Magazine France

La Tentatrice chaude

Par Eric Mccomber
Je suis en train de me laver consciencieusement tout partout, lorsque je remarque un vrombissement familier qui me ramène directement quelques années en arrière, à l'époque où je frayais chez les gouinettes. Il me faut quelques instants avant de mettre le doigt dessus, si je puis me permettre, et en attendant je procède au récurage de ce petit chapounet qui nous différencie des tricératops. C'est en voyant croître ledit appendice qu'une épiphanie m'arrache violemment à mon récent mysticisme monastique pour me rappeler que jadis, j'eus une vie trépidante de goûteur de moules, de biogode, de tendre jardineur des combles roses. Pourvu que ça ne soit pas un homme, me dis-je, jetant un regard attendri sur le gourdin vigoureux qu'est devenu l'objet de mes ablutions.
Un gémissement retentit.
— Ooooouuuiiiiouhhhhaaaaa.
Je reste incrédule. Abasourdi. Intimidé !… Il s'agit d'une plainte de tonalité exotique, succulente, impudente, sucrée, gutturale, tendre, rauque, fruitée, assurée, assumée, et… Féminissîme. Ça continue tout au long de ma douche, puis tandis que je me sèche, et ça se poursuit encore alors que je me vêtis et que je lave mes dents.
—Ououhhhouhouhouiiiihaaaahh !
Je sors du cubicule. C'est une heure creuse aux sanitaires et nous y sommes seuls, l'opératrice de l'appareil et moi. Je m'approche de sa porte en me raclant légèrement la gorge. Les soupirs s'interrompent, le micro-moteur pulse au ralenti, curieusement étouffé. Une halètement retenu me parvient. J'ai la tête qui tourne tant la tension est palpable. Six semaines sans hydromel !… Tant pis !… Fuck tout !… Je chuchote sur une note rigolarde :
— Besoin d'aide ?… Need help ?… Se falta ayuda ?…
Pas de réponse. Le petit moteur poursuit son ronron étouffé. Trois jeunes macaques blonds entrent en trombe en s'esclaffant très fort avec cette niaise brutalité des garçons qui craignent de se retrouver entre mecs dans les toilettes. Le charme est rompu. Je vide les lieux, non sans placer mon sac devant moi. Comme je pose le pied dans le gravier, je pourrais jurer entendre une toute petite voix enrouée.
— Yes. Please.
—© Éric McComber

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eric Mccomber 400 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog