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Pas de pitié pour les handicapés

Par Balndorn
Pas de pitié pour les handicapés
L’hôpital va mal. Très mal, à en croire les critiques, les études et les rapports croissants.S’il ne change rien à la situation, Patients, biographie déguisée de Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade, coréalisateur avec Mehdi Idir, propose une nouvelle vision de l’institution. Un visage humain sur un système à bout de souffle.L’égalité dans la connerie
Lorsque Ben (Pablo Pauly), victime d’un « accident de piscine », arrive en tant que tétraplégique incomplet dans un centre de rééducation, ses voisins et futurs amis s’empressent de lui faire bon accueil. Steve (Frank Falise), le ventre maintenu sur une planche pendant un mois pour éviter les escarres, lui souhaite un moqueur « Bienvenu à la maison », quand Farid (Soufiane Guerrab) lui fait visiter les TC – « traumatismes crâniens » –, riches de prodiges de toutes sortes, à l’image d’une dame souffrant de désinhibition frontale, ce qui court-circuite les éléments de politesse les plus élémentaires et lui laisse pour seul langage la puissance comique des injures.Le ton est donné : résolument anti-pathétique, absolument sans compassion, Patients désacralise le corps du handicapé, pour mieux le montrer en tant qu’humain. Farid, en fauteuil roulant depuis l’âge de quatre ans, le sait mieux que les « nouveaux handicapés » : « Les gens, il leur faut du temps pour voir qui il y a derrière un fauteuil roulant. Ils peuvent même voir un handicapé con ! » Une égalité du droit à la connerie, en somme.Pourtant, le film ne bascule pas dans une comédie tapageuse. C’est la juste alternance de vannes émancipatrices et de scènes plus difficiles qui fait la force de Patients : aux blagues de Farid répondent les progrès musculaires de Ben et les révoltes de Steve et Toussaint (Moussa Mansaly).
Les grands tétras-lyres
Mehdi Inir et Grands Corps Malade réussissent un pari difficile : montrer un centre de rééducation comme lieu de vie, et non comme mouroir des exclu.es. C’est pourquoi le lyrisme innerve régulièrement la mise en scène, de manière à rendre vivants et heureux les monotones couloirs du centre médical.La timide histoire d’amour entre Ben et Samia (Nailia Harzoune) présente, chose rare, des handicapé.es égaux. Et même un couple d’égaux tout court, à l’exemple de ce plan magnifique où les deux se tiennent main par la main, assis dans leurs fauteuils électriques, étincelants dans la lumière du soir au beau milieu d’un couloir vitré.Mais quelques séquences, presque déconnectées de l’action, valent pour elles-mêmes, pour la sensation qu’elles expriment. Leur traitement, d’ordre poétique, fait ressortir le lyrisme magique propre à Patients, à l’instar de la douche de Ben, lorsque décomposées au ralenti, les gouttes d’eau viennent rafraîchir son visage et lui apporter le renouveau qu’il cherche.

                                         Pas de pitié pour les handicapés


Patients, de Mehdi Inir et Grand Corps Malade, 2017
Maxime

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