les oreilles, notamment chaque fois qu’il s’agit de causer d’immigration. Une simple question de fric. Or, comme le fric est depuis toujours de toutes les patries, qu’en tant que carburant des échanges économiques, il ne connaît pas les frontières, on ne sera pas étonné que pour les gens qui ont énormément d’argent, l’intérêt économique et l’intérêt du pays ne coïncident pas nécessairement. D’ailleurs, il en va des personnes physiques comme des personnes morales. Comment ne pas rappeler ici les propos du sinistre Lefebvre concernant l’éventuelle délocalisation du siège de Total en cas d’instauration d’une taxe sur les bénéfices réalisés par l’industrie pétrolière ?

Par conséquent, le discours de la droite au sujet de l’amour de la patrie a toujours été extrêmement suspect parce qu’il est essentiellement fondé sur l’hypocrisie et le double discours. En effet, au lieu de s’interroger par exemple sur ce que peut représenter le sentiment patriotique aujourd’hui, sur ce qui peut amener un individu à être sincèrement attaché à la France et à le manifester simplement et sobrement, ou encore sur ce qui peut amener une personne à venir d’un pays lointain pour s’installer en France avec sa famille et y reconstruire sa vie, eh bien vous avez des Dumas, des Chartier, ou encore des Mariton (c’est-à-dire toute la clique des pizzaïolos de l’UMP) qui parlent à la place de pognon, de pression fiscale excessive, d’exil, de fuite des « cerveaux », de fuite des «entrepreneurs», des « talents », dans le but de justifier a posteriori la fraude fiscale !

Comme si depuis les émigrés de Coblence, on ne savait pas que l’exil était un vieux réflexe des gens de droite pour sauvegarder leur patrimoine contre les intérêts de la patrie !

La Nation, l’amour du sol, ce sol qui confère la citoyenneté politique à l’individu, c’est de la poésie bonne pour les bourrins ça… C’est cette vulgate qui constituait le bréviaire de ceux qui crevaient sous la mitraille, en première ligne, pendant qu’à l’arrière, bien à l’abri, des crevures telles que Déroulède et consorts vomissaient le nationalisme, ce rideau de fumée qui a utilement fait diversion et permis aux marchands d’armes, aux industriels du charbon et de l’acier, aux industriels du textile (les ancêtres des gros bonnets du MEDEF), de réaliser leurs bonnes petites affaires.

Devant les caméras, on voit cette droite se répandre de manière obscène dans de laborieuses leçons d’instruction civique parce qu’elle est hélas parvenue à préempter le discours sur la Nation. On rappellera d’ailleurs que Nicolas Sarkozy avait même repris à son compte, durant la campagne présidentielle, le slogan frontiste, remis également au goût du jour par le fascistoïde Mouvement pour la France : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes ».

Ce slogan est bien entendu à l’usage exclusif des pauvres, car, à l’égard des riches, la plus grande des sollicitudes est toujours de mise lorsqu’ils choisissent de la quitter pour pouvoir frauder en toute légalité… De toute façon, fraus omnia corrumpit (la fraude corrompt tout).

Les députés Chartier et Mariton et la sénatrice Dumas ne disent pas autre chose. Pour eux, les riches sont les éternelles victimes de l’injustice alors que les pauvres ne sont que d’habituels geignards.

Si le PC était le parti de l’est, l’UMP, elle, apparaît clairement comme le parti de ceux qui ont leur coeur en France, à la condition bien sûr d’avoir le portefeuille en Suisse ou à Monaco.


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