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Fest’Up : l’innovation au service de la cohésion et du sens

Publié le 15 juin 2017 par Aude Mathey @Culturecomblog

On le sait et on le répète souvent sur Culturecom : les outils digitaux ont largement transformé le champ culturel et les attentes des publics : design d’expérience, co-construction, coopération, personnalisation… Autant de préoccupations qui sont, de plus en plus, au coeur des réflexions menées par les acteurs culturels. Des musées aux salles de spectacles en passant par les lieux patrimoniaux, le monde culturel continue à se réinventer… Innovation, réinvention, le numérique fait bouger les lignes au coeur de la vie culturelle. S’adapter, créer, semble être un leitmotiv. Il n’est plus une révolution. Notre évolution se fait de pair avec lui. Les innovations portées par le programme Fest’Up (initié par France Festivals) ne dérogent pas à la règle. Elles montrent que lorsque le numérique est pensé en connexion / cohérence avec un projet artistique / culturel fort, il est un formidable vecteur de sens.

Innovation et musique  

Du côté de Miami et de la New World Symphony, le terme de connecting audiences prend tout son sens : régie avec une dizaine de caméras robotisées, retransmission live de concert en extérieur, salle de concert conçue comme « un night-club pour pour la musique classique, musiciens qui présentent en vidéo la partition qu’ils vont jouer ou y débriefent leurs concerts… »

En France, on peut citer le cas de l’Insula Orchestra (Laurence Equilbey), qui explore des formes scéniques différentes, avec des plasticiens, des metteurs en scène. Mais aussi le projet du Centre Culturel de rencontre des Dominicains à Guebwiller, qui associe dans son projet musique et technologies numériques et qui souhaite faire de chaque concert « une expérience unique et immersive ».  Il y a aussi l’Abbaye aux Dames, la cité musicale, à Saintes et son projet « Musicaventure » où la musique est le personnage central de circuits d’interprétation / de visite en réalité augmentée sonore… On pourrait encore étirer la liste à l’envie… Les idées ne manquent donc pas

Le projet Fest’Up

Au sein de France Festivals et parmi ses membres, les idées ne manquent pas non plus. Du côté de la Fédération Française des Festivals de Musique, on estime que chaque festival est « un vecteur de cohésion sociale et de démocratisation culturelle ». Et l’on part du principe qu’au sein de ces véritables « micro-laboratoires de sociétés » des solutions propices à la coopération peuvent voir le jour.  Ainsi, France Festivals a lancé le projet Fest’Up : « un programme qui labellise et encourage trois projets numériques et solidaires portés par trois festivals ».

S’appuyant sur la vitalité des 3 000 festivals existants, France Festivals encourage,  en effet, de nouveaux projets, collaboratifs et innovants. Ils doivent être fondés notamment sur les outils numériques et soucieux de mettre en place de nouveaux modes de solidarité vis-à-vis des publics. La Fondation Groupe EDF accompagne le dispositif Fest’Up (1€ levé via le crowdfunding génère 1€ de dotation de la Fondation Groupe EDF).

Le projet se déploie en plusieurs étapes.

  • Un appel à projet ouvert à tous les festivals
  • La labellisation de 3 projets originaux & innovants portés par 3 festivals
  • Un accompagnement de leur développement via une Ruche de travail collaboratif et multi-partenarial
  • La co-création et le lancement d’une campagne de financement participatif (sur le site collecte.festup.fr) pour soutenir et concrétiser 3 projets culturels innovants et inclusifs.

Fest’Up : l’innovation au service de la cohésion et du sens

Trois projets numériques au service de projets de sens

Parmi les projets proposés, trois ont donc retenu l’attention. Immersion du public, performance artistique dans l’espace public, réalité augmentée, les projets de Besançon, Rocamadour et Bordeaux proposent des projets basés sur le numérique. La finalité ? La ligne directrice est, qu’au-delà de l’utilisation d’outils digitaux, ces projet soient « vecteurs de cohésion sociale ».

Il est également intéressant de constater que, chez les trois lauréats, on n’a pas innové pour innover. Chacun des projets est parfaitement en accord avec l’ADN, le positionnement / le projet de sens de chaque festival.

L’orchestre symphonique compose une large partie du Festival de Besançon Franche-Comté. Ce festival (l’un des plus vieux de France avec le Festival de Cannes) a notamment été l’un des premiers à créer un concours de chef d’orchestre. Quoi de plus naturel donc, que de donner au public, via une installation sonore et visuelle, la possibilité d’interagir avec un orchestre virtuel ? Les spect’acteurs pourront ainsi par leurs déplacements (collectifs ou individuels) décomposer ou recomposer une oeuvre symphonique. Devenir le temps d’un moment, un chef d’orchestre, c’est la proposition du Festival de Besançon. L’installation est proposée en plein air et en accès libre dans une cour (lieu ouvert au public mais semi-fermé, permettant à l’installation d’être protégée du brouhaha de la ville). Elle s’adresse à tous, néophyte et mélomane, petits et grands, avec différents niveaux de lecture. Elle permet aussi de mieux appréhender la composition et la construction d’une pièce symphonique.

Du côté de la Nouvelle Aquitaine, le Festival des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) se veut un endroit de la « première découverte, de l’étonnement, du désir». C’est sur leur trajet quotidien (dans le tram) que les bordelais seront confrontés à l’étonnement. Le projet « Travelling music » offrira aux voyageurs de la ligne C du tram de Bordeaux de découvrir en réalité augmentée à travers les vitres, des musiciens du monde accompagnant leur parcours et pourra simultanément par le biais d’une application faire entendre la musique de ces artistes .

Enfin à Rocamadour (Lot) et au festival de musique sacrée, la musique sacrée entre en résonance avec le lieu : lieu de pèlerinage, écrin patrimonial et vertigineux… Mais aussi avec contemporanéité et innovation : création contemporaine (Francis Poulenc), spectacle au fond du Gouffre de Padirac, création d’un grand orgue sous la forme d’une oeuvre d’art unique… Et quand le Festival de Rocamadour souhaite utiliser les technologies numériques c’est au service d’un questionnement précis : Comment peuvent-elles permettre de créer du lien entre les personnes, permettre d’amener à la découverte de l’art et de la transmission de la culture ? Les Litanies de Rocamadour, le projet du Festival, lient ainsi via la réalité virtuelle, l’esprit du lieu, le compositeur contemporain Francis Poulenc et le grand orgue. Elles révèle au coeur d’un parcours musical et immersif l’histoire et la beauté du site lotois.


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