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La fin de la solitude ♥ ♥ ♥ {RENTREE LITTERAIRE 2017}

Publié le 21 septembre 2017 par Lael69
solitude {RENTREE LITTERAIRE 2017}Benedict Wells
Slatkine & Cie
Traduit de l'allemand par Juliette Aubert
Août 2017
285 pages
20 euros

Roman contemporain/ Littérature allemande
"Je suis entré dans le jardin et j'ai fait un signe de tête à mon frère. J'ai pensé : une enfance difficile est comme un ennemi invisble. On ne sait jamais quand il se retournera contre vous. "
La fin de la solitude est un magnifique roman qui a tout l'air de commencer comme une fresque familiale... l'histoire d'une famille dont on ressent, dès les débuts, qu'elle va être triste et marquée sous les épreuves et la mélancolie. Comme cette balade au bord de la rivière... à laquelle, enfant, Jules assiste, les yeux ahuris et impuissants, à la noyade d'un chien d'une famille qui se trouvait sur l'autre rive. Avec son frère Marty et sa soeur aînée Liz... ils comprennent que pour les enfants de cette famille, un cap est franchi. Ils sont sortis de l'enfance avec la disparition soudaine de leur chien...Pourtant Jules, Marty et Liz coulent des jours heureux grâce à des parents aimants, bienveillants et présents. Jusqu'au jour où un tragique accident de voiture leur ôtent toute insouciance. Internes de 11 à 17 ans dans les établissements scolaires, Jules, Marty et Liz ne vont pas forcément s'éloigner mais ils vont évoluer chacun de leur côté. Jules devient un loup solitaire, taciturne, mélancolique et rencontre la mystérieuse Alva ; Marty se réfugie dans les études et Liz se drogue, se noie dans les déboires sentimentaux. Les années passent, le lycée se termine... Liz a quitté le système scolaire en abandonnant ses frères... 
"Je suis moi quand je laisse mon passé me déterminer et je le suis tout autant quand je m’oppose à lui."
La narration se fait du point de vue de Jules, le cadet de la famille Moreau. On le rencontre au début du roman, à la quarantaine, après un accident de moto. Il parle de ses enfants et surtout au moment où il pensait mourir, il se remémore certains souvenirs marquants de son enfance. D'abord les temps d'innocence, de joie et de sourires avec ses parents, leurs vacances en France, les chamailleries de son frère et de sa soeur... puis la perte tragique de son père et de sa mère... son arrivée à l'internat et la solitude qui s'est installée, insidieusement, sournoisement pour ne plus jamais le quitter. Jules porte le deuil au plus profond de son être et cette différence fait qu'Alva va d'emblée le remarquer et le soutenir. Une histoire d'amitié naît entre les jeunes gens... évoluant vers une histoire d'amour. Chacun traîne des blessures alors Jules finit seul, Alva fuit ou n'est pas prête. On est malheureux pour lui. Devenu adulte, il rêve de fonder une famille et retrouve Alva... et c'est là que l'on prend une claque magistrale tellement l'auteur touche au plus profond de l'humain et du vivant. 
Depuis que je suis parent, les histoires familiales ont plus d'impact et d'intensité et j'ai été bouleversé de suivre le personnage de Jules, de l'enfant qu'il était, à l'adolescent solitaire en passant par l'homme, l'époux et le père qu'il est devenu. La fin de la solitude est un roman infiniment touchant parce qu'il évoque aussi le deuil, les épreuves, le destin. La vie n'est pas un long fleuve tranquille... au contraire La fin de la solitude montre qu'il faut se battre, s'accrocher aux liens de la fratrie, de ses frères et soeurs qui s'éloignent, se retrouvent, se croisent et se confient, de ces personnages que l'on croise et que l'on revoit quelques années plus tard, aux actes manqués, aux non-dits, aux silences ou à toutes ces choses qu'on devraient dire. Histoire familiale, histoire d'amour, histoire de deuil, ce roman m'a beaucoup émue, au point de le refermer en larmes tellement l'écriture de Benedict Wells est authentique, intense, l'exprimant sans prétention aucune, tout en simplicité et en sensibilité... Un magnifique et percutant roman à l'écriture évocatrice, immersive et intimiste... un coup de coeur remarquable et inoubliable. C'était triste mais c'était beau...
"Il a dit que c’était important d’avoir un véritable ami, une âme sœur. Quelqu’un qu’on ne perdrait jamais, qui serait toujours là pour nous. Mon père trouvait ça beaucoup plus important que l’amour."

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