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Ni bruit ni fureur, de Lucien Suel

Publié le 05 mai 2017 par Onarretetout

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C’est une citation de Bernanos qui ouvre ce volume de poésie de Lucien Suel et qui pourrait tout aussi bien accompagner le spectacle écrit et mis en scène par Hugo Paviot et présenté hier dans ce blog : « Ma certitude est que la part du monde encore susceptible de rachat n’appartient qu’aux enfants, aux héros et aux martyrs. »

Lucien Suel ici parle, lui aussi, de la guerre : 

« Je ne sais pas ce que c’est, la guerre,
Je n’ai pas connu la guerre. 
Mon grand-père a fait la guerre
entre 1914 et 1918.
Mon père a été prisonnier de guerre
entre 1940 et 1945.
Quand j’avais une dizaine d’années, c’était la guerre d’Algérie
et notre garçon-brasseur a été tué là-bas (…) »

C’est la terre qui habite Lucien Suel : « je suis le terreau brun / je respire sous la lune ». Et le jardin en vingt et une stations est un « gardin », les mots y poussent avec les fleurs et les légumes, dans la simplicité. 

La mer, au loin, « est au nord ou à l’ouest, parfois au sud, jamais à l’est ». Lisant ces mots, je pense à Edouard Glissant et à celles et ceux pour qui la mer — ou l’océan — est à l’est : le soleil ne s’y couche pas, il ne fait que s’y lever. Pour Lucien Suel, sans doute, cela forme le regard et les sensations autant que la poussière de charbon des terrils.

Les amis, les poètes disparus sont toujours dans la pensée de Lucien Suel. Voici Christophe Tarkos et Christophe Wattel, Claude Pélieu, Kurt Schwitters et tant d’autres, ossuaire, cimetière, de la vie encore. « Et l’Esprit revenu / Planera sur les eaux ». Car le Nord est un pays de terres, de rivières et de croix où le poète « souhaite retrouver au jour de (s)a mort l’enfant » qu’il fut. 

On pourrait lire ce volume parallèlement à la lecture du roman Mort d’un jardinier auquel il est étroitement rattaché.


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