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La Mémoire Nécropolitaine : quand « le futur de notre passé » s’invite au Père Lachaise

Publié le 14 mai 2017 par Daniel Leprecheur

Photographier l’architecture de la mort

A l’origine de ce projet, on trouve André Chabot, photographe fasciné par l’architecture mortuaire pensée comme une expression du deuil, de la mémoire, une projection du sentiment de mort. Fort de cette lecture, Chabot a passé sa longue vie d’octogénaire à traverser les continents et les cultures afin d’immortaliser tombes, concessions, cimetières, monuments et rituels afin de garder trace pour les générations à venir de ce qu’il nomme « le futur de notre passé ».

Avec sa compagne et complice Anne Fuart, ils ont créé l’association La Mémoire Nécropolitaine dans le but d’officialiser et d’encadrer cette volonté de collecte, tout en élaborant un véritable fonds documentaire de plus de 200 000 clichés glanés de par le monde, véritables témoignages des richesses funéraires communes à l’humanité. Des publications multiples, disponibles via leur site, rendent hommage à ces trouvailles, explicitent ces merveilles.

Une chapelle comme point d’ancrage

L’aménagement de la chapelle du Père Lachaise s’inscrit dans cette logique de partage. Inaugurée en 2013, elle a pour finalité de sensibiliser le public à ce projet impressionnant et inestimable, d’une façon adaptée et originale. Car pour cela, Chabot n’a pas hésité à reprendre une concession ; cette chapelle bâtie au milieu du XIXème siècle a d’abord accueilli les restes d’Anna Marguerita Kutsch, jeune femme issue d’une famille bourgeoise originaire d’Autriche.

Les ossements ayant été retirés, le photographe a investi le mausolée aux lignes épurées et austères. Remise en état, nettoyée, la tombe, contrairement aux usages, ne comporte aucune autre inscription que le nom de l’association à son fronton … et un code QR relié au site du photographe. Cependant et comme pour faire corps avec sa vocation, Chabot a prévu d’être enterré là à sa mort ainsi que sa compagne.

Le QR Code, véritable instrument du futur dans le monde du funéraire

Une réflexion sur l’art comme dépassement de la mort

Le geste est d’une grande portée, qui rattache un homme et son œuvre jusque dans l’au-delà … tout en interpellant le passant. Symbole fort sculpté au dessus de la porte, un pélican nourrissant ses enfants rappelle que l’artiste est là pour transmettre à autrui ses observations et ses fulgurances. Quant à l’objectif de l’appareil photo, il reflète les visages tel un miroir tendu depuis l’autre rive, sorte de vanité moderne qui évoque notre fin inéluctable.


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