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Pas à Pas - à l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau, la chronique silencieuse

Publié le 27 mars 2017 par 7bd @7BD
Couverture de Pas à Pas - A l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau chez Des ronds dans l'O
Titre: Pas à Pas - à l'écoute du Silence Auteurs : Tanguy Dohollau (scénario et dessin) Editeur : Des ronds dans l'O Année : 2017 Pages : 100 Résumé : Pierre Ubik travaille comme auteur de BD de science-fiction. Il part s'installer en province, loin du rythme de la capitale, pour avancer sur un nouveau projet. Pierre fait alors une rencontre. Une rencontre qui va petit à petit influencer le cours de ses émotions, de sa sensibilité, de son regard, bref, de sa vie. Il va en effet croiser la route de Lucie, une femme qui voit le monde différemment, puisqu'elle est aveugle... Mon avis : Il m'est difficile de vous faire un simple compte-rendu de mes émotions au sortir de la lecture de cette BD. Mais je vais faire de mon mieux pour partager avec vous mon ressenti. Tout d'abord, évacuons mes inquiétudes. Au départ, après la rencontre entre les deux protagonistes de cette histoire, Pierre et Lucie, donc, j'ai eu peur que la cécité de Lucie n'entraîne les personnages dans une salve de dialogues intellectuels sur le cinéma de Tarkovski, la peinture Chinoise de Chu Ta et que ce récit n'aille pas plus loin que cela. Mais en fait, Tanguy Dohollau a bien dirigé son embarcation. Alors que je craignais de m'enliser dans cette dérive basé sur le dialogue, L'auteur tire tout doucement le gouvernail et petit à petit, pas à pas, Je suis entré dans une autre histoire. L'histoire de cette rencontre, qui démarre par les mots, seul moyen de communication que Pierre estime sans doute capable d'ouvrir la barrière qui le sépare de Lucie et qui évolue vers quelque chose de plus subtil, de plus sensible, grâce à Lucie. Elle amène Pierre non pas dans son monde aveugle mais vers une autre manière de ressentir les choses. Et Pierre se laisse doucement embarquer, comme moi à la lecture. Rien de flagrant, tout se construit petit à petit, autant au hasard prémédité des rencontres, que dans les dessins qui fleurissent sur les pages.
L'art de Tanguy Dohollau consiste à tracer doucement, l'air de rien, l'impalpable. Une joue, un peu de sourire, une feuille, la mer et la vie ressort dans chaque détail que l'auteur nous montre au détour d'une case. Si cette relation se crée autour d'échanges sur la vie de Chu Ta, peintre de la Chine ancienne, Tanguy Dohollau nous ramène cet artiste à la vie et réussit, habilement, à effacer les frontières entre l'instant présent et l'instant passé, et surtout entre la réalité et le rêve. Sur les pas de Lucie, par les yeux de Pierre et la plume de Tanguy, nous ouvrons notre champ de perceptions. Si Chu Ta laisse des traces sur la papier, auxquelles son pinceau va donner des formes si vivantes, Tanguy Dohollau trace des traits. Des traits fins qui s'assemblent pour former visage, corps, sable, pot. Des traits qu'il sait étirer vers la forme, la tâche, pour arriver à changer discrètement l'ambiance et nous rendre magiques certains passages, comme cette marche sous l'arbre, où le trait devient point, feuille. Ce voyage graphique s'adapte tout à fait au récit, voyage initiatique d'un homme guidé par une femme vers une contrée sensuelle – laissant la part belle aux sens -. 
Page de Pas à Pas - A l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau chez Des ronds dans l'O
Quand le trait de Tanguy Dohollau rencontre les formes de Chu Ta... 
Lucie est vraiment un personnage moteur de l'histoire, car – si vous me passez l'expression – c'est au travers de ses yeux, de ses sens, que l'on découvre une autre manière de voir le monde. Certes, les personnages parlent beaucoup et pourtant, à travers leurs mots, au détour d'un petit quelque chose, on écoute le silence. Et le titre reflète tout à fait un élément phare de l'histoire, cette notion de pas à pas, cette sensation que vous entrez dans l'histoire en douceur, que la lecture se déroule sans heurt, et pourtant, à un moment, vous êtes passé de l'autre côté, petit à petit, avec Lucie, avec Pierre, avec Chu Ta. De l'autre côté de quoi ? C'est la question que l'on ne se pose pas quand on referme cette BD. Moi, je me suis juste demandé « Mais qu'est-ce qui vient de se passer ? » et j'ai regretté que ma rencontre avec Lucie se soit achevée si vite. Maintenant, elle est à l'image des souvenirs, je peux m'en rappeler, la redécouvrir dans ces cent pages, la frôler du doigt de la mémoire mais je ne pourrais plus la revivre comme une découverte, comme une première fois. C'est peut-être cela le plus douloureux, Lucie ne vous dira plus de nouvelles phrases, ne vous montrera plus de nouvelles directions, ne vous fera plus entendre autrement la vie. Ce qui est vécu par elle repose dans cette BD. Nous n'aurons ni plus, ni moins. Mais l'important, c'est que pas à pas, en parcourant ce recueil, nous avons reçu beaucoup, beaucoup plus qu'on ne pensait. Si bien que je ne sais plus qui je dois remercier : Lucie ou Tanguy ? Alors dans la cacophonie de la ville, au détour des nombreuses étagères de votre libraire favori, laissez votre mains glisser vers cette couverture et repartez avec cette belle histoire, promesse d'une rencontre inoubliable... Zéda croise Lucie. Pas à Pas - à l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau, la chronique silencieuse David
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