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[Critique] BOKEH

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] BOKEH

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Titre original : Bokeh

Note:

★
★
★
½
☆

Origines : États-Unis/Islande
Réalisateurs : Andrew Sullivan, Geoffrey Orthwein
Distribution : Maika Monroe, Matt O’Leary, Arnar Jónsson…
Genre : Drame
Date de sortie : 22 juin (Netflix)

Le Pitch :
En vacances en Islande, un couple d’Américains se réveille un matin et s’aperçoit que tout le monde a disparu sans laisser de traces. Incrédules, ils font le tour des commerces et des maisons environnantes mais ne trouvent personne. Quand ils tentent de joindre leurs familles aux États-Unis, personne ne répond non plus. La Terre semble s’être vidée de tous ses habitants. Seuls eux subsistent, dans une contrée éloignée de leur foyer…

La Critique de Bokeh :

Les films de fin du monde sont légion et peuvent pourtant s’avérer aussi différents que peuvent l’être un trip pyrotechnique de Michael Bay et un long-métrage de Woody Allen. Ainsi, Bokeh, qui emprunte son nom à un terme photographique qui désigne le flou artistique en arrière-plan sur un cliché, ne cherche pas à en mettre plein la vue mais se « contente » d’observer les effets d’une apocalypse mondiale très « discrète » sur un couple de rescapés, perdus loin de chez lui, en Islande.

Bokeh-Matt-Oleary

Terre de glace

L’Islande d’ailleurs, est le troisième personnage de ce périple existentiel et peut-être le plus important. Andrew Sullivan et Geoffrey Orthwain, les deux réalisateurs, ont posé leurs caméras sur place et ont capturé la majesté et la beauté incroyable d’une série de paysages à couper le souffle, dont il ont extirpé toute la puissance et la poésie. Un cadre parfait qui n’appelle pas la moindre notion d’excès. Bokeh est en cela, et sur bien des aspects, un film contemplatif. Rien n’est vraiment expliqué. C’est la fin du monde et c’est tout. Les personnages évoluent dans un environnement abandonné par les humains. Il ne reste qu’eux deux et une nature aussi superbe que peu à peu de plus en plus intimidante et écrasante. À perte de vue, maintenant que le bruit des villes s’est tu, ne subsiste que cette beauté spectaculaire dont le cadre, pourtant très vaste, se referme progressivement sur la psyché des survivants d’un cataclysme silencieux, intervenu durant une nuit, dans un calme annonciateur d’une fin tout aussi paisible mais néanmoins angoissante.
La principale qualité de Bokeh est là : nous avons ici affaire avant tout à une œuvre purement esthétique. Le scénario tient sur un timbre poste et non ce n’est pas négatif car l’essentiel s’exprime à travers les images et les non-dits. Dans les déplacements de Maika Monroe et Matt O’Leary au sein de scénographies qui partagent leur grandiloquence et leur capacité à renvoyer l’écho de peurs de plus en plus tangibles. Et on pourra au fond penser ce qu’on voudra de la démarche des réalisateurs, difficile de leur enlever la beauté de leur long-métrage.

Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare

Beauté que l’on retrouve chez Maika Monroe. L’actrice, vue auparavant dans le tétanisant It Follows, personnifie sans avoir besoin de trop en faire, une certaine idée d’une beauté pure et se fait le miroir de la magnificence des paysages. Alors que l’excellent Matt O’Leary est davantage mu par une volonté de survivre, Maika Monroe se laisse porter par un spleen que le film relaie au cours de séquences presque hallucinées, où tout le lyrisme des intentions de base prend forme à l’écran, avec une conviction qui ne sera pas du goût de tout le monde, mais qui a le mérite de traduire un véritable parti-pris esthétique et narratif. On pourra ainsi résumer Bokeh à une série de clichés animés. Ce qui ne veut pas dire qu’on le réduit à une sorte de grande carte postale pour l’Islande ou encore à une ode aux courbes et aux traits de Maika Monroe, mais cela signifie tout simplement qu’on reconnaît sa vocation à communiquer des émotions et des sentiments en se passant le plus possible des mots. En contournant les restrictions inhérentes à un budget très limité (le gros a dû passer dans les billets d’avion pour rallier l’Islande), les cinéastes tracent leur route accompagnés par deux acteurs au diapason et livrent un poème face auquel on peut soit rester totalement hermétique et méchamment s’ennuyer, soit se montrer fasciné. Dans tous les cas, la cohérence est là. Bokeh n’a rien du film post-apocalyptique classique. C’est une espèce d’exercice de style. Une partition à fleur de peau qui appelle à un certain lâcher-prise.

En Bref…
Bokeh orchestre la fin du monde au sein des sublimes paysages de l’Islande, épaulée par la superbe Maika Monroe et Matt O’Leary. Parcouru de visions terrassantes de beauté, certes un peu vain, ce curieux petit film n’en reste pas moins passionnant la plupart du temps.

@ Gilles Rolland

Bokeh-Maika-Monroe


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