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Café Society. La vie est un long fleuve

Par Balndorn
Café Society. La vie est un long fleuve

« La vie est une comédie, écrite par un auteur sadique ».
Woody Allen, génial dialoguiste, livre avec son dernier Café Society une analyse très humaine de nos trajectoires existentielles.
Le Hollywood des années 30, entre parades mondaines et désirs cachés, offre un cadre magnifique pour que s’entremêlent les destins individuels.
Les films sur Hollywood semblent se multiplier ces deux dernières années. Après l’exploration de la psyché de l’acteur dans Birdmanet la célébration des puissances humaines formidables par Ave, César !, Woody Allen vient à son tour soulever le voile des apparences et se mettre en quête de l’humain sous les fards hollywoodiens.

À la différence des deux autres films, Café Society a pour protagonistes deux personnages qui n’appartiennent pas directement à la sphère médiatique de Hollywood. Ils y travaillent, certes, ils côtoient les stars, mais ils se moquent de leurs poses et de leurs villas outrancières pour cultiver un amour discret, fait « de droiture ».
C’est sans doute par ce choix d’explorer les à-côtés du monde des studios que Café Society apparaît indéniablement plus mélancolique que Birdmanet Ave, César !. Ni spectaculaire passionnel, ni satire sociale, mais l’introspection à la fois douce, comique et tragique d’un triangle amoureux comme seul Woody Allen sait les faire.
Kristen Stewart et Jesse Eisenberg y sont pour beaucoup. Leurs visages, discrets et expressifs, expriment avec subtilité toute la palette des émotions humaines. À la surenchère plastique de Lex Luthor dans Batman vs Superman, Eisenberg offre ici un jeu humain, qui naît au coin de ses lèvres, tour à tour agacées ou avenantes. Stewart a un jeu similaire, plus humble encore. Des spectres de passions en mode mineur défilent sur ses sourires légers et ses regards baissés ; son visage, tout en retenue, témoigne d’une existence modeste, qui sait vivre des lumières de l’ombre.
Leurs destins croisés, perdus, retrouvés, regrettés, sont à l’image de la société humaine selon Woody Allen. On s’y perd beaucoup, s’y retrouve souvent, s’y cherche tout le temps. Vonnie et Phil réfléchiront à loisir à leur choix, Bobby et Evelyne à remodeler l’être aimé.
Une sorte d’existentialisme hédoniste traverse Café Society. La vie comme flux permanent d’êtres, sur une seule et même terre, où naissent choix, regrets et responsabilités. On comprend le souhait de Ben : « J’ai besoin de croire en une vie après la mort. »
Sans doute pour prolonger, éternellement, l’inlassable jeu du désir qu’on appelle l’existence.
                               Café Society. La vie est un long fleuve
Café Society, de Woody Allen, 2016
Maxime

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