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[Critique] ALIEN : COVENANT

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] ALIEN : COVENANT

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Titre original : Alien : Covenant

Note:

★
★
★
★
½

Origine : États-Unis/Grande-Bretagne
Réalisateur : Ridley Scott
Distribution : Katherine Waterston, Michael Fassbender, Danny McBride, Billy Crudup, Demian Bichir, Carmen Ejogo, Callie Hernandez, Jussie Smollett, James Franco, Guy Pearce…
Genre : Science-Fiction/Horreur/Épouvante/Suite/Saga
Date de sortie : 10 mai 2017

Le Pitch :
Le vaisseau Covenant fait route vers une planète lointaine afin d’y établir une colonie. En chemin, un incident contraint Walter, l’androïde en poste, de réveiller l’équipage, qui perçoit alors un étrange signal en provenance d’une autre planète, située non loin de leur position. Un endroit où tous les éléments semblent réunis pour le développement de la vie. Mais quelque chose attend les femmes et les hommes du Covenant, qui sont loin de se douter du danger qu’ils courent…

La Critique d’Alien : Covenant :

Alien, le Huitième Passager fait partie de ces pierres angulaires de la science-fiction. Le genre qui a inspiré des générations de cinéastes et qui n’a jamais cessé d’étendre son pouvoir sur un style qui depuis, ne cherche finalement qu’à se rapprocher d’une extraordinaire puissance évocatrice restée intacte. Et si James Cameron avait brillamment réussi à rebondir sur le premier volet pour offrir sa propre interprétation, guerrière et viscérale au possible, force est de reconnaître que les suivants, malgré les qualités évidentes du troisième épisode, avaient surtout traduit l’essoufflement d’une franchise sur laquelle le sort s’est acharné quand ont successivement frappé Alien vs Predator 1 et 2. Mais Ridley Scott, l’homme qui avait donné naissance à Alien (bien aidé par Dan O’Bannon, Walter Hill et HG Giger bien sûr), avait des plans pour sa créature. Des plans superbement ambitieux comme nous l’a montré Prometheus, puis comme nous le confirme cet incroyable roller coaster autant horrifique qu’émotionnel qu’est Alien : Covenant

Alien-Covenant

Back To Basics

L’intrigue d’Alien : Covenant débute 10 ans après les événements survenus dans Prometheus. Un nouveau vaisseau trace sa route dans l’immensité de l’espace, en direction d’une planète, et se voit forcé de changer son itinéraire pour retrouver la source d’un mystérieux signal. Un signal venant d’une terre aussi magnifique que mortelle vu que des Xenomorphes, ces horribles monstres que l’amateur de cinéma de genre aime tant, y ont élu domicile voilà des lustres. L’histoire, on la connaît un peu déjà. John Logan, l’un des deux scénaristes, dont nous avons pu apprécier le travail sur la série Penny Dreadful ou récemment avec Genius, ne cherche pas à esquiver les codes inhérents à la saga, comme avaient pu le faire Alien 3 ou Alien la Résurrection. Là, on rentre de suite dans le vif du sujet et on annonce la couleur, tout en faisant le trait d’union avec Prometheus et ses velléités disons plus philosophiques. Ce qui fait qu’au final Alien : Covenant est à la fois plus confortable que son prédécesseur, mais aussi très ambitieux. Car au fond, il était plutôt risqué, voire casse-gueule de continuer à surfer sur des ressors connus, tout en prétendant étendre un peu plus un univers ultra calibré et apprécié, sujet à des fantasmes qui pour certains, se heurtent parfois à une réalité rejetée en bloc. Alien, pour beaucoup, c’est intouchable. Y compris par le type qui a tout commencé, qui pourra bien faire ce qu’il voudra, n’arrivera jamais à rééditer l’exploit. Il y a de grandes chances qu’on fasse d’ailleurs le même genre de procès à Blade Runner 2049. Le culte reste le culte et plus les années passent et plus la perspective de voir débouler une suite ou un préquel à la puissance au moins équivalente se fait rare. De toutes ces considérations, Ridley Scott s’en moque. Il a 80 balais, n’a plus rien à prouver et fait des films pour ceux qui sont prêts à le voir prendre des risques. Pour les spectateurs plus ouverts à des changements et à diverses audaces pouvant être interprétés par d’autres comme de véritables sacrilèges. Ainsi, autant dire qu’Alien : Covenant, comme Prometheus et probablement tous les Aliens qui vont débouler dans les années qui viennent, va avoir droit à sa volée de bois vert. Dommage quand on voit le boulot accompli et l’énergie folle qui se dégage de ce survival ultra violent, non seulement respectueux de ses personnages, mais aussi de son public.

