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4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS, amours Roumains

Par Christian Papia @ChristianPAPIA

(9/10)

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Synopsis: 1987, Roumanie, quelques années avant la chute du communisme. Ottila et Gabita partagent une chambre dans la cité universitaire d'une petite ville. Gabita est enceinte et l'avortement est un crime. Les deux jeunes femmes font donc appel à un certain M. Bébé pour résoudre le problème. Mais elles n'étaient pas préparées à une telle épreuve.

L’image est contrastée, le décor grisonnant, l’atmosphère basique d’un pays soviétique qui commence à entrevoir ses limites. Des étudiantes, du maquillage, des dialogues banals de jeunes filles, une chambre trop petite pour trop de monde, une symétrie triste,  rien ne nous prépare à l’intense conte qui arrive. L’histoire est simple, pourtant chaque détail est délicieusement mis en place. Avec de longs plans-séquences, puissants et réalistes. Chaque situation est réelle,  nous projette dans la vie quotidienne de ces jeunes étudiantes, du contrôle du bus  récusé de justesse, à la jeune femme enceinte, complètement pommé. 4 Mois, 3 semaines, 2 jours, ou le décompte exact d'une grossesse non désirée, dans un pays et à une époque où l'avortement est illégal. Elle  fait appel à un médecin de secours pour avorter, particulièrement pointilleux et prudent. Elle n’a pas le courage de s’occuper des démarches et confie à une amie de réunir les modalités. Cette dernière va être obligée de réserver l’hôtel, et  accompagner M. Bébé jusqu’à la chambre ressemble déjà à un exploit.  

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Copyright Bac Films

Dès lors, ce dernier plutôt passif, se montre très carré et très pointilleux, l’hôtel n’est pas le bon, Gabita n’est pas à 2 mais plutôt entre le 4 ème et le 5 ème mois. Tout laisse à penser que l’avortement n’aura pas lieu… La jeune étudiante fauchée, pour qui il est déjà difficile de payer une chambre bas de gamme d’hôtel, comprend vite que tout ne se réalisera pas sans obstacle. D’ailleurs  Anamaria Marinca donne à ce beau personnage une densité électrisante, comme une  révélation en somme.  Un des points forts du film est le Plan séquence colossal de la chambre d’hôtel. Le personnage s’exprime alors comme un être abject, moralisateur au possible, profitant de la situation. Le rapport de forces est consternant. Le génial traveling arrière montrant Gabita s’échapper de la chambre nous permet de souffler en même temps qu’elle, de relâcher la tension en somme. Cristian Mungiu frappe fort en nous maintenant dans une raideur et une pression constante. 

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La quête de la rédemption n’est plus de mise pour les patientes en herbe, il s’agit juste de s’en sortir le plus indemne possible. La transgression des règles de 1987 en Roumanie, n’est qu’au second plan face au fond de féminisme désenchanté. Le cinéaste a voulu pour son film un rythme lent mais fluide. Il en ressort une mise en abyme noire et féroce. Au premier abord le sujet est nauséabond, au second on reçoit comme une décharge de réalisme, glaçant.  Le récit de ce douloureux « voyage » de quelques heures, sans sortir de la ville, grise et oppressante, a valu une palme d'or méritée au réalisateur roumain. Mérité? Oui tant la virtuosité de la caméra tient une tension haletante tout au long de la pellicule.

4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS - BANDE ANNONCE

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