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Firmin, de Sam Savage

Publié le 11 mai 2017 par Onarretetout

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C'est un peu par hasard qu’il naît dans une librairie de Boston, « sur la carcasse effeuillée du chef d’oeuvre le moins lu au monde ». Il est le treizième d’une portée et sa mère n’a que douze mamelles. Mais ce n’est pas seulement ce manque qui motive sa quête. Naître parmi les livres, y apprendre spontanément la lecture, voire l’écriture malgré des membres souvent inadaptés à cette activité, prendre goût aux séances de cinéma d’après minuit dans le quartier parce qu’il y trouve de quoi manger certes, mais aussi le désir des « Mignonnes » qui s’agitent sur l’écran. Drôle de rat, donc, ce Firmin. On s’y attache plus que le libraire mais pas autant que Jerry Magoon. Et chaque page ou presque nous envoie sa dose de musique de jazz. C’est fou ce qu’un rat peut avoir de fantasmes. C’est peut-être à cause des livres, des films et de la musique. Il ne faut pas oublier la recherche initiale qui ouvre le récit autobiographique de Firmin, celle de la meilleure phrase pour commencer un livre. « À mon avis, en matière d’amorce, on n’a jamais surpassé celle du Bon soldat de Ford Madox Ford : "Voici l’histoire la plus triste qu’il m’ait été donné d’entendre." » Et, vrai, le quartier où vit le rat va être démoli, avec le théâtre, les commerces et la librairie. Jerry va tomber dans l’escalier, lui laissant un piano et l’image de Ginger Rogers. Toute sa vie, il aura cherché à retrouver le goût du livre où il est né, un livre de James Joyce, Finnegans Wake, dont le dernier mot s’enchaîne avec le premier.


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