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La dépression et moi (Divers)

Publié le 24 mars 2017 par Bigreblog

Bonjour mes Nautes adorés.

Dans l’article qui est toujours présent en tête de liste sur le blog, je vous demandais si les articles de vie vous intéressaient. Quelques uns ont répondu que oui et ça tombe bien, car j’ai un grand besoin de coucher mes pensées sur papier, même virtuel, et que pour une fois, j’ai envie que quelqu’un lise ce que j’ai à dire.

Non pas parce que mon message a une portée internationale, mais plutôt parce que je sais que je ne suis pas la seule dans le même cas et que ça fera du bien à mes frères et soeurs de dépression de savoir que je suis de tout coeur avec eux en pensée…

There we go…

J’ai 25 ans. Il y a huit ans, j’ai été diagnostiquée dépressive. A l’époque, une dépression, c’était déjà bien. « Tu vas prendre des médicaments, ma chérie, et après tout ira bien pour le restant de tes jours. » Mais c’est faux. Une fois que votre âme a été touchée par un mal-être dévorant et souvent plus que destructeur, elle y retourne, telle une machiste en manque, de manière régulière.

J’ai fait une très grosse dépression à 17 ans. Elle a duré environ un an. J’en ai fait une autre à 23 ans. Qui a duré quelques mois.

J’en fais une « petite » à peu près toutes les semaines.

Quelle est la différence, allez-vous me demander. Eh bien, je trace une ligne lorsque j’ai des envies de suicide et lorsque je suis assez forte pour les contrebalancer. A 17 ans j’ai tenté de mettre fin à mes jours. A 23 ans aussi. Et toutes les semaines j’y pense mais ne fais rien. « Petite » dépression indeed.

J’étais sous médication il y a huit ans. Ma grand-mère, autre grande dépressive chronique, est sous antidépresseurs depuis quarante ans. La différence entre nous c’est que j’ai vite compris que ces médocs me rendaient plus malade encore au lieu de me « soigner ». Comment soigner un mal-être finalement? Comment soigner quelque chose qui est ancré au plus profond de soi, et surtout, qui est provoqué par le monde qui nous entoure?

Si le monde ne change pas, notre dépression ne changera pas non plus. On peut se sentir en « rémission », se sentir mieux, mais c’est uniquement parce que, pour quelques heures, jours ou semaines, on arrive à ignorer cette boule dans notre ventre, qui dévore les moments heureux comme un Détraqueur.

Pourquoi suis-je dépressive, telle est la question. Je n’ai pas de quoi me plaindre, si?

Eh bien si, j’ai de quoi me plaindre, même si je ne le fais pas, par pudeur sans doute, et sans doute aussi pour ne pas inquiéter ceux qui m’entourent. Mais quelle bêtise de se taire ainsi. Tout le monde vous croit invincible alors que dès que vous fermez les yeux, vous avez envie de vous rouler en boule et de pleurer…

J’avais des rêves, quand j’étais enfant. J’en avais aussi quand j’étais adolescente. Mais les aléas de la vie, la connerie des autres et la mienne aussi, ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

L’abandon de mes grands-parents maternels, qui ont décidé de renier ma famille et de tirer un trait sur la chair de leur chair, lorsque j’avais dix ans.

Le décès de mon grand-père paternel qui a sonné le départ d’une séparation familiale aujourd’hui presque pleinement consommée, lorsque j’avais onze ans.

Cette grand-mère paternelle que j’aime d’amour mais qui a tout fait pour que ses six enfants et douze petits-enfants s’entredéchirent, tout au long de ma vie.

Ce frère qui, malgré l’amour que je lui porte, ne me voit que comme une colocataire et pas comme un membre de sa famille.

Ces parents qui, malgré ce qu’ils peuvent dire, ne me voient désormais que comme une nuisance qui squatte la maison et qui est inutile à la société, une assistée. Ces parents qui pensent que rien ne m’inquiète parce que je ne parle pas, qui pensent que leurs propres problèmes ne m’atteignent pas parce que je n’en parle pas…

Il arrive un moment dans ma vie où je me demande ce que les autres pensent de moi. Ce qu’ils voient quand ils me regardent. Voient-ils une jeune femme épanouie, souriante, drôle; ou voient-ils une jeune femme au chômage, qui a abandonné ses rêves et la vie dont elle rêvait pour l’amour d’une famille qui ne lui rend strictement rien?

Je suis fatiguée de tout cela. Fatiguée d’être malheureuse à tout bout de champ. Fatiguée de ne pas savoir dormir parce que cette boule me rappelle sans cesse que je ne vis pas chez moi et que demain ne sera pas un autre jour mais une répétition des jours précédents. Fatiguée d’avoir des rêves et de ne pouvoir les réaliser par pudeur et par amour pour ces parents qui aujourd’hui me désertent.

Fatiguée que personne ne voie ma fatigue. Fatiguée. Fatiguée.

Alors j’écris. J’écris sur ce blog, prétendant que tout va bien dans le meilleur des mondes, blaguant parce que ça fait du bien de blaguer, même si la seconde d’après on est triste.

J’écris parce que je n’ai jamais su exprimer mes sentiments à voix haute. Parce que je vis dans une famille où seule une personne exprime les siens et à telle outrance que ça en devient lassant. Alors on se tait. On se tait et on souffre, et personne ne le voit.

Parfois je m’isole dans ma chambre, avec de la musique, et une boite de mouchoirs. Je ne pense pas à grand-chose si ce n’est à mes larmes; et même alors, quand on remarque mon absence dans la vie familiale, c’est en hurlant que l’on vient voir pourquoi je « fais ma drama queen ».

Une bonne fois pour toutes, les gens: les dépressifs ne jouent pas la comédie. Ils ne vont pas bien. En permanence. Et s’ils n’en parlent pas, cela ne veut pas dire qu’ils vont bien. S’ils n’en parlent pas, c’est aussi pour ne pas vous embêter avec leurs problèmes.

Mais s’ils ne vont pas bien, c’est aussi et surtout parce que VOUS ne voyez pas qu’ils ne vont pas bien.

Un dépressif, finalement, c’est un empathique qui s’occupe tellement des autres que personne ne s’occupe de lui.

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Mais sinon je vais bien.



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