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Pas de démocratie sans démagogie !

Publié le 25 mars 2017 par Le Journal De Personne
Pas de démocratie sans démagogie. Pas de démagogie sans démocratie.

Les deux se nourrissent de la multitude qu'elles chérissent ou pourrissent.

Des chaînes et des libertés qui s'enchainent !

On rapproche souvent à tort mais pas toujours à travers, la démocratie et la démagogie.

On se raccroche à l'idée selon laquelle, la démagogie ne serait qu'une forme dégradée de la démocratie. Parce que si l'une favorise l'émancipation des citoyens, l'autre les instrumentalise à son profit.

Ce qu'on reproche à la démagogie, in fine, c'est qu'elle abuse de la démocratie.

Mais leur trait d'union ne manque pas d'ironie :

Trop de démocratie tue la démocratie... c'est ce qui fait le lit de la démagogie.

Pour ne pas les confondre, on va s'entendre pour dire qu'il y a démocratie quand on laisse au peuple le droit de faire entendre sa voix ; et démagogie quand on prétend l'entendre mieux qu'il ne l'entend.

Entre les deux, force est de constater que la ligne de démarcation n'est pas évidente. Ni la confusion surprenante.

Quelque part, les deux nous mentent.

Examinons la plus décriée des deux pour dénouer ce nœud... de vipères.

Qu'est-ce que la démagogie ?

Sans langue de bois, c'est l'arme utilisée pour se hisser au pouvoir sur l'échine courbée du peuple.

Arme utilisée par qui ?

Par les démagogues.

Et qu'est-ce qu'un démagogue ?

C'est quelqu'un qui parle, agit ou réfléchit au nom du peuple.

Son lieu-tenant ou son substitut proclame : Moi, le peuple... je vous affirme haut et fort : que le peuple c'est Moi...

Et c'est cette substitution qui pose problème et qui finit par une usurpation ou une confiscation du pouvoir.

Ce n'est plus l'agneau de Dieu qu'on mène au crépuscule à l'abattoir mais le peuple... qui tout compte fait, se laisse faire... parce qu'il a eu le malheur de croire au pouvoir d'un meneur, d'un sauveur, d'un fossoyeur.

Son ciel s'est toujours assombri à chaque fois qu'il a cru en un homme providentiel.

Tout le génie du démagogue est dans l'art de transformer le Roi en laquais en persuadant le laquais de sa royauté. En le flattant.

La flatterie est un palier pour tout démagogue, pour endormir les vivants et réveiller les morts.

Vous l'avez sans doute remarqué, mais la plupart de nos candidats à la présidentielle se proclament Gaullistes... encore plus royalistes que le peuple Roi.

N'oublions jamais que ce qui est populaire, ou rend populiste ne sert pas mais dessert le peuple qu'il prétend servir.

C'est l'œuvre de nos démagogues éléphants qui trompent leur monde énormément.

Mais ce n'est pas la flatterie seulement qu'il faut mettre au pilori mais toute la condition humaine, qui aime être flattée, rehaussée ou exaltée.

Le démagogue le sait et ne fait rien d'autre que caresser cette vanité dans le sens qui lui plaît, car il est aussi pédagogue : il fait avec le peuple ce qu'il fait avec les enfants... il les conduit à l'école pour leur faire la leçon.

Le démagogue sait tout ce qu'il faut savoir pour avoir le pouvoir.

Il sait que ce n'est pas une question de savoir (logos) ni de science (épistémé) mais de Foi (pistis) donc de confiance.

C'est tout ce qu'il cherche en première instance : gagner votre confiance.

Et pour que vous croyiez en lui, il s'efforce de vous faire croire en vous. Parce que si vous retrouvez votre confiance en vous, c'est à lui que vous le devrez, c'est à lui que vous devriez rendre grâce.

Tour de passe-passe :

Vous êtes vous parce que c'est lui qui vous loue et vous vend à vous.

Le démagogue ne s'arrête pas à mi-route. Il va encore plus loin pour s'assurer de votre déroute.

Il a réalisé en mettant son pied à l'étrier que la raison n'est pas intéressante, qu'elle est sans intérêt comme 1+1=2, sans défaut, ni excès... mais qu'en revanche la passion intéresse tout le monde... pas les arguments mais la sueur et le sang... les dysfonctionnements.

On l'a vu et revu, ce n'est pas le programme Fillon qui attire l'attention et attise les passions, mais son drame, même s'il est privé de sens.

Les démagogues de tous bords l'ont compris : il n'y a que nos déchets qui soient humains, trop humains ! Nos rejets plutôt que nos projets.

À chacun selon ses affections ou à chacun selon ses infections, c'est selon.

Le démagogue devient au fur et à mesure psychologue non pour soulager nos pathologies mais pour les provoquer.

La cerise sur le gâteau, ce sont ces démagogues qui s'affichent comme les meilleurs pâtissiers, ces empoisonneurs qui disent disposer des meilleures crèmes pâtissières.

Leur diagnostic et leur prescription ne sont en vérité qu'une médication imaginaire à une maladie réelle : la misère, la précarité et l'indignité.

Pour les enrayer, il faudrait nous rayer nous-mêmes.

Et c'est ce que nous faisons en votant pour eux !

Alors comment faire pour ne pas se laisser faire ?

Comment distinguer le bon grain de l'ivraie ?

Comment faire la différence entre un démocrate et un démagogue ?

C'est plutôt simple : il n'y en a pas.

Le démocrate est un démagogue qui vous échappe encore.

Le démagogue est un démocrate pris en flagrant délit de fuite ou de déni.

Je me permets de citer Proudhon qui n'est dupe ni de l'un, ni de l'autre :

"La réaction cherche à faire reculer le char... le juste milieu s'efforce de l'enrayer, la démagogie veut accélérer le mouvement".

Lequel est Fillon ? Lequel est Macron ? Lequel est Marine ?

Personne

 


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