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534ème semaine politique: comment Jupiter essaye de rassurer les sympathisants socialistes

Publié le 30 juillet 2017 par Juan
534ème semaine politique: comment Jupiter essaye de rassurer les sympathisants socialistes

 Où l'on parle des œillades que Jupiter fait à sa gauche la plus proche et des débuts ratés des députés macronistes.


Jupiter joue à 1981
534ème semaine politique: comment Jupiter essaye de rassurer les sympathisants socialistesCe serait donc un "coup" politique, un sujet de discussion pour les conversation au coin du barbecue des Français en vacances. La nationalisation du constructeur naval STX, au chevet duquel déjà trois présidents se sont portés durant cette dernière décennie, est une belle opération: une heureuse nouvelle pour les salariés par une fermeture, et un coup présidentiel pour tenter de redresser une image en chute régulière.
Ce n'est pas la première fois que STX sert de paravent à président en mal de popularité. Macron emboîte les pas de Nicolas Sarkozy, là encore. Il y a 7 étés, quasiment jour pour jour, l'ancien monarque était le micro en main parmi des ouvriers et autres figurants à Saint-Nazaire pour se féliciter de la commande de quatre navires Mistral par la Russie. Deux ans auparavant, le même Sarkozy avait validé l'entrée de l'Etat au capital à hauteur de 33%. Une nationalisation partielle qui cachait la vente des deux tiers restants à des Coréens. Puis en juillet 2010, voici une commande russe. On comprit plus tard qu'elle n'était pas ferme. Il fallut encore 5 mois de négociations, pour découvrir ensuite que les autorités françaises avaient concédé un joli transfert de technologie. Les Russes avouèrent qu'ils espéraient combler leur retard.  L'information inquiéta nos partenaires de l'OTAN.
Sept ans plus tard,  Macron annonce la nationalisation pure et simple de l'entreprise. Le protocole d'actionnaires prévoyait une décision de l'Etat au 28 juillet au plus tard.  Macron nationalise troispetites semaines à peine après que son nouveau fidèle Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances qui se prend pour aussi pour un Dieu antique (mais grec), a promis pour une dizaine de milliards de privatisations (dont celles des aéroports parisiens...). On appelle cela du pragmatisme. Gageons que les libéraux sont devenus gris, la boule au ventre.
Mince, le politique peut prendre le dessus sur l'économique quand il le doit. 
En 2010, le Président des Riches louait le savoir-faire ouvrier. En 2017, son digne héritier nationalise. La réalité politique française est décidément cocasse.
En 2010, Sarkozy était quand même venu sur place. La démarche valait le détour, en pleine réforme des retraites qui allait prolonger jusqu'à 44 ans le nombre d'années de cotisation nécessaire pour une retraite pleine de la plupart des ouvriers silencieux présents autour de lui ce jour-là.  Sarkozy fit du grand Sarkozy. Il reconnut la pénibilité du métier, tout en escamotant que sa réforme ne la prenait pas en compte !
Emmanuel Macron n'a pas annoncé de déplacement à Saint-Nazaire. Les temps ont changé. Jupiter se retranche à l'Elysée. Il évite les discours, préfère l'interview écrite que l'on peu relire. Quand des extraits d'une visite surprise auprès de quelques députés de son parti sont diffusés par BFM TV, le jeune monarque s'énerve: "Ils ne me reverront pas de sitôt!".
Le syndrome "people"
Jupiter préfère d'autres rencontres. Bono, Rihanna, Schwartznegger défilent à l'Elysée. Flashs, photos et sourires, le Palais ressemble à un défilé people.C'est souvent madame, Brigitte en tenues chic et couteuses qui accueille ou fait la bise devant les caméras à cette nouvelle jetset macroniste. Il ne reste plus au couple Macron qu'à descendre à Saint-Tropez et la photo sera complète.

