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Jarvis Cocker & Chilly Gonzales ‘ Room 29

Publié le 29 mars 2017 par Heepro Music @heepro

Jarvis Cocker & Chilly Gonzales ‘ Room 29Je pense que Pulp a définitivement tiré un trait sur son histoire, conclue par un sublime mais discret We Love Life en 2001, avant un ultime retour avec une nouvelle chanson telle une éclair en 2012, « After you ».

Pour autant, Jarvis Cocker, lui, n’allait pas raccrocher complètement, et même si ses deux albums solo remontent déjà à 2006 et 2009, l’année 2016 voyait le retour du chanteur charismatique originaire de Sheffield pour un EP en guise de bande originale pour une série télévisée britannique, Likely Stories.

De son côté, le pianiste canadien Chilly Gonzales (Jason Beck de son vrai nom) n’est plus à présenter, encore que, sans vouloir jouer la modestie, sa renommée mériterait d’être bien plus grande encore. Lui, l’ami des débuts d’autres grands noms d’aujourd’hui, Feist et Peaches, également canadiennes, avec qui il a commencé.

Publiée sur le label allemand Deutsche Grammophon, cette collaboration entre les deux artistes réussira-t-elle à faire autant de bruit que chacun d’eux mérite ? J’en doute. Pour autant, Room 29 est, à quelques jours de la troisième édition du Piano Day (qui, c’est un drôle de hasard, se tiendra la 29 mars cette année), un album que j’attendais avec hâte, et il semble, depuis son annonce il y a quelques semaines, au moins aussi bon qu’espéré.

Le concept est d’emblée mis en exergue par le titre, Room 29, qui fait irrémédiablement écho à une chambre d’hôtel. En l’occurrence, il s’agit bien de la chambre d’un hôtel de Los Angeles, le Chateau Marmont, qui ouvrit justement ses portes à Hollywood en… 1929. La chambre 29 possède entre autres choses un piano. Aussi l’album est-il l’histoire de cette chambre racontée par le piano et l’un des clients de l’hôtel. Dès lors, voici quelques commentaires issus d’entretiens entre Jarvis Cocker et l’historien et critique de cinéma David Thomson.

2. « Marmont overture » : J’avais été malade lors d’une tournée et avais dû rester terré au Chateau jusqu’à ce que je sois suffisamment en forme. J’ai beaucoup regardé la télé pendant mon séjour et suis devenu obsédé par l’émission Gilligan’s Island. Avant de séjourner à l’hôtel, mes propres idées concernant Hollywood venaient des films que j’avais regardés à la télévision quand j’étais enfant. Être si près de ces images formatives fut une expérience déstabilisante. Comme se retrouver trop près du Big Bang ou quelque chose du genre…

5. « Clara » : La fille de Mark Twain, Clara, emménagea au Chateau Marmont peu de temps après la mort de son mari, le pianiste Ossip Gabrilowitsch. Nous pensons que c’est comme ça que le piano est arrivé dans la chambre. La fille unique du couple, Nina (dernière personne directement liée par le sang avec Twain) mena une existence trouble et mourut à cause de problèmes liés à la drogue et l’alcool en juin 1966.

6. « Bombshell » : Jean Harlow (la toute première « Bombe blonde ») se maria au producteur de cinéma Paul Bern le 2 juillet 1932. Il passèrent leur lune de miel dans la chambre 29. Deux mois plus tard, le 5 septembre, Bern fut retrouvé mort d’une balle dans la tête dans leur maison de Easton Drive, à Beverly Hills, Californie. Le légiste conclut que sa mort était un suicide. La police découvrit une note sur le lieu qui disait ceci : « Ma très chère chérie, Malheureusement c’est la seule façon de rendre bien l’effrayant mal que je t’ai fait et de nettoyer mon abjecte humiliation. Je t’aime. Paul (Tu comprends que la nuit passée ne fut qu’une comédie.) »

8. « Howard Hughes under the microscope » : Howard Hughes loua la suite penthouse du Chateau Marmont du milieu des années 1940 jusqu’à la fin des années 1950. Il est réputé pour avoir utilisé un télescope sur le balcon pour chercher de potentielles starlettes qui se seraient trouvées allongées autour de la piscine en-dessous. Plus tard dans sa vie, il développa une obsession pathologique des germes et de l’hygiène personnelle.

12. « The other side » : Si le cinéma a été le premier à réaliser ces « rêves et ombres », la télévision les a ensuite portés à l’avant-scène et les a domestiqués.

14. « Trick of the light » : À 16 images par seconde, on obtient ce qui s’appelle « persistance de la vision ». Si l’on montre 16 images fixes en une seconde, les gens croiront qu’ils voient en mouvement réel et le temps qui passe. Si l’on descend bien en dessous de 16, il y a un effet de vacillement, en d’autres mots, on commence à voir l’illusion.

15. « Room 29 (reprise) » : Les cinémas et les chambres d’hôtel sont identiques dans le sens où ce sont des endroits où l’on peut réaliser nos fantasmes sans responsabilité. Mais finalement les lumières sa rallument toujours et nous devons rentrer chez nous (ou tout du moins nous en aller).

Le tout avec la réalisation et la production de Renaud Letang, présent aux côtés de Chilly Gonzales depuis de nombreuses années, et connu pour avoir également travaillé sur tous les albums de Manu Chao, sur Fatherfucker de Peaches, Cru de Seu Jorge ou encore, pour ne citer qu’eux, Un Pokito De Rokanrol de Bebe.

De même, le Kaiser Quartet joue dans six morceaux, alors que l’orchestre symphonique macédonien FAME a été embauché sur « A trick of the light ». Et, pour couronner le tout, un certain Ryūichi Sakamoto a (co)écrit deux titres, « Tearjerker » et « The tearjerker return ».

Room 29 est à écouter simplement, de préférence le soir, un peu comme on regarderait un film. À la fin du film seulement, on se dirait qu’on ne l’a pas totalement compris. Alors, un autre soir, on le réécouterait. Jusqu’à l’avoir cerné. Et, si affinités, peut-être davantage.

(in heepro.wordpress.com, le 29/03/2017)

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