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Comrade Detective (2017): une comédie sérieuse

Publié le 25 août 2017 par Jfcd @enseriestv

Comrade Detective est une nouvelle série de six épisodes qui ont été rendus disponibles en ligne le 11 août via le site de streaming d’Amazon. Il s’agit ici d’une parodie d’une fiction policière de propagande communiste qui aurait été tournée dans les années 80 pour la télévision roumaine et dans laquelle un détective s’affaire à retrouver la trace de son collègue tué probablement par un américain. Projet ambitieux et ne manquant pas d’originalité, Comrade Detective contient de bons flashs, mais les subtilités entre la caricature et le sérieux du ton finissent par tempérer notre engouement ; un problème récurrent avec Amazon.

Comrade Detective (2017): une comédie sérieuse

De l’autre côté du rideau de fer

Au départ, les détectives Gregor Anghel (Florin Piersic Jr) et Nikita Ionescu (Cristian Popa) s’apprêtent tous deux à effectuer une perquisition antidrogue quand ce dernier est criblé de balles par un mystérieux inconnu portant un masque de Ronald Reagan (le président américain en poste). Il ne s’agissait pas non plus d’un meurtre isolé puisque le tueur continue à sévir avec des acolytes dans ce qui semble être une conspiration de taille en provenance de l’Ouest. C’est Iosif Baciu (Corneliu Ulici) qui est désormais chargé de le seconder et dans le deuxième épisode, les deux hommes découvrent que des boîtes du célèbre jeu Monopoly circulent un peu partout dans le pays via le marché noir. C’est à ce moment que l’on apprend le terrible secret de Gregor : ses parents, d’anciens attachés culturels censés représenter le communisme aux États-Unis se sont pris d’affection pour ce pays de la liberté et croupissent désormais en prison. Au troisième épisode, le duo croit dur comme fer avoir trouvé son tueur : un prêtre très activiste dans une Roumanie officiellement athée, mais malheureusement pour eux, il y a encore erreur sur la personne.

Comrade Detective (2017): une comédie sérieuse

On ne compte plus le nombre de méchants Russes dans les séries télévisées américaines qui cherchent constamment à se venger de leurs anciens ennemis officiels durant la guerre froide. En ce sens, Comrade Detective arrive sous la forme d’une riposte plus que bienvenue d’autant plus qu’un certain souci de réalisme est au cœur de la nouvelle offre d’Amazon. On a tout d’abord dans l’introduction l’acteur Channing Tatum et le scénariste et réalisateur Jon Ronson qui nous expliquent avoir trouvé l’une des seules copies encore existante de ce populaire feuilleton de propagande diffusé en Roumanie et qu’ils se font un plaisir de nous présenter en version restaurée. On pousse l’élément méta un peu plus loin alors que la série a réellement été tournée en roumain avec des acteurs de ce pays et doublée en anglais par Tatum pour la voix de Gregor et Joseph Gordon-Levitt pour Iosif. Et en y regardant de plus près, les voix en anglais ne suivent absolument pas le mouvement des lèvres ; un effet délibéré, mais subtil qui reflète bien l’humour de la série. On est loin ici d’une caricature de l’étranger à la The Interview et c’est davantage dans les dialogues que l’on parvient à nous décrocher des sourires, comme lorsque le chef de la police roumaine s’indigne parce qu’un suspect s’est suicidé : « No man has the right to take their own life. That is a right for the state, and the state alone. »

On se paie donc la tête du communisme en place, mais les Américains ne sont pas en reste avec par exemple une jeune Américaine qui parle en ces termes de son pays à Gregor : « I certainly don’t miss AIDS. Everyone in the U. S. seems to have AIDS. But America is still the greatest country in the world. » L’épisode #2 est particulièrement intéressant en raison de l’intrusion du Monopoly dans l’enquête. En visite en prison, les parents du détective lui expliquent le but du jeu, ce à quoi il répond : « You’re telling me that the purpose of this game is to drive your fellow citizens into poverty, – so that you may get rich? » Jeu de société autrefois créé par Elizabeth Magie pour dénoncer la sauvagerie du capitalisme, c’est Charles Darrow qui en modifie les règles et le commercialise avec Parker Brothers dans les années 30, donc en pleine crise économique. Dès lors, Comrade Detective quitte la propagande subjective en citant des faits qui nous font réfléchir sur des dérives apparentes du système dans lequel on vit.

Comrade Detective (2017): une comédie sérieuse

Amazon : fidélisation difficile

C’est à la fois la force et la faiblesse de la série : on en vient à la prendre plus au sérieux que prévu, si bien que ceux qui avaient choisi d’entamer cette nouveauté pour son aspect supposément comique risquent d’être déçus. On aurait aimé plus de propagande contre l’Ouest ou encore un meilleur choc des idéologies. L’enquête aussi est traitée le plus sérieusement du monde et avec la profusion de productions policières, on ne peut pas dire que ce serait l’élément principal pour nous convaincre de nous rendre jusqu’à la finale. Du coup, après trois épisodes, la motivation nous manque et on préfère s’attaquer à autre chose.

C’est un peu le problème en général d’Amazon. Sur papier, ces nouveautés sortent des sentiers battus autant qu’elles font grand bruit dans les médias. Puis, après leurs dates de lancement, c’est le calme plat. The Man in the High Castle, The Patriot, Z, the Beginning of Everything, The Collection et dernièrement The Last Tycoon: le premier épisode séduit, mais on peine à terminer l’œuvre que l’on nous propose. On est loin de certaines séries de Netflix comme Stranger Things, House of Cards ou encore 13 Reasons Why qui plusieurs semaines, voire des mois après leur sortie sur le site continuent de faire le buzz autant auprès des médias que des téléspectateurs.

Justement, une récente étude de comScore nous apprenait que plus de la moitié des foyers américains possédant une connexion internet étaient abonnés un service de vidéo sur demande. Netflix étant le premier choix à 75 %, YouTube qui a le vent dans les voiles s’est classé deuxième à 53 % et Amazon arrivait bon troisième à 33 %. Entre les productions nichées de ce dernier et celles très (voire trop) grand public de la compagnie de Reed Hastings, on a hâte de joindre le juste milieu qui se signale surtout sur les chaînes câblées pour le moment.

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