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Max | Ouverture

Publié le 26 septembre 2017 par Aragon

Chief_Dan_George88.jpgLongtemps je me suis réveillé avec le Triple concerto en do majeur op. 56 de Ludwig Van. Une "cassette" calée sur le Largo attacca en la bémol majeur dans mon réveille-matin et mes réveils et mes matins étaient toujours limpides, ouverts et clairs dès la première mesure.

Le Docteur G. de l'hôpital de Dax qui a, non pas diagnostiqué, mais "pronostiqué" un cancer du pancréas métastasé sur mon foie, est mon Ludwig Van actuel. Après avoir été très en "colère" contre lui, ses mots, hâtivement prononcés sans résultats de biopsie investigués, je me rends compte ce matin de l'extraordinaire chance que j'ai eu de l'avoir rencontré, d'avoir entendu ces mots que j'ai crus mortels à l'écoute, de recevoir cet inimaginable et véritable coup asséné.

Je ne divague pas en écrivant ces lignes, je me sens comme dans mes anciens matins : limpide, ouvert et clair.

Être là pour la mort, être là pour la vie. Je comprends ça ce matin avec une extraordinaire lucidité. Longtemps je me suis caché de la mort et de la vie. Je sais intimement aujourd'hui qu'il ne peut être question d'être un "être humain" véritablement accompli si l'on n'est pas là pour la mort et si l'on n'est pas là pour la vie. Le Docteur G. sans le savoir sûrement a définitivement ouvert mes yeux et je l'en remercie du fond du coeur.

La mort viendra, nous allons tous mourir, mais notre "devoir" essentiel est de vivre de toutes nos forces vitales, essentiellement intelligentes, d'aller tous les jours d'avantage sur les chemins de la connaissance de soi, du partage avec les autres, de la joie, de l'envie, de l'amour, pour accueillir un jour la mort qui ne sera alors qu'un changement de ton, de phrasé, l'enchaînement entre le Largo et le Rondo du Triple concerto si cher à mon coeur.

Dans le magnifique bouquin éponyme de Thomas Berger dont Penn fera "Little Big Man", Jack Crabb (Dustin Hoffman) retrouve après moult péripéties picaresques le vieux chef indien Peau de la Vieille Hutte ( Chief Dan George) qui était son "père" quand Jack vivait avec eux. Les blancs sont passés par là, l'armée "démoniaque" américaine a massacré (c'est grande vérité historique), Peau de la Vielle Hutte est devenu aveugle à la suite de blessures. Il est très vieux, il est affaibli, il n'a plus rien, les siens sont massacrés à volonté par cette armée pour laquelle le seul bon indien est celui qui est mort et il se passe une chose extraordinaire au moment de ces retrouvailles. Le vieil indien dit en prenant Jack dans ses bras, avec tout son coeur, toute sa sincérité, sa "vérité", qu'il remercie le Grand Esprit Wakan Tanka de lui "avoir enlevé la vue pour qu'enfin il puisse voir"...

Si tu es médecin et un bon médecin, Docteur G. tu es instrument de Ludwig Van, coeur & âme & esprit de Peau de la Vieille Hutte.

Je te remercie à mon tour ce matin Dr G. de l'hôpital de Dax de m'avoir donné l'allégresse (comme en do majeur) de l'envie de vivre, de m'avoir aussi enlevé la vue pour que je puisse enfin voir.


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