Pendant un demi-siècle
La poésie fut
Le paradis de l’idiot solennel.
Jusqu’à ce que j’arrive
Et m’installe avec ma montagne russe.
Montez, si ça vous dit.
Évidemment je ne réponds de rien si vous en descendez
En saignant de la bouche et du nez.
*
La montaña rusa
Durante medio siglo
La poesía fue
El paraíso del tonto solemne.
Hasta que vine yo
Y me instalé con mi montaña rusa.
Suban, si les parece.
Claro que yo no respondo si bajan
Echando sangre por boca y narices.
***
Nicanor Parra (San Fabián de Alico, Chili, 1914) – Vers de salons (Versos de salón, 1962) – Poèmes et antipoèmes (Le Seuil, 2017) – Traduit de l’espagnol (Chili) par Bernard Pautrat