Monster Opera

Avec une fougue et une envie d’en découdre que peu de réalisateurs de sa génération peuvent se targuer d’avoir conservé, Ridley Scott ne tourne plus autour du pot et raccorde la mythologie à laquelle il avait offert d’éloquentes origines dans Prometheus à celle de la bestiole à la mâchoire télescopique et au sang acide. Au début, tout va très vite. En quelques minutes à peine, profitant du fait que tout le monde connaît justement la chanson, Scott entreprend de préparer le terrain à l’affrontement entre les humains et les monstres. L’occasion pour lui de s’avérer tout particulièrement rentre-dedans et de nous gratifier de séquences parmi les plus violentes et gores vues dans la saga. Le tout parfaitement mis en scène grâce à un savant mélange de technologies modernes et de bons vieux effets en « dur ». Car si Scott a su évoluer avec son temps, faisant siennes les avancées en matières de sfx, il reste aussi l’un des plus solides garants d’un savoir-faire délicieusement old school. Ce qui se voit tout particulièrement dans Alien : Covenant, qui est donc brutal, sans concession, mais aussi brillamment mis en scène, au point de réserver de vrais moments de terreur pure, sans avoir recours à des artifices que Scott laisse volontiers aux petits jeunots. Tout le film est mu par une mécanique savamment huilée. Tous les rouages tournent parfaitement, rien n’est vraiment laissé au hasard et si on pourra déplorer le caractère prévisible de l’entreprise, il est difficile de ne pas s’incliner devant cette exécution sans faille, qui s’avère d’une redoutable efficacité. Alien : Convenant adopte, comme le tout premier opus, la dynamique du slasher, à laquelle viennent se greffer divers éléments, comme les réflexions que Scott continue de creuser sur l’origine de l’Homme, sa place dans le monde, son désir de conquête, allant même jusqu’à citer les grands penseurs et autres écrivains, plus ou moins directement (Lord Byron et Shelley). Déclinaison science-fiction de Frankenstein, le long-métrage est tout autant une chasse à l’homme qu’une partition plus lyrique portant sur des thématiques beaucoup plus larges auxquelles Ridley Scott et ses scénaristes laissent le temps de se développer. Ainsi, si Convenant est globalement plus axé horreur que son prédécesseur, des passages comme ce long échange autour de l’androïde Walter, interprété par Michael Fassbender viennent nourrir des ambitions non seulement louables mais aussi parfaitement à leur place dans un univers qui n’en finit plus de se développer de manière si passionnante qu’il est difficile de ne pas succomber.

Planète interdite

À nouveau en charge d’un casting pour le moins solide, au sein duquel certains en profitent pour tirer leur épingle du jeu, naturellement, face aux incontournables personnages en forme de victimes désignées (ce qui peut sonner comme une mauvaise chose alors que non, car rappelez-vous, nous sommes dans un slasher), Alien : Convenant voit Michael Fassbender livrer une performance très viscérale et complexe. C’est lui qui mène la danse, au propre comme au figuré, face à une Katerine Waterston, dans le rôle de la Ripley de substitution, comme Noomi Rapace avant elle. Une tâche dont elle s’acquitte avec toute la sensibilité et la pertinence qui sont les siennes, plus en retrait jusqu’au climax qui lui donne l’occasion de venir renouer avec le badass exploité par James Cameron dans Aliens, le retour. Danny McBride, ici dans un registre très éloigné du monde la comédie, est très convainquant, sur tous les plans, et donc parfaitement à sa place, droit dans ses bottes, à l’instar de Demian Bichir ou encore Billy Crudup, dont le jeu traduit à la fois les failles et l’outrecuidance que le film entend souligner quand il aborde des questions universelles inhérentes à l’espèce humaine.
Forcément, la distribution confère un surplus de prestige à l’entreprise, qui vient s’insérer sans aucune anicroche dans la saga, se rapprochant encore un peu plus d’Alien, le Huitième Passager (qui se déroule donc après), sans renier, loin de là, l’identité de Prometheus, au risque d’à nouveau se mettre à dos les déçus.
En pleine possession de son art, aussi bien quand il filme les sublimes paysages de cette planète interdite que quand vient le moment d’y aller franco et d’envoyer du lourd et des gerbes de sang, acide ou non, à répétition, introspectif, roublard et bourrin quand les circonstances l’exigent, Ridley Scott prouve de bien des manières qu’il n’est pas revenu vers Alien pour enfiler des perles. On pourra tout à fait ne pas goûter au mélange audacieux et goûtu qu’il nous a préparé ici, quelque-part entre le lyrisme de Prometheus et les deux premiers épisodes, mais c’est normal. Après tout, son but n’est visiblement pas de chercher l’approbation de tout le monde. D’où, d’une certaine façon, ce qui s’en dégage. Cette horreur viscérale, ce discours si puissant et incarné et, on le répète, cette énergie démente, qui nous rapproche, alors que le dénouement se déroule sous nos yeux, d’une suite que l’on espère voir sur les écrans le plus tôt possible !

En Bref…
Ridley Scott offre une suite à Prometheus qui vient embrasser, du moins en partie, la dynamique d’Alien, le Huitième Passager, et nous gratifie d’un spectacle total, où l’horreur se taille une place non négligeable. Tantôt furieux, tantôt plus philosophique, mais jamais vain ou ne serait-ce que prétentieux dans son approche des grandes questions qu’il fait siennes, Alien : Covenant renoue avec des codes qu’il s’approprie. Il fait parler la poudre, soigne le fond et la forme, soutenu par une escouade de brillants acteurs, qui se font les vecteurs d’une peur bien présente. Du grand Scott, du grand Alien, du grand cinéma de genre !

@ Gilles Rolland

Alien-Covenant-cast
  Crédits photos : 20th Century Fox France


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