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Sorj Chalandon – Mon traître

Par Yvantilleuil

Sorj Chalandon – Mon traîtreLe traître de Sorj Chalandon se nomme Denis Donaldson dans la vraie vie. En tant que journaliste à Libération, Sorj Chalandon a couvert le conflit irlandais durant de nombreuses années et a bien connu celui qui avouera avoir trahi les siens pendant près d’un quart de siècle et qu’il nommera Tyrone Meehan pour les besoins de ce roman fortement autobiographique.

« Mon traître » invite à suivre les pas d’Antoine, un luthier français qui tombe, presque par hasard, amoureux de l’Irlande. Le narrateur de ce récit ne va pas seulement découvrir un pays qui l’accueille les bras ouverts, mais également y trouver une famille, dont il finira cependant par enterrer de nombreux membres… morts pour la cause !

« Mon traître » se déroule en effet dans l’Irlande de l’IRA, dans le Belfast des années 70 à 90 et dans des pubs où les tournées de Guinness permettent d’oublier la grisaille de quartiers marqués par la pauvreté et l’insécurité. C’est là, au milieu des chants louant la solidarité, la fraternité et les héros de cette cause qui les unit face à l’oppression britannique, qu’Antoine devient Tony. Nombreux sont même ceux qui l’appellent « Fils », dont Tyrone Meehan, le leader emblématique et charismatique du Sinn Féin, l’incarnation vivante de la cause, engagé dans l’IRA depuis sa prime jeunesse. Le tout est de savoir si la profonde amitié qui finit par lier les deux hommes, pourra survivre à cette incompréhensible trahison qui finit par émerger. En dénonçant ses camarades de l’IRA et en fournissant des renseignements aux anglais pendant 25 ans, le traître n’a pas seulement trahi la cause de l’IRA, mais également celle que le narrateur a fait sienne au fil de ses allers-retours entre la France et l’Irlande…

« Mon traître » ne propose pas uniquement une immersion dans l’histoire explosive de l’Irlande du Nord en compagnie de militants aussi déterminés que chaleureux, mais surtout une belle histoire d’amitié… et de trahison. Sorj Chalandon nous invite à oublier la grisaille et la solitude en côtoyant des personnages hauts en couleur qui vont trinquer et chanter avec nous et progressivement nous réchauffer le cœur avec cette flamme de patriotisme qui consume tout sur son passage. Si tout débute par un « Su casa es mi casa » visiblement de rigueur au sein de l’hospitalité irlandaise, au fil des pages leur bataille deviendra également la sienne… et même la nôtre…

Il ne me reste donc plus qu’à lire « Retour à Killybegs », qui propose le point de vue du traître en question et me permettra peut-être de mieux comprendre pourquoi il nous a trahis… notre traître, notre ami…

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