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Pourquoi il ne faudra pas voter Macron ni Le Pen, pour l'instant.

Publié le 23 avril 2017 par Juan

Premier tour prévisible, un duo Macron/Le Pen pour le second tour de la présidentielle 2017. 


Le premier à se rallier est Benoit Hamon, effondré par un score trop proche de celui de Nicolas Dupont-Aignan. Personne n'imaginait le Parti socialiste tomber à ce niveau électoral.  Puis tous les ténors de la droite suivent.
Laissons-les.
Première satisfaction,  François Fillon est défait. Le vainqueur de la primaire de droite, qualifié pour cette élection imperdable a perdu, victime des révélations sur sa cupidité. Ami sarkozyste, ne pleure pas. C'est fini.
Seconde satisfaction, la participation fut largement plus haute qu'on ne le craignait.
Évidemment, c'est la satisfaction, Macron/Le Pen, c'est mieux que le pire. La perspective d'un second tour opposant Fillon à Le Pen est évitée. Un duel Fillon/Le Pen aurait été sans moi, un vote blanc, et par conviction.
UMP et PS avaient tout misé sur un duo de second tour contre Marine Le Pen. L'épouvantail national-socialiste était donnée perdante dans tous les cas de figures. Et cette prédiction sondagière suffisait à promettre une victoire facile aux prétendants de la droite et de la gauche dits de gouvernement.
#1. Le sort en a décidé autrement. Le vainqueur désigné de la primaire de droite s'est affaissé à cause de sa cupidité enfin révélée au grand jour. "Rends l'argent".
#2. Le Parti socialiste a également disparu. Hamon a sauvé l'honneur en sortant devant Dupont-Aignan. Du côté socialiste, la trahison électorale de Hollande a provoqué l'irruption de Macron, le renoncement de Hollande puis une primaire étriquée qui a fait explosé le PS très tardivement dans la campagne.
#3. Certains ont réalisé trop tardivement que l'ancien mitterrandiste JLM n'était pas la caricature que l'élite médiatique promettait.

#4. Hamon a fait une campagne sympathique, mais ratée et impossible.
#5. Macron n'a rien dit pour convaincre à gauche. Aucun signe, rien. Le 7 mai, quel choix reste-t-il ? La peste brune ou la finance ? Osons deux commentaires. Primo, Emmanuel Macron n'a rien ouvert dans son propos pour rassembler. Il a rapidement engrangé les soutiens de Wauquiez, Copé, Fillon, Raffarin. Et Hamon.  Il manquait Sarkozy. La déclaration qui suivit d'Emmanuel Macron fut incroyablement fragile.
#6. Marine Le Pen a parlé en premier. La blonde fasciste a tenté de s'improviser gaulliste dans sa déclaration de second tour. Le ridicule n'a pas de limite.
Ne pas choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron le 7 mai prochain est le choix le plus difficile qu'il nous ait été donné de faire. Répétons-le: il est évident qu'Emmanuel Macron n'est pas Marine Le Pen. Mais qui peut sérieusement penser qu'une coalition de Wauquiez à Mélenchon en passant par Hamon n'est pas la pire réponse politique à Marine Le Pen ?!? Qui peut penser qu'applaudir aux mêmes meetings que Collomb, Duflot, Pécresse et Fillon ne fait pas le jeu de Marine Le Pen ? 
Bordel, qui ?
L'union nationale de la droite furibarde anti-mariage gay aux frontières des frondeurs du Parti Socialiste contre Marine Le Pen est une erreur historique.
Projetez-vous dans les prochaines législatives.
"Votez France insoumise !" dirions-nous. "Vous avez appelé à voter Macron, le candidat du CAC40, n'est-ce pas ?" entendrions-nous. 
Sans moi.

Le choix est évidemment difficile: refuser la peste brune tout de suite, ou demain. Il semble bien que le choix se résume à planter immédiatement toute perspective de recomposition politique ou à parier qu'une opposition contre le libéralisme et le fascisme sera possible demain.
Le 7 mai, le choix n'est pas, pour l'instant, entre Macron et le FN. C'est Macron, puis le FN. 
Réveillez-vous.
Il faut terminer par cette brillante conclusion d'Aude Lancelin, une conclusion qui à elle seule mérite que nous continuions le combat pour une information libérée. Dans un billet intitulé "Macron, un putsch du CAC40", elle revient sur une fabrication et pose les bonnes questions. Et notamment celles-ci.
Comment se fait-il que dans de grandes rédactions comme « l’Obs » ou « Le Monde », on ne puisse identifier aucun titulaire de carte de presse se réclamant à visage découvert des idées de la « France Insoumise », quand tant de leurs confrères brament sans vergogne leur macronisme sur les réseaux sociaux ? N’est-il pas prodigieux que, dans des journaux se réclamant encore de la gauche, on ne puisse trouver nulle expression, sorti de l’espace dédié aux tribunes extérieures, en faveur d’un ex-sénateur mitterrandiste ne faisant somme toute rien d’autre que de se réclamer des fondamentaux historiques du socialisme ? Hélas j’en connais les raisons. Ce sont déjà celles que je donnais dans le « Monde libre ». Toutes les idées sont tolérées dans ces rédactions-là où, non sans stupéfaction, j’ai par exemple pu entendre un chef de service défendre le programme économique de François Fillon comme étant le meilleur d’entre tous début 2016. Toutes les idées, oui, sauf celles de la gauche debout contre le néolibéralisme. Toutes les idées, sauf celles aujourd’hui portées par un social-démocrate conséquent comme Jean-Luc Mélenchon, repeint par le Président de la République actuel en dictateur et en ennemi de l’Occident. Il est tout de même ironique que de telles paroles viennent justement de François Hollande, ami autoproclamé du « Monde libre » comme on appelait il y a peu ledit Occident, qui aura passé tant de temps sous son quinquennat à fréquenter les oligarques de la presse nationale pour tenter d’acheter par avance une élection, à laquelle il n’aura finalement même pas pu prétendre.

Vous avez voulu Macron, vous aurez Le Pen.
Assumez, ou taisez-vous.


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