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We feed the world et autres réflexions

Publié le 29 juin 2008 par Nathalie Jouat
poussins

Hier soir, j’ai regardé “We feed the world”, un film de Erwin Wagenhofer. A l’époque où il est sorti, je vous en avais parlé, mais je n’avais pas eu le temps d’y jeter un œil. Un erreur maintenant réparée ! Le film est inspiré du livre de Jean Ziegler « l’Empire de la Honte », qui traite de la faim dans le monde et je dois avouer qu’ayant vraiment adoré le livre, j’ai été un peu déçue par le film. Le reproche que j’ai à faire est qu’il n’est pas clair. Je le trouve construit de telle sorte qu’il fait appel au bon sens de chacun pour tirer les conclusions : C’est très bien, mais encore faut-il que la personne qui regarde le film s’intéresse un tant soit peu à ce sujet. C’est un enchaînement de reportages très intéressants, mais je peine à trouver un fil d’Ariane à tout cela.

we feed the world
Un des reportages sur les volailles élevées en batterie est affligeant. On y voit des milliers de poules dans un hangar, qui passent leur triste vie à manger et pondre. Les œufs sont récupérés et mis dans des couveuses qui en contiennent plus de 4000. Les poussins éclosent dans des cagettes en plastique et y restent jusqu’à ce qu’ils passent sur un tapis roulant où ils sont jetés brutalement comme des déchets. Des mains les attrapent violemment pour les séparer des coquilles vides. On voit des poils jaunes qui volètent de partout et les poussins qui sont complètement déboussolés, c’est très choquant. Je vous passe ensuite les détails sur les machines-hangars d’abattage qui électrocutent, découpent et plument les pauvres bêtes.
L’intervenant est très heureux de vous expliquer que la science permet aujourd’hui d’imiter la nature en accélérant le cycle de vie de l’animal , de sa ponte à sa mort. C’est du fordisme, appliqué non plus à des voitures, mais à des biens de consommation vivants.

A ce moment là on peut se poser une question : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Le développement de nos sociétés induit qu’on veut toujours plus pour moins cher. Plus de viande, plus de poissons, pour tout le monde et tout le temps. La société civilisée se reconnait dans l’abondance et la disponibilité immédiate.
Quand j’étais petite, on mangeait peu de saumon, c’était un aliment de fête car il était cher et rare. Aujourd’hui, on trouve des tranches de saumon fumé toute l’année et parfois moins chères que du jambon !

Pour que tout le monde en profite au moindre coût, on accélère le rythme de la vie, on produit à la chaîne de la viande, on pêche des tonnes de poisson même pas à maturité avec des filets de 100kms, on fait pousser nos légumes en serre dans du substrat enrichit aux vitamines car c’est plus efficace que la bonne vieille terre.

steak
Est-ce que c’est ça le bonheur et l’expression de la richesse ? Manger des fraises en janvier, du foie gras pour 3 euros ? Pourquoi les fruits du bout du monde sont moins chers que ceux produits par le paysan du coin ?
Pourquoi n’y a-t-il pas de photos de vaches sur les barquettes des supermarchés ? Parce qu’on veut nous faire oublier d’où vient la nourriture que l’on avale. On dénature les aliments en les désolidarisant de leurs source. C’est plus facile de manger du steak haché quand on ne sait pas d’où cela vient. C’est mignon une vache et ça fait toujours mal au cœur de savoir que c’est la source de la viande dans notre hamburger.

Mais ce n’est pas cela l’essentiel, ce qui est dramatique c’est la façon dont on produit notre alimentation. Les écologiques enquiquinent les industriels avec leurs produits bios, mais est-ce que c’est normal qu’un poulet de batterie perde de son poids à la cuisson car il est gorgé d’eau et qu’il n’ai pas de goût ? Est-ce que c’est normal que l’on nourrisse des animaux végétariens avec des farines animales ? !!

titanic
Nicolas Hulot disait que l’on reconnait la valeur d’une société à la façon dont elle traite ses animaux (dans « Le syndrome du Titanic »). Quelle est notre valeur à nous qui acceptons de manger dans ces conditions sous prétexte que l’on veut profiter de tous les produits que nous offre la nature ? Est-ce que c’est remercier la nature que de la forcer au rendement maximum ?

Toutes ces questions sont à mon sens primordiales. Aujourd’hui, j’aimerais savoir comment faire pour que tout le monde se les pose. Comment susciter chez autrui, l’éveil et la réflexion que j’ai aujourd’hui (et que vous avez sûrement si vous êtes ici ) ? Comment donner envie aux autres de changer leurs habitudes pour un monde plus juste et sain ? Personne ne m’a forcée moi, j’ai juste ouvert mon esprit et même si parfois ces questions me rendent chèvre, je voudrais aider à reproduire cet éveil chez les autres. Vous avez une idée vous ?


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