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Maman, je vous écris...; Jean-Marie Montali

Par Sylvielectures
Maman, je vous écris...; Jean-Marie Montalilivres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com
C'est dans le cadre de Masse Critique que j'ai reçu ce livre et c'est avec grand plaisir que je l'ai découvert et lu, d'une traite, comme un roman, portée par l'émotion.
Ce livre présente 150 lettres d'enfants souvent devenus adultes lorsqu'ils envoient leur missive au premier amour de leur vie.
Chaque lettre est encadrée d'un texte la situant dans la biographie de son auteur et dans l'histoire. Des renvois vers des titres de biographies ou des liens internet nous permettent de continuer plus avant notre découverte.
En lisant ce livre nous faisons un voyage dans l'histoire et dans la littérature par le petit bout de la lorgnette certes, mais c'est sans doute ce qui en fait tout le sel.
Ce recueil nous révèle des instants de vie graves et intenses, légers ou coquins et nous touche au cœur.
Pour l'histoire, j'ai trouvé passionnant de lire les lettres à leur mère de "grands hommes" comme George Washington, Charles de Gaulle, Napoléon Bonaparte, Antonio Gramsci, Ernesto Guevara, Lenine, Engels...
J'ai été particulièrement émue à la lecture poignante des derniers adieux des fils "poilus" se sachant aller vers une mort certaine. Je crois que les plus touchantes et révoltantes sont celles des condamnés à mort qui mobilisent tout leur être dans leurs derniers mots. Que dire des lettres inquiètes des enfants détenus à Drancy, où de ceux qui se croient à l'abri dans la colonie d'Izieu ?
Du côté de la littérature, j'ai été surprise par les cris d'amour lancés par Paul Léautaud à sa mère indifférente qui l'a abandonné, mais aussi par ceux de Colette de Jouvenel qui se sent seule et délaissée par la grande "Colette".
Proust et Gide m'ont impressionnée dans leur manière de se plaindre et de parler de leurs difficultés d'être à celle qui leur a donné le jour.
Les lettres que j'ai trouvées les plus belles sont celle de Cocteau, datée du 25 décembre 1915, intitulée "C'est la trêve de Noël", et celle de Georges Sand, qui tente de s'expliquer et veut de toutes ses forces que sa mère l'approuve dans ses choix de femme libre : "La liberté de penser et d'agir est le premier des biens"
Pour ce qui est de la musique, quel plaisir de lire les lettres du petit Mozart : "La cause pour que j'écrive à maman" ou "je baise mille fois la main de ma maman", mais aussi celles d'Hector Berlioz, ou de Robert Schumann, qui, à 20 ans annonce solennellement et avec force détermination son intention de ne plus se consacrer qu'à la musique.
Si après ces brèves descriptions et succinctes impressions vous venait le désir de lire ce livre, sachez que vous y trouverez aussi les lettres de Gustave Flaubert, Charles Baudelaire, Victor Hugo, Jules Verne, Émile Zola, Paul Verlaine, Guy de Maupassant, Vincent Van Gogh, Théophile Gautier, Robert Louis Stevenson, Arthur Rimbaud, William Faulkner, Ernest Hemingway...
Cette proposition d'entrée dans l'Histoire et les Arts par l'antichambre de l'intime m'a enthousiasmée et je n'ai pas été déçue. Je suis heureuse de voir ce livre prendre une bonne place dans ma bibliothèque, merci donc à Babelio, sans qui, je crois, je n'aurais pas eu ce livre entre les mains et aux éditions de La Martinière qui me l'ont gracieusement offert.
Un article d'Alain Rubens sur Lire.fr
"va, j'irai ferme. Et droit. Tu m'aideras, ma mère, tu me regarderas de tes grands yeux d'azur. Et je ne verrai plus que leur pure lumière, effaçant les fusils braqués, l'horrible mur. Tu me diras tout bas ce que m'eût dit mon père : c'est bien mon fils... C'est beau. De toi mon âme est fière. Et quand ils tireront, tu me serreras...fort, maman, contre ton cœur... pour leur voler ma mort ! Adieu, mère... Courage... et surtout confiance. Ton fils saura mourir... pour que vive la France."
Michel Trajan, condamné par un tribunal allemand et fusillé.

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