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Spider-Man: Homecoming (2017), Jon Watts

Par Losttheater
Spider-Man: Homecoming (2017), Jon Watts

Après une trilogie quasi parfaite de Sam Raimi, une duologie attachante mais faiblarde de Marc Webb, voilà que Sony a enfin lâché son cheval de compétition à la toute puissante Marvel/Disney. Spider-Man se réunit donc à l’univers cinématographique des Avengers et autres Gardiens de la Galaxie. Après une apparition notable dans Civil War (2016), le jeune super-héros a le droit à son propre film, réalisé par Jon Watts.

C’est au jeune Tom Holland que revient la tâche d’incarner l’homme araignée, succédant à Tobey Maguire et Andrew Garfield. L’acteur étant plus jeune que ses deux confrères cela favorise le réalisme pour un film s’attardant sur les jeunes années du super-héros. Spider-Man : Homecoming tend d’ailleurs son histoire sur une quête d’identité, thème parfaitement lié à l’adolescence.

Spider-Man: Homecoming (2017), Jon Watts

La première réussite du film est de se concentrer sur des partis pris jamais réalisés dans les adaptations précédentes du super-héros. Le scénario se penche avant tout sur Peter Parker et ses années lycée, et n’en fait pas un énième film sur les origines de l’homme araignée. Pas de schéma classique sur comment Peter Parker est devenu Spider-Man, donc pas de perte de temps. Ici il y a clairement une volonté d’opposer l’adolescence et ce que cela implique de devenir un super-héros. Jongler entre les cours, les amis, les relations amoureuses et les responsabilités qu’impliquent de sauver le monde n’est pas une tâche facile. L’écriture freine volontairement les scènes d’actions et Spider-Man ne se retrouve jamais à résoudre des problèmes d’une grande ampleur. Au lieu de ça, il se retrouve face à des petits braqueurs, ou à sauver ses amis. Cela fait déjà beaucoup pour un jeune garçon de quinze ans et l’histoire prend un malin plaisir à s’en moquer en créant un ton très comique.

L’influence du cinéma de John Hughes n’est jamais très loin, les références à The Breakfast Club et La Folle Journée de Ferris Bueller sont évidentes. Spider-Man : Homecoming est avant tout un film qui questionne le passage à l’âge adulte, Peter Parker prend d’ailleurs conscience que bien qu’il possède des super pouvoirs, il ne doit pas pour autant gâcher ses jeunes années. Thème déjà bien mis en évidence dans le cinéma de John Hughes qui faisait toujours réaliser à ses personnages l’importance de la jeunesse et à quel point elle est précieuse. L’alter-ego de Peter Parker est souvent relégué au second plan, il y a une dualité entre la vie privée de l’adolescent et son personnage grand public, à savoir Spider-Man. Les personnages secondaires viennent aussi renforcer ce sentiment, prenant à contre-emploi les clichés de l’adolescence. On retient surtout le rôle du meilleur ami de Peter Parker, Ned, qui vient alimenter tout le côté geek de la personnalité de Peter et qui prend au fur et à mesure du récit une attitude de sidekick pour l’homme araignée. Après tout l’adolescence est un moment où l’on se forge son caractère social et comment l’on se comporte face aux autres. Les relations entre les personnages sont largement mises en avant pour appuyer ce propos.

La volonté du tout est lié est bien sûr toujours présente dans ce nouveau film Spider-Man. On continue l’embranchement avec les autres films Marvel, seulement ici l’idée est construite d’une manière plus intelligente et sert au récit propre du film. Les interventions du personnage de Tony Stark alias Iron Man s’entendent comme un rôle de mentor face au jeune Peter Parker. La perte de ses parents, et le lien bizarrement assez inexistant ici avec sa Tante May, semblent être comblé avec cette figure paternelle. C’est donc sans jamais parasiter le fondement même de l’histoire du film que vient s’intégrer l’univers Marvel, il appuie même le lourd passé émotionnel du jeune homme. Là encore, la volonté de se démarquer des anciennes adaptions est convaincante.

Le scénario a aussi l’intelligence de faire de ses twists des moments qui viennent déséquilibrer les attentes classiques du spectateur. Une des plus grandes révélations du film vient bouleverser la relation amoureuse du film qui n’est jamais représentée de manière mièvre. L’écriture reste adroite et évite d’en faire des tonnes. Chaque retournement de situation vient opérer un changement chez les personnages pour les faire gagner en développement et profondeur.

Spider-Man: Homecoming (2017), Jon Watts

Cependant, il faut bien reconnaître que ce Spider-Man : Homecoming n’évite pas certains défauts et cela se retrouve plus particulièrement dans la mise en scène. Jon Watts, tout droit sorti du cinéma indépendant, manque cruellement d’intensité dans la manière dont il filme le jeune héros. Sa réalisation n’arrive jamais à la hauteur de la représentation iconique du personnage. C’est notamment dans les scènes d’actions que le bât blesse. Souvent illisibles, les scènes de combat sont toujours à deux doigts de nous filer le mal de crâne tellement on éprouve du mal à comprendre ce qui se passe à l’écran. Toute l’imagerie manque de personnalité et retombe dans les travers de l’univers cinématographique Marvel, que l’on parle du cadrage jamais ambitieux ou même de la photographie complètement terne. Il manque à l’esthétique du film quelque chose qui pourrait le démarquer. C’est là qu’on regrette amèrement la vision d’un réalisateur comme Sam Raimi qui savait rendre le personnage important que ce soit dans la mise en scène ou l’écriture. Bien heureusement, le compositeur Michael Giacchino semble avoir été largement inspiré par les nouvelles aventures de Peter Parker signées Jon Watts et vient remettre de l’ordre et de la lumière dans les moments les plus intenses du film.

Surprenant, Spider-Man : Homecoming est un divertissement qui ne se base pas sur ses scènes d’actions mais plutôt sur l’originalité des thèmes abordés dans le scénario. Jon Watts joue avec les codes du film de super-héros pour en faire un teen movie attachant. Même s’il pêche sur sa partie technique et esthétique, le film l’emporte grâce à son ton très rafraîchissant. Volontairement drôle, cela donne non seulement une identité propre à l’écriture du film mais aussi de l’espoir pour les suites des films estampillés Marvel qui manquaient clairement d’un vent d’air frais ces derniers temps.

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