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Big Bang Memorial : tombes fleuries, action citoyenne et cimetière vivant !

Publié le 16 juin 2017 par Daniel Leprecheur

A l’origine de ce projet, nous trouvons l’artiste plasticienne Gaëlle Le Guillou. Longtemps elle a regretté le caractère dépouillé et assez lugubre du cimetière traditionnel français, un espace qui, si il est dédié à la mort, devrait tisser du lien social, une ouverture sur autrui. Forte de ces principes, Gaëlle a initié ses premières actions participatives au sein du cimetière de la Bouteillerie.

Son objectif : encourager les riverains à venir fleurir les sépultures, à planter des graines pour revivifier ce lieu minéralisé par les stèles et les caveaux. Ce faisant, les jardiniers improvisés découvrent les richesses d’un patrimoine architectural funéraire dont ils ignorent tout.

Montrant l’exemple, Gaëlle Guillou a carrément loué une concession sur quinze ans, transformant l’emplacement de sa future tombe en petit potager agrémenté de courgettes et de tomates … qu’elle a du reste pu consommer avec bonheur et satisfaction. Elle a néanmoins pris soin de cultiver ces plantes hors sol en séparant le terreau utilisé d’avec la tourbe du cimetière afin de neutraliser toute contamination. Ce n’est pas une surprise, et nous avons souvent soulevé le sujet dans nos chroniques, le sous-sol des cimetières est pollué par les pesticides employés pour l’entretien comme par les liquides de conservation utilisés en thanatopraxie.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la mairie de Nantes soutien le collectif, qui va dans le sens de sa politique d’assainissement. Si elle a réussi à réduire l’usage des pesticides dans l’espace public de 90 %, l’agglomération peine à y parvenir dans l’enceinte des cimetières. Aussi les opérations du Big Bang Memorial sont-elles appréciées et épaulées, car elles permettent de réinstaurer un écosystème qui progressivement évitera l’usage de produits corrosifs et toxiques.

C’est ainsi que petit à petit, au fil des rendez-vous et des week-ends, les tombes créatives se multiplient, ainsi l’îlot poétique qui refleurit l’ossuaire.

Séances d’arrosage collectifs, plantage d’arbres de différentes essences, visites guidées et petits pique niques, le collectif doucement mais sûrement constitue une communauté de fidèles, qui prennent conscience de l’importance d’une végétalisation urbaine jusque dans les terrains communaux.

Cette préservation partagée d’un site sacralisé vise par ailleurs à endosser ensemble le devoir de mémoire, l’hommage aux disparus, dont chacun a ainsi la responsabilité. Le discours est fort, qui extrait le souvenir de sa sphère intime pour le situer au centre des préoccupations du groupe. Ce n’est cependant pas du goût de tous : la municipalité reçoit régulièrement des lettres d’indignation face à ce manque présumé de respect.


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