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Amarres, de Marina Skalova

Publié le 19 juin 2017 par Francisrichard @francisrichard
Amarres, de Marina Skalova

Un inconnu accoste sur une île. Il a fait davantage qu'y jeter ses Amarres: il a tiré son bateau sur le rivage. La langue des habitants ne lui est pas étrangère, mais il ne comprend pas leur accent, comme ils ne comprennent pas le sien.

Le jour déclinait. Il semblait rougir de devoir disparaître.

Il a faim, mais rien à manger n'est laissé dans les rues. La ville est d'une propreté immaculée. Pour dormir il s'installe dans l'entrée d'un immeuble. Où il fume, pour chasser sa faim. Par précaution il attache son sac à une grille d'égout.

Il a préparé son voyage. Il s'est renseigné sur les usages, sur les convenances. Pour ne pas se faire remarquer, pour que tout se passe bien, il a acheté un habit clair, discret. Il s'est efforcé de comprendre les croyances pour être plus proche.

Mais, dans une île, univers fermé sur lui-même, il est bien difficile d'abolir les distances entre les autres et soi quand on est pour eux l'étranger et qu'on est différent, de manière visible. Quelque effort qu'il fasse, il sent bien qu'il leur demeure suspect.

Trouver à se loger n'est pas aisé. La chance lui sourit pourtant. Il n'est pas surprenant qu'elle prenne le visage d'un vieil homme, l'un des seuls de l'île à avoir parcouru le monde, c'est-à-dire à s'être ouvert l'esprit et à parler une langue limpide.

Comme ce dernier veut reprendre la mer, il lui laisse son atelier, où le nouveau venu croit avoir trouvé refuge, mais les soupçons demeurent et l'hostilité continue de se manifester envers lui. Il est facile de lui imputer les éléments contraires qui surviennent...

La tension monte dans le récit que fait le narrateur de Marina Skalova, à peine freinée par le fait d'avoir été, un soir, invité à manger, chez des autochtones. Car il a ressenti, sans raison, quelque chose d'étrange en leur serrant la main.      

Ce ressenti est en réalité un pressentiment. Même s'il se sent heureux sur l'île, même s'il voudrait ne jamais en repartir, il sait bien, au fond de lui-même, que tout cela ne [durera] pas. Il ne peut pourtant pas imaginer le sort qui lui est promis, inéluctablement...

Francis Richard

Amarres, Marina Skalova, 80 pages, L'Âge d'Homme

Livre précédent:

Atemnot (Souffle court) Cheyne (2016)


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