Magazine Culture

Nous voulons tous le paradis

Publié le 05 avril 2017 par Adtraviata

Nous voulons tous le paradis

Quatrième de couverture :

1943 en Flandre. Les Allemands ont besoin de jeunes hommes pour se battre contre les Russes sur le front de l’Est. Ward et son ami Jef aimeraient devenir des héros. Ward décide de partir, mais le père de Jef oblige son fils à rester en Flandre. Il veut protéger sa famille et la tenir à l’écart du conflit. Renée, la soeur de Jef, est amoureuse de Ward et de sa merveilleuse façon de jouer du saxophone. Elle-même joue de la trompette avec son père et son frère dans la fanfare locale dont Ward fait également partie. Lorsque Ward s’en va, les gens du village le considèrent comme un collabo. Son départ signe aussi la fin de son histoire d’amour avec Renée…
Nous voulons tous le paradis est un roman ample et ambitieux, que La Joie de lire a décidé de publier en deux parties. Un roman qui parle sans fard de la Deuxième Guerre mondiale et de tout ce qui l’accompagne : l’horreur du conflit, la résistance, la collaboration, la haine, la méfiance, les règlements de compte.

Ce roman nous a été chaudement recommandé, à la Miss nièce et à moi, par une libraire du Rat conteur qui tenait le stand de La Joie de lire lors de la dernière Foire du livre. « Cela vous plaira à toutes les deux, adulte comme ado. » Argument tentant, d’autant que e roman est sélectionné pour le Prix Farniente, c’est un gage de qualité. Heureusement que j’ai acheté la suite, car je ne savais pas que les deux tomes sont un seul roman…

J’ai tellement d’envies pour ce mois belge que je ne vous présenterai peut-être pas la suite en avril, mais ça viendra très vite… Vous comprendrez aussi très vite le lien avec mes deux premières lectures de cette édition 2017.

Nous sommes en Flandres, dans un petit village du Limbourg dont on sent les habitants tiraillés entre la résistance à l’occupation allemande, la collaboration plus ou moins active ou l’indifférence, le retrait pour sauver sa peau (et celle de sa famille). Cette dernière option est celle choisie par le père de Jef, Renée et Rémi mais il suit quand même les recommandations des résistants, il ne croit en rien aux promesses que font miroiter les Allemands aux Flamands pour attirer les jeunes combattants sur le front de l’Est.

Les héros de ce roman, c’st un trio de jeunes gens, Jef, qui ne sait trop quel sens donner à sa vie, Renée, sa soeur, passionnée de musique (elle a décidé de travailler la trompette, choix peu courant pour une jeune file de l’époque) et Ward, l’ami de Jef, qui tombera vite amoureux de Renée (et c’est réciproque), un saxophoniste très doué. Très vite, on comprend que Jef a commis un acte héroïque pour la Résistance, qui n’est pas encore précisément raconté dans cette première partie mais dont on sent qu’il « encombre » le jeune homme qui refuse d’être honoré pour ce fait. On devine aussi que Ward a fait le choix inverse, au grand dam de ses amis. Renée, Ward et Jef donnent tour à tour leur point de vue sur le événements, sans oublier la voix de Rémi, petit garçon de dix ans à qui personne ne veut rien expliquer mais dont les oreilles et le coeur ressentent bien plus qu’on ne veut le croire.

Ce choix polyphonique et les aller-retour entre les années de guerre et l’après rendent ce roman à la fois complexe, complet et subtil : de nombreux aspects de la Seconde guerre mondiale en Belgique sont évoqués, et particulièrement dans une Flandre qui encore engoncée dans des traditions religieuses prégnantes et dont une certaine frange, représentée par le VNV, voit dans cette guerre l’occasion d’exacerber le nationalisme flamand. (Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien l’histoire belge, à l’époque, et pour le dire très rapidement, la Flandre était encore minoritaire sur le plan politique et économique, la situation a commencé à s’inverser après la guerre.)

C’est aussi un roman sur les choix que doivent poser les jeunes gens, comment Jef, Renée et Ward tentent de se construire dans une période troubl(é)e. Rien n’est simple et rien n’est manichéen : Els Beerten montre combien ces choix peuvent être compliqués et influencés par des éléments qui dépassent infiniment ces jeunes. Rémi sera lui aussi amené à grandir plus vite que prévu dans ces circonstances. On sent de la part de l’auteure une grande tendresse pour ses personnages, une belle sensibilité, manifestée aussi par les caractères attachants des parents de Jef, Rémi et Renée.

Ce livre conviendra aux jeunes lecteurs à partir de 15-16 ans, ils demanderont peut-être des explications sur le contexte ou sur certains détails, et bien sûr aux adultes. Il demande un peu d’attention, à cause des changements rapides de personnages et d’années, mais il est passionnant, les pages se tournent toutes seules. J’ai hâte de connaître la suite !

Els BEERTEN, Nous voulons tous le paradis, traduit du néerlandais par Maurice Lomré, La Joie de lire, 2015 (édition originale en 2008)

Belgique : entre collabos et résistants, lecture 3

La Joie de lire fête ses 30 ans cette année.

Nous voulons tous le paradis


Classé dans:De la Belgitude, Des Mots en Jeunesse Tagged: 1940-1945, Belgique, Collaboration, Els Beerten, La Joie de lire, Nous voulons tous le paradis, Résistance


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Adtraviata 5456 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine