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Get out

Par Kinopitheque12

Jordan Peele, 2017 (États-Unis)

Get out

Thriller qui rate complètement de parler de la question noire américaine de manière aussi certaine que le réalisateur place, dans un plan en accroche, une fléchette posée dans l'appartement de la victime noire (futur survivant, futur héros) et, le plan suivant, une cible pour fléchettes dans une villa où la victime justement se retrouve séquestrée (alors que jamais le film ne fait autrement allusion à ce jeu). Le film m'a énervé dès la première scène inutilement bavarde. Le noir, perdu dans une banlieue pavillonnaire (!) la nuit, et suivi par une voiture blanche (!), la chanson Run rabbit run de Flanagan and Allen poussée très fort, et le bonhomme, très prochaine victime, se met à commenter son malaise à voix haute... Repensons simplement à l'efficacité de cette scène sans les commentaires...

Le film a continué ensuite à m'énerver dès la fin de la troisième scène, lorsque Daniel Kaluuya et Allison Williams ont eu cet accident de voiture. Ils ont percuté un cerf et la police est là. Que fait la police là ? Le scénario justifie sa présence pour nous faire croire que la copine blanche prend la défense de son soi-disant petit ami " confronté " à l'agent de police et ainsi la tenir à l'écart de tout soupçon pour les situations à venir. Mais la raison, elle, ne justifie en rien la présence de la police. Appelle-t-on la police après avoir percuté un animal sur une route de campagne alors que personne n'est blessé (sauf l'animal, ça je le concède) et que la voiture est toujours en parfait état de marche (sauf un phare, mais bon... on est en plein jour) ? Pense-t-on attendre la police un temps certainement long dans pareil endroit et pareille situation ? Une ellipse dans le film pour tenter de pallier l'incohérence ne suffit pas.

Thriller qui lorgne du côté du slasher (production Jason Blum comme The visit, 2015, et , 2017, de Shyamalan), dans lequel tout est très prévisible, que ce soit la réaction des parents, des convives, des domestiques noirs... Rien de ce que Jordan Peele (il signe le scénario) a pensé comme devant être bizarre ou angoissant pour le spectateur ne l'est vraiment (sauf pour une personne qui n'aurait pas vu beaucoup de thrillers ou de films d'horreur). On pense assez vite à la trame des Femmes de Stepford (Bryan Forbes, 1975, ou le remake amusant de Frank Oz, 2004). Get out est un fourré d'incohérences dans lequel on tombe assez rapidement à cause des faiblesses du scénario et des maladresses de mise en scène. Le père est un chirurgien et la mère psychiatre hypnotiseuse : quelle combinaison surprenante... Les opérations pratiquées sont... imbéciles. Les réactions des personnages souvent contraire au bon sens (par exemple quand il découvre, ô surprise, que sa copine est dans le coup...). Même une explication au comportement de cette famille de détraqués est avancée : le grand-père blanc s'était fait battre aux jeux olympiques de 1936 par Jesse Owens...

Lors de la petite fête dans les jardins, le personnage de Daniel Kaluuya dit qu'il va prendre " quelques clichés ", mais tout le film en est fait (clichés sur les noirs, clichés de réalisation). " Get out " c'est le conseil donné aux spectateurs qui se seraient installés devant ce film. Get out c'est le film à plonger dans " le gouffre de l'oubli " le plus rapidement possible. Ma voisine tapait des textos pendant le film, elle a moins perdu son temps que moi. En fait, à propos de la question noire américaine, j'aurai dû aller voir I'm not your negro de Raoul Peck (2017).


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