Cette succession rapprochée de rencontres sans autre intérêt que la curiosité de Jupiter et le joli cliché pose question sur l'habilité d'Emmanuel Macron à résister à la tentation "people". Dans le petit milieu du show-business qu'il a décidé de cottoyer, on le qualifierait de "star-fucker". Cela désigne non pas quelqu'un qui couche, mais qui perd sa lucidité quand ses rencontres sont des stars.
Jupiter se montre dans une préfecture dans le Loiret, à la cérémonie de naturalisation de quelques étrangers. C'est joli, c'est beau, c'est une autre oeillade à ces électeurs humanistes déstabilisés par ce début de quinquennat marqué par la répression des migrants et des associations qui les aident.
C'est joli, c'est beau. Qu'en pense Gérard Collomb, ministre de l'intérieur qui conseillait aux associations d'aide aux migrants d'aller exercer leurs talents ailleurs ?
Dans les colonnes du JDD, le ministre de l'Education explique que "l'ennemi du service public, c'est l'égalitarisme".  C'est sans doute tout l'inverse.
L'école de la Nation ne saurait favoriser l'inégalitarisme.
Les amateurs à l'Assemblée.
L'Assemblée nationale fait peine à voir. Les députés ne débattent pas encore des nombreux cadeaux fiscaux du jeune monarque.  Les 10% les plus riches se partageront la moitié des réductions d’impôts annoncées par Jupiter. Rien que ça. Ce simple constat justifie pleinement la qualification de président des Riches.
Les députés ne bataillent pas encore sur le budget. Ils débattent toute la semaine sur cette loi de moralisation qui a changé de nom. Le patron du groupe ultra-majoritaire est absent, en vacances peut-être. Richard Ferrand a surtout la trouille que son cas personnel ne soit appelé en contre-exemple systématique d'une loi qui voudrait nettoyer un peu mais pas trop. Son absentéisme fait grincer des dents.
L'examen de cette loi, durant quatre jours, est l'un des premiers exemples grandeur nature de l'impréparation, de l'amateurisme et du caporalisme des nouveaux députés macronistes. La République n'est pas en marche, elle est en panne, faute de combattants expérimentés. Le récit de cette première séquence parlementaire est cruel. D'autres jeunots, chez la France insoumise, démontrent au contraire leur préparation. La chronique d'un journaliste publié par Les Jours est édifiante. François de Rugy est appelé à la rescousse tant les députés LREM propulsés présidents des débats par intérim n'y connaissent rien. Le récit est le témoignage d'une imposture. Il y a heureusement Jean Lassalle qui fait rire.
Il aura fallu près de 50 heures de débat, et l'examen de plus de 800 amendements, pour que les députés adoptent le projet de loi ordinaire visant à restaurer «la confiance» par 319 voix contre 4, avant le projet organique, avec 203 voix contre 37.
Au final, cette loi bâclée améliore un peu la situation. Elle permettra à Jupiter d'épingler un effort de moralisation sur son costume: l'embauche des épouses, maris et enfants par un ministre, un député, un sénateur ou un élu local est désormais interdit. François Fillon n'est heureusement plus député, ni ministre.  L'obligation de casier judiciaire vierge pour les candidats à une élection a été retirée, seuls les criminels et autres coupables "d'atteinte à la probité" (discrimination, injure ou diffamation publique, provocation à la haine raciale, sexiste ou à raison de l’orientation sexuelle) seront déclarés inéligibles. La réserve parlementaire, cette seule cagnotte à disposition unilatérale des députés, a été supprimée. Sous la pression, le gouvernement a accepté que la même cagnotte des ministres soit également interdite. Les députés devront aussi justifier leurs dépenses parlementaires. Le contrôle des prêts aux élus est renforcé.
Pour les conflits d'intérêts, les députés macronistes ont eu la trouille de déplaire au patron, c'est-à-dire Jupiter. N'oublions pas que Macron a filé du public au privé (et pas n'importe lequel, la banque d'affaires Rotschild, pour faire fructifier son carnet d'adresses constitués quand il naviguait dans les belles eaux de la République). Donc certes les assistants parlementaires ne pourront plus être rémunérés par des lobbies (sic!); mieux encore, aucun député ni sénateur ne devrait pouvoir assurer des missions de conseil ... en cours de mandat. Mais ils ont pris la mission avant leur mandat, pas de problème.
Quand on se rappelle le nombre de primo-député(e)s, on comprend mieux.
Nous avons hâte qu'ils nous expliquent pourquoi il est légitime de sortir 50 000 jeunes du bénéfice des APL et réduire en parallèle l'ISF de milliards d'euros pour quelques autres milliers de foyers.
Ami macroniste, où es-tu ?


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