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Mon prix à l’ICHEC…

Publié le 28 juin 2017 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Quel agréable début de soirée, hier soir, à l’ICHEC, Bruxelles. J’avais l’honneur de remettre le prix qui porte mon nom (Inutile de vous dire que la première année, j’ai vraiment pensé qu’il s’agissait d’une caméra cachée !) et qui est attribué depuis une quinzaine d’années à un mémoire écrit dans une belle langue française. Voici in extenso le petit message que j’ai transmis…

Merci Madame le recteur Brigitte Chanoine,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir !

Voilà une formule obsolète que l’on n’utilise plus guère. D’ailleurs « plus guère » non plus ne s’emploie plus…

C’est que tout évolue ! Et depuis quelques années, l’évolution s’est accélérée rendant – parfois d’une année à l’autre – des expressions, des mots, des phrases incompréhensibles pour les nouvelles générations.

Un exemple :

Être aux abonnés absents : c’est-à-dire Ne pas donner signe de vie

Jusque dans les années 1960, pour atteindre un correspondant par téléphone, il fallait passer par une opératrice. Celle-ci répondait de vive voix et dans sa centrale téléphonique établissait la connexion avec le correspondant souhaité à l’aide de fiches enfoncées dans un panneau mural. Comme le « répondeur » n’existait pas encore, lorsqu’on souhaitait signaler une impossibilité de répondre au téléphone, on pouvait utiliser le service des « abonnés absents » en se faisant inscrire sur une liste. Dans ce cas, l’opératrice informait l’appelant que la personne demandée était absente.

Avec l’arrivée des répondeurs automatiques et des nouvelles technologies, le service a disparu, mais l’expression s’utilise encore au figuré pour signifier que quelqu’un ne répond pas à un appel ou à une demande. Et même le plus souvent, c’est refuser de répondre. (en avant-première d’un prochain livre sur les expressions à sortir chez Racine à la rentrée)

Une personnalité relativement jeune interviewée en télévision, il y a peu, a répondu à propos de son âge :

« Vous savez, je suis d’un temps où lorsque mon téléphone sonnait, je ne savais pas qui m’appelait ! »

Il est évidemment essentiel pour communiquer et par le langage en particulier, de connaître le sens de chaque mot.

Et de ne pas se fier aux apparences. Voici quelques exemples :

Avoir le bourdon (il ne s’agit pas de l’insecte, mais de la grosse cloche)

Ramasser une gamelle (il ne s’agit pas d’une casserole, mais d’un gadin, coup)

Depuis des lustres (il ne s’agit pas de l’appareil d’éclairage au plafond, mais de la durée romaine de cinq ans)

Faire du plat (il ne s’agit pas de vaisselle, mais du plat de la langue)

Être sur son 31 (il ne s’agit pas du nombre, mais de la déformation du mot « trentain », un tissu de grande qualité)- composé de trente centaines de fils)

Bref, le langage étant le reflet de la civilisation, nous avons là matière à réflexion : la vitesse, la culture, la compréhension, le dialogue, etc.

Venons-en au Prix 2017, la 15e remise de ce prix qui sincèrement m’honore,

et aux appréciations du jury, que je remercie :

Ingrid Bawin, Solange Simons, Laurence Lievens, Christophe Georis et Martine Meersschaut, qui coordonne avec efficacité toute la réalisation du Prix.

Il s’agit donc de couronner l’auteur d’un Mémoire écrit dans la meilleure langue française, malgré le sujet forcément lié à des thèmes peu ou moins littéraires.

Je vous livre quelques-unes des remarques que j’ai pu recueillir lors de la délibération, à propos du Mémoire retenu cette année :

La richesse du vocabulaire. Exemples : un coût gargantuesque, un joli terme ancien de la langue. Mais aussi l’autosolisme. (Qui est le fait de circulier seul dans une automobile, un terme qui n’a qu’une dizaine d’années d’usage seulement).

La recherche stylistique. Les titres sont courts et efficaces,  ce qui était d’ailleurs une recommandation du promoteur Monsieur Benoît Piraux. La façon de raconter est originale et attrayante. Prenons comme exemples le début et la fin de la conclusion – en sachant que le sujet concerne la voiture en ville :

« Nous voilà arrivés au terme de notre périple. Nous prenons notre smartphone et verrouillons les portes de la voiture qui nous a accompagnés tout au long de notre parcours. Force est de constater que la route est encore longue pour améliorer la mobilité au sein de la Région. »

et la fin :

« Le free floating (traduit ailleurs en « flotte libre ») n’en est donc qu’au stade embryonnaire et devra encore évoluer dans les années à venir pour constituer un atout de la mobilité bruxelloise.

À vos marques. Prêts ? Roulez ! »

Un mot enfin de la forme : Il y a des décennies, nous aurions pu admirer la calligraphie, mais, signe des temps, aujourd’hui un membre du jury a apprécié que les conclusions intermédiaires étaient imprimées sur fond gris, alors qu’un autre membre du jury a apprécié la lecture aisée car le texte était en Arial 12 !

Pour l’obtention du diplôme de Master en Sciences Commerciales, le mémoire s’intitule « La solution du free floating comme amorce d’un nouveau paradigme de la mobilité au sein de la région de Bruxelles-Capitale »

Et nous sommes heureux d’attribuer ce 15e prix à Dorian Thyssens.

Voici des livres offerts par la région de Bruxelles-Capitale et les éditions Racine.

Bonne soirée et merci pour votre accueil.

Mon prix à l’ICHEC…



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