Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement

Il y a des esprits macabres qui ne peuvent s’empêcher d’évoquer le moment où ils ne seront plus. Qui parlent funérailles et successions. Mais ce faisant ils ne pensent rien moins que leur mort.

Ils se représentent la vie à venir de leurs amis et ennemis mais ne peuvent s’éliminer de cette représentation. Quand je serai mort… c’est un je vivace qui parle là. Piège du discours. Ce que j’imagine post mortem, je le dis ante mortem. Et ce que je crois entrevoir du futur, je le vois présentement.

C’est en vain que je cherche à me précéder moi-même. Je suis mort… formule impossible, autant que cette autre : je ne pense pas. Allons, je suis bien vivant moi qui pense à la mort ! L’imagination morbide, malgré elle, honore la vie.