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Sage femme, film de Martin Provost

Publié le 30 mars 2017 par Onarretetout

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Sage femme, c’est le titre, sans article. Cela signifie qu’on y parle non seulement d’une personne, en l’occurence Claire interprétée par Catherine Frot, mais aussi d’une profession, qui peut également être celle des hommes. Faudra-t-il renommer ce métier ? Maïeuticien-ne ? Mot forgé à partir de maïeutique (qui vient d’un mot grec signifiant « art d’accoucher quelqu’un »), terme employé aussi à propos de la méthode socratique de faire « accoucher les esprits ». Non, le film n’est pas une thèse sociologique, politique, ni philosophique. C’est un film qui raconte une histoire, un film qui passe aisément d’une demande d’« oeuf mayo » à la maïeutique, et réciproquement.

On n’a jamais vu autant de naissances à l’écran dans un temps aussi court. Nous sommes plongés dans le quotidien d’une sage-femme dont la maternité va fermer. En cette époque où des établissements de soins, des maternités ferment (selon un rapport de l’IGAS, « le nombre de maternités est passé de 1 369 en 1975 à 1 010 en 1985, 814 en 1996, 779 en 1997, 576 en 2007, 554 en 2008, soit une baisse pratiquement linéaire pendant 30 ans »), on découvre ce que peut être la fermeture d’une maternité en banlieue parisienne. Nous suivons Claire dans son refus de passer d’un lieu où le personnel prend soin des gens à une sorte d’usine à bébés.

Parallèlement, c’est l’histoire même de Claire qui est éclairée. Vivant seule avec son fils, qui est en train de partir de la maison et de construire une vie de couple, elle est soudain rattrapée par son enfance, à l’époque où son père vivait avec Béatrice (Catherine Deneuve), femme fantasque à qui on découvre un cancer et qui souhaite renouer avec ce père. La relation entre ces deux femmes tellement différentes l’une de l’autre va modifier l’une et l’autre : Béatrice assumant son état sans perdre le goût de vivre et peut-être de mourir, Claire dénouant ses cheveux et acceptant de sortir de son rigorisme de femme sage sans perdre son attention aux autres.

Un vol d’oies passe, à un certain moment du film, vers la droite ; plus tard, c’est un cygne qui survole la Seine vers la gauche. Ce sont des augures. Qui y fait encore attention ? Martin Provost, le réalisateur de ce film qui touche par la simplicité et par la lumière des personnages. J'en apprécie aussi les dialogues, et par exemple cet échange entre Béatrice, arrivant à Mantes-la-Jolie, et le chauffeur de taxi : Elle - « C'est vraiment joli, Mantes-la-Jolie ? » Lui - « Je ne sais pas, je suis de Plaisir ». 


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