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Yuko de Ryoichi Ikegami, la chronique envoutante...

Publié le 01 avril 2017 par 7bd @7BD

Couverture de Yuko de Ryoichi Ikegami chez Delcourt Tonkam
Titre: Yuko Auteurs : Ryoichi Ikegami (scénario et dessin) Editeur : Delcourt Tonkam Année : 2017 Pages : 448

Résumé : Douze histoires, dont neuf originales écrites par Ryoichi Ikegami et trois adaptées de nouvelles de romanciers Japonais célèbres. Douze histoires mettant en scène des femmes, des hommes, entraînés pour diverses raisons dans la chaleur des plaisirs interdits. Douze histoires flirtant avec le fantastique, l'étrange et le sensuel. Douze histoires envoutantes à ne pas manquer ! Douze femmes que vous n'êtes pas prêt d'oublier, premier ou second rôle. Mon avis : Cette anthologie de Ikegami, constituée de BD choisies par Ikegami lui-même, couvre les années 1991 à 1999. Soit neuf ans. On pourrait s'attendre à voir une évolution du style de l'auteur, pourtant, une belle homogénéité se dégage de ce recueil. Comme si ces histoires se suivaient dans le temps, par leur style graphique, certes et aussi par leur thème, leur approche, leur narration. Les choix d'adaptation, qu'il s'agisse de « l'Enfer » de Ryunosuke Atagawa, du « Donjon » de Kyoka Izumi ou encore d' »Un amour de Tojuro » de Yuko Kan Kikuchi, restent dans cette ambiance un peu vénéneuse, légèrement érotique, discrètement cruelle qui plane sur l'ensemble des histoires. A mes yeux, ces récits offrent une part belle à l'érotisme et aux images suggestives, référence est faite dès la première histoire à Seiu Ito, dont les peintures axés sur le bondage ont l'air d'avoir marqué le vingtième siècle japonais. D'ailleurs, cette première histoire, répondant au nom de « Elle s'appelait Yuko », donne son titre à cette anthologie. Victimes ou héroïnes, les femmes y tiennent une place complète. Elles se révèlent porte vers un seuil mystérieux et parfois dangereux. Mais le plus marquant pour moi n'est pas tant l'érotisme suggéré au travers des pages, mais bien cette ambiance fantastique qui ne repose pas sur l'outrance, mais bel et bien sur la suggestion. Un fantastique qui flirte savamment avec Poe ou Maupassant. Ce fantastique dont on vous donne parfois une explication rationnelle, et d'autres fois pas. Ce fantastique qui joue avec le sexe tout autant qu'avec les âmes et qui garde toute sa force grâce à la compacité des récits. Pas de fioriture, juste le minimum pour vous entraîner, vous engloutir en quelques pages dans un monde étrange dont on ne sort pas forcément intact. Ce fantastique chaud comme les corps enlacés et froids comme la mort. Et la figure de proue de ce fantastique, c'est la femme. Belle, toujours envoutante, mais différente, par son caractère, par ce qu'elle cache, ou même par ce qu'elle montre.
On associe souvent Ikegami à ses séries cultes, comme « Crying Freeman » et il est fort intéressant de découvrir une autre palette de cet auteur, dont le petit cheptel de récits offerts ici vous fera regretter de n'en avoir pas plus !
Page de Yuko de Ryoichi Ikegami chez Delcourt Tonkam Le regard d'une femme où se dessinent, selon moi, différentes émotions...


Au dessin, le réalisme frappant des personnages mais surtout des décors, vous impressionnera forcément. Ce réalisme graphique qui s'estompe quand on arrive au domaine du plaisir, où la mise en scène se resserre sur les corps, tout en gardant la distance requise pour éviter la pure pornographie. On regrette presque le format des pages, car cette BD gagnerait à éclater en A4. En effet, certaines cases de petites tailles décomposent savamment une action sur une demi-page. Et ce ralentissement du temps, Ikegami sait en jouer pour poser une atmosphère tout en silence. Alors parfois, j'ai eu du mal à m'y retrouver, certes, mais mon impression générale est un plaisir – on y revient toujours – net, le bonheur d'avoir découvert cette anthologie, et le regret de ne pas m'être penché plus tôt sur cet auteur, en tout cas, sur ce pan de son travail. Car le travail de dessin est à l'égal du travail d'écriture, d'une belle qualité. Si bien que vous ne verrez pas passer les 448 pages de ce recueil, qui impressionnent au départ. Cette belle couverture bleu et le regard étrange de cette femme vous donne tout à fait le ton de ces histoires courtes. Le feu qui couve sous la glace, le désir caché, les mystères de la femme, et surtout, douze histoires à dévorer sans se sentir coupable.
Zéda se perd dans le Donjon.
Yuko de Ryoichi Ikegami, la chronique envoutante...
David
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