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Bastien Vivès – Une sœur

Par Yvantilleuil

Bastien Vivès – Une sœurDélaissant un peu la BD pour l’instant et étant persuadé que Bastien Vivès se consacrait uniquement à « Lastman », je n’étais pas du tout au courant de la sortie de cet album réalisé en solo. C’est en entendant la chronique de Mat Van Overstraeten sur PureFM que j’ai réalisé cette lacune, m’incitant à immédiatement faire un petit détour par ma librairie préférée pour corriger le tir.

Après neuf tomes d’un manga à la française rythmé par l’action, l’auteur d’ « Elle(s) », du « Goût du chlore », de « Dans mes yeux » et de l’incontournable « Polina » revient vers un style plus intimiste en proposant ce roman graphique qui raconte les premiers émois sexuels d’un jeune garçon de treize ans.

Comme chaque été, Antoine passe ses deux mois de vacances dans la maison familiale au bord de la mer sur l’Île-aux-Moines. La routine des années précédentes se retrouve néanmoins chamboulée par l’arrivée d’une amie de sa mère et de sa fille Hélène, âgée de seize ans. Au lieu de passer son temps à dessiner ou à chasser des crabes avec son petit frère, Antoine va se lier d’amitié avec cette « grande sœur » et se découvrir de nouveaux sentiments…

Très belle, un peu rebelle, charismatique dès sa première apparition et parfaitement consciente de son pouvoir de séduction, Hélène bouscule le quotidien pépère d’Antoine. Au contact de cette fille de trois ans son aînée, Antoine découvre l’alcool, les soirées et le sexe, passant ainsi de l’enfance à l’adolescence en l’espace d’une semaine qu’il n’est pas près d’oublier.

Si cette transition effectuée par Antoine s’avère un peu rapide et probablement trop précoce et que le sujet abordé par Bastien Vivès est de surcroît particulièrement casse-gueule, il s’en sort néanmoins une nouvelle fois avec grand brio. Cette relation très ambiguë, renforcée par la connotation incestueuse du titre, flirte constamment avec le politiquement correct, mais l’auteur parvient à ne pas déraper malgré quelques passages assez explicites. La naissance du désir d’Antoine est en effet narrée avec une sensibilité rare, permettant à Vivès d’aborder des sujets délicats avec grande justesse.

Ce one-shot ne manquera d’ailleurs pas de réveiller des souvenirs profondément enfouis chez tous ceux qui ont traversé cette période où l’on commence à braver les interdits, à faire des conneries et à découvrir le sexe. Cette nostalgie d’une jeunesse certes envolée, mais gravée de manière indélébile dans notre cœur et dans notre mémoire ne manquera pas de séduire la plupart des lecteurs.

Visuellement, le style cinématographique et immédiatement reconnaissable de Bastien Vivès fait également de nouveau mouche. Il y a tout d’abord cette colorisation en nuances de gris qui renforce l’aspect nostalgique de cette histoire qui réveille inévitablement certains souvenirs, mais il y a surtout ce dessin fluide, épuré et délicat, capable de saisir la moindre émotion à coups de non-dits et de regards qui en disent souvent plus long que des cases pleines de texte.

Quel talent !

Retrouver cet album dans mon Top BD de l’année !

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