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Eprouvettes, dollars et ovocytes

Publié le 26 juin 2008 par Kalvin Whiteoak

grossesseLe Sénat français est en train de concocter un texte législatif règlementant le régime juridique des mères porteuses. En dehors d’un certain nombre d’articles de presse concernant ce sujet, on a pu notamment voir l’édition de hier de l’excellente émission quotidienne C dans l’air sur France 5 consacrée à cette problématique.

En dehors d’un certain nombre de vérités éthiques rappellées notamment par Bernard Debré et Gérard Salama, on a pu entendre une ou deux sottises de grand calibre distillées par Dominique Mennesson,  un père ayant loué les services d’une américaine, Mary, pour lui faire porter “ses deux enfants, à lui et sa compagne”.

Entre autres bêtises crasses, ce père s’est permis de nier purement et simplement le rôle de l’hérédité dans la filiation, donnant à cette dernière une origine purement sociale, style “les parents adoptifs sont les parents un point”.

En plus, confronté à la réalité, il s’est refusé à admettre que ses enfants avaient trois “mères”, la donneuse d’ovocyte soi disant anonyme, la mère porteuse “technique” et rémunérée et pour couronner le tout la mère ayant “passé la commande” de deux filles.

Il ne fait pas de doute que l’aspect social d’une naissance est important. Mais il faut être stupide ou sectaire pour vouloir nier l’existence d’un lien héréditaire de filiation. Comme il faut être stupide pour oser défendre que tout ira bien dans le meilleur des mondes pour les enfants conçus dans ce genre de situations.

Personne actuellement n’a un recul suffisant pour asséner de pareilles “vérités”, les techniques d’insémination datant de 20 ans environ. En revanche, ce que l’on sait en regardant simplement la nature, c’est que certains animaux qui ne peuvent se reproduire ne se reproduisent tout simplement pas.

Faire passer le désir irrépressible de maternité avant l’intérêt de l’enfant à naître est un non sens éthique. Si l’on croit dans les vertus de l’adoption (vertus qui restent aussi à démontrer sur un plan global), elle peut être une voie admissible éthiquement.

Mais la cuisine d’embryons et autres ovocytes faites pour des dizaines de milliers de dollars par des cliniques ukrainiennes ou américaines ou encore par des apprentis-sorciers italiens assez éloignés du Vatican est une brèche béante ouverte par les politiques (au nom encore du politiquement correct) sur l’eugénisme institutionnalisé. On admet déjà aux limites de l’éthique le diagnostic prénatal… et comme le rappelait le Professeur Debré, certains Prix Nobel ont même accepté de donner du sperme aux USA afin qu’on l’utilise pour “fabriquer des génies potentiels”. Ce qui a été fait, sans que l’on sache actuellement en quoi les enfants nés de ces manipulations ont ou non hérité de quelques défauts et qualités des “génies” en question.

On justifie actuellement le fait de règlementer, “car de toutes façons les mères en mal d’enfants feront n’importe quoi n’importe où pour en avoir de n’importe quelle manière”. C’est là-dessus qu’on devrait commencer à légiférer internationalement pour interdire ce genre de pratiques et ainsi tuer dans l’oeuf toute tentative d’eugénisme commercial.

Dur avec le désir de mère ? non, simplement soucieux de conserver à la grossesse un semblant d’éthique et de préserver à tous prix les droits de celui ou celle qui va naître sans avoir rien demandé à personne.

Autant il n’existe aucun droit légitime protégé à avoir un enfant, autant un enfant a des droits qui doivent être protégés.


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