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Max | Le sentier de la guerre

Publié le 13 septembre 2017 par Aragon
À Max Gros-Louis Oné Onti,
avec tout mon amour pour les siens de toujours,
 

etienne_brule77.jpgCette nuit a été une drôle de nuit à Saint-Vincent-de-Tyrosse. J'ai vu mon collier de wampum, je le serrais à moment comme un chapelet, autrefois, dans mon autre vie.

J'ai senti très fort la crosse en bois de mon arme à fusil portée en reposoir sur mes avants bras, contre ma poitrine. J'ai surtout eu des sensations, c'est si beau si vous saviez.

Le pays d'ici est paradis. Nuls mots ne savent bien le décrire. Paysages, vue à perte de vue à moments, ciels changeants, nuits étoilées, lumières comme brouillard coloré dans la nuit, feuilles des arbres verte, rouge ou or, neige, cours d'eau, cascades, grands arbres, mousses,  tapis de bleuets qui violetisent mes chausses en cuir de daim, poissons rapides, oiseaux, animaux.

Je suis avec eux, ils sont là. M'ont tout de suite accueilli, juste après m'avoir simplement longuement regardé dans les yeux. Le soir dans la longue cabane nous partageons le marmité de fête, les cinq ne font qu'un : ours corde daim rocher marais unis, malgré les conneries écrites sur les peuples premiers plus tard dans les livres d'histoire.

Je vous dis l'histoire : Au début il y avait un marais couvert de roseaux magnifiques, dorés, le peuple vivait là, le premier bébé vint au monde un jour car le peuple vivait sans bébés, ils étaient, c'est tout, puis l'enfant vint et le peuple voulait le voir.

Alors une vieille femme le mit sur le haut d'un rocher pour que tout le monde l'admire, elle demanda à l'ours et au daim de veiller sur lui, un jour il descendit du rocher à l'aide d'une corde tressée avec les cheveux de sa mère et son père après avoir été longtemps admiré par l'ensemble du peuple, il quitta les siens, marcha et contempla le monde.

Je suis Étienne Brûlé, ils sont miens, ils sont plus que mes amis, je suis venu en ce pays sur le bateau Don-de-Dieu. Je crois aux signes, je suis Étienne Brûlé, je crois à la vie surtout. On m'a dit mort-tué et même mangé pour une obscure raison par ceux de l'ours. Je dis aujourd'hui qu'il n'en est rien. Je savais français, anglais, tous, soufflant sur les braises de l'enfer, jouant de la vie, de la paix, de la guerre, utilisant les tribus comme monnaie, comme jouets. Je suis parti un jour je ne voulais plus participer à tout ça, j'ai remonté une piste connue de nous seuls, nous les hommes libres. J'ai vécu. J'ai vécu très longtemps ensuite.

Je suis Étienne Brûlé / je suis Max Capdeville, je pars tout à l'heure sur le sentier de la guerre à l'hôpital Haut-Lévesque de Bordeaux, en gastro-entero-onco, j'ai mon collier de wampum et je tiens dans mes bras mon arme à fusil, je suis sur le sentier de la guerre, de ma guerre.

Je te regarde maladie, comme j'ai regardé avant de le tuer un haudenosaunee tueur d'un enfant et de sa mère.

Très vite je reviendrai voir mes amis, manger avec eux le marmité dans la grande cabane. Vivre. Être joyeux, léger, encore plus qu'avant, aimer la vie, aimer la paix, être fort. Je ne crains rien, je suis Étienne Brûlé, je suis un être aimé et protégé par les miens, je les aime et les protège aussi. Je suis Max Capdeville je pars sur le sentier de la guerre, très vite je reviendrai. Je vivrai très longtemps, ensuite.

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