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[Critique] Agatha de Marguerite Duras au Café de la danse, une pièce dérangeante mais magistrale

Par Bottines

J'ai plutôt l'habitude d'aller voir sur scène des one-man-shows ou des comédies, toujours sensible à l'énergie qui circule entre comédiens et public et à la complicité qui s'instaure presque automatiquement. Lorsque l'on m'a invitée à aller voir La Peur de Stefan Zweig, il y a quelques mois, j'y ai vu une superbe occasion d'aller vivre d'autres sortes d'émotions au théâtre. Et j'ai été tout simplement transportée ! Et voilà qu'hier, j'ai retenté l'expérience en allant voir Agatha, un texte de Marguerite Duras sur le thème de l'inceste, joué depuis peu au Café de la Danse à Paris.

[Critique] Agatha de Marguerite Duras au Café de la danse, une pièce dérangeante mais magistrale

Attention, la thématique est lourde et l'atmosphère tout autant. Glauque même parfois, tant on ne nous épargne rien des tensions entre les personnages et de la complexité de leur relation interdite. En une heure et quart, attendez-vous à plonger dans les méandres de l'âme humaine. Il faut dire que la mise en scène, magistrale, aide grandement à nous transporter dans un univers ambigu, nébuleux et inquiétant : décor suggérant les pulsions destructrices, jeux de lumières variant en intensité et amplifiant les tensions, projections de vidéos fantasmagoriques, caméra nerveuse braquée sur et par les comédiens eux-mêmes, on ne s'ennuie guère grâce à cette diversité de supports malgré l'absence de réelles actions fortes.

[Critique] Agatha de Marguerite Duras au Café de la danse, une pièce dérangeante mais magistrale

Sur scène, seulement deux comédiens mais pas des moindres, Florian Carove et Alexandra Larangot, qui en plus de devoir réciter à la lettre le texte complexe et parfois répétitif de Marguerite Duras, doivent l'incarner physiquement dans l'espace, et jouer de leurs corps plus que dans n'importe quelle pièce. Gestes subtils et changements de postures et de vêtements,font règner une ambiguité dérangeante.

Tout le reste est contenu dans le texte, qui nous distille au compte-gouttes les indices permettant de palper un peu mieux la psychologie et le passé des personnages. Il faut donc rester pendu aux lèvres des comédiens, et si cela demande quelques efforts de concentration, on apprécie ainsi toute la beauté de l'oeuvre de Marguerite Duras...

Agatha avec Florian Carove et Alexandra Larangot
Mise en scène de Hans Peter Cloos
Café de la Danse, 5 passage Louis-Philippe, 75011


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