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Expositions «Résistantes» Olivia Gay & Jacques Camborde | Château d’Eau – Toulouse

Publié le 28 avril 2017 par Philippe Cadu

Du 4 mai au 25 juin 2017 - Vernissage mercredi 10 mai 2017 à 18h

www.galeriechateaudeau.org Olivia Gay "Résistantes" - Grande Galerie

Le Château d'Eau présente une exposition tentant de tracer, pour la première fois, la ligne de tension reliant les différents ensembles de photographies réalisés par Olivia Gay. Ouvrières au savoir-faire rare ou caissières de supermarché, femmes en difficulté hébergées par les services sociaux ou prisonnières, prostituées dans leur quotidien ou nonnes dans leur couvent, depuis ses débuts, Olivia Gay a porté son attention sur les femmes au travail ou vivant dans un contexte tendant à altérer la visibilité de la personne. Issue du reportage, elle privilégie cependant dans ces travaux, la patience et le dialogue pour faire des images tendant à rendre leur dignité à ces femmes qu'elle envisage. Imprégnées de culture picturale, ces photographies tissent des liens et prennent ainsi leur dimension politique.

Dominique Baqué, dans son texte " Résistantes " dit à propos de la démarche de cette artiste: " Olivia Gay poursuit la longue et patiente quête d'un regard. Regard sur le travail sous toutes ses formes - qu'il soit aliéné ou rédimé - et sur les femmes, dont elle narre la rencontre à chaque fois singulière, et dont elle dresse le portrait subjectivé sous la forme de cet " envisagement " cher au philosophe Emmanuel Levinas.
... chacune fait ainsi partie d'une communauté de femmes qui " résistent ", en dépit de tout.
Résistantes : ainsi vont les femmes d'Olivia Gay.
Pour autant, pas de féminisme à la Simone de Beauvoir : l'artiste met plutôt en avant les notions de " discrétion ", d' " accueil " et de " recueillement ", menant ainsi une recherche d'individuation.
Le modèle pictural irrigue ces portraits subtils et " grâciés ", qui témoignent d'une immersion à chaque fois renouvelée dans des mondes spécifiques, et de ce qu'on pourrait nommer une spiritualité du visage ".

" Olivia Gay se consacre à la représentation du corps féminin à l'oeuvre dans l'univers quotidien, qu'elle aille à la rencontre de caissières de supermarchés ou de modèles dans l'atelier du peintre. Depuis 2007, elle photographie les ouvrières : dans une usine d'emballage pour l'industrie de luxe (Les ouvrières de l'Aigle), dans l'Atelier national d'Alençon (Les dentellières d'Alençon) et dans les usines de dentelle mécanique à Calais et Caudry (Les dentellières de Calais).
De l'ouvrage domestique peint par Vermeer dans La Dentellière à l'ouvrage collectif photographié par Olivia Gay, une révolution industrielle est passée par là, transformant en profondeur le rôle économique et social des femmes, et du même coup, leur représentation. Wheeleuses, ourdisseuses ou clippeuses sont autant de qualifications techniques aux significations devenues mystérieuses pour le profane, autant d'objets de fierté pour ces femmes du XXIe siècle qui redoutent l'extinction de leur savoir-faire. Elles témoignent de cette division du travail et emportent dans leur sillage une représentation de la femme au travail héritée de Lewis Hine, arpentant l'Amérique fordiste afin de documenter la condition ouvrière. Une représentation de la femme face à la machine débarrassée de toute réification sexuelle.
Mais les machines dans les photographies d'Olivia Gay semblent avoir cessé de vrombir pour laisser place au silence. La mise en lumière, reçue du maître de Delft, des postures, des gestes et des regards anime les corps au travail. Ces portraits mêlent grâce et absence, héroïsme et désarroi, comme s'ils combinaient les figures de Maestà et de Pietà, à la manière des Madones qui peuplent l'histoire occidentale de la représentation féminine. Le mystère de l'icône prend ici le pas sur une représentation sociologique. Une forme d'hommage. "
Nathalie Giraudeau
Directrice du CPIF
Olivia Gay est née en 1973. Elle vit et travaille en Normandie. : http://www.oliviagay.com

Jacques Camborde "Exister, exister seulement" Galerie 2

Le Château d'Eau présente le travail de Jacques Camborde, réalisé entre 2014 et 2016, qui conduit à une sorte d'exploration des expressions humaines sous le coup de ces deux émotions qui accompagnent la vie : la tristesse et la joie. Mais, avec ses deux séries mises en regard, "Le don des larmes" et "La force majeure", il aborde une dimension plus philosophique et propose une réponse à la question: qu'est-ce qu'exister?
Dans une démarche photographique qui cherche toujours à atteindre une vision claire du quotidien, Jacques Camborde s'attache à éclairer le regard d'yeux grand fermés sur l'ordinaire, sur ce que l'on ne voit pas spontanément, ce à quoi l'on ne réfléchit jamais, l'impensé au coeur de la vie, nous rappelant ainsi à la finitude de la condition humaine.
Dans cette exposition où des visages d'hommes et de femmes qui pleurent, nous renvoyant à nos peurs face à l'inéluctable qui nous attend au bout de notre chemin, répondent ceux éclatant de rire.
Le rire, cet autre rapport au monde qui permet d'affronter le réel tout entier, y compris la conscience de la mort. Le point fondamental de cette joie c'est le fait d'exister, tout simplement!

Exister, Exister seulement
Exister, c'est quelque chose que l'on subit et que l'on découvre à mesure qu'on le subit.
D'où cette sensation tragique d'être pris dans quelque chose qu'on ne sait définir, qui semble être lié au hasard, ne pas avoir de sens et n'avoir aucun but.
Il en résulte un caractère dérisoire de toute vie, de toute existence.
Est tragique, en second lieu, la mort.
L'appropriation du côté inéluctable de la mort, la prise de conscience du réel tel qu'il est vraiment, nous font profondément ressentir cette matérialité: "c'est comme cela et ce n'est pas autrement, et on ne peut rien y changer".
Ceci accepté, nous pouvons nous libérer de l'angoisse de la mort, de l'existence supposée de forces surnaturelles menaçantes, d'un quelconque destin ou d'une éventuelle fatalité.
Il n'y a plus rien à perdre non plus.
D'où une sensation de légèreté qui engendre inévitablement de la joie. Les pensées les plus lourdes deviennent légères et charmeuses.
Le point fondamental de cette joie c'est le fait d'exister, tout simplement! La joie de vivre, rien de plus!

Jacques Camborde . www.jacquescamborde.com

Le Château d'Eau 1, Place Laganne 31300 Toulouse. Tél: 05 61 77 09 40 : wwwgaleriechateaudeau.org


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