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Rencontre avec Thomas Raphaël : de la fiction aux chroniques autobiographiques

Par Samy20002000fr

Il y a des rencontres que l’on pourrait presque confondre avec des conversations entre amis : c’est le cas de l’événement du 21 septembre dernier avec Thomas Raphaël, au cours duquel 30 lecteurs sont venus échanger avec l’auteur de J’aime le sexe mais je préfère la pizza.

« Demain, on reprendrait le bateau, le train, puis Hélène un taxi et l’avion, on quitterait l’odeur de citron. Mais là, seul avec Hélène sur le port de Procida, j’ai eu l’impression que j’étais amoureux. Elle n’avait pas besoin d’un confident, j’ai réalisé, elle avait besoin de quelqu’un qui mangerait ce qu’elle commandait pour lui. Hélène était facile à aimer : il suffisait d’avoir faim. C’était simple et je me sentais important de l’avoir compris. Il y aurait pour Hélène d’autres hommes, qui auraient plus faim que moi, mais ce soir j’étais fier du privilège, dans le cliquetis des bateaux, couteau et fourchette à la main, de terminer avec elle le dernier quart de sa première pizza. »

Rencontre avec Thomas Raphaël : de la fiction aux chroniques autobiographiques

Des chroniques autobiographiques

J’aime le sexe mais je préfère la pizza est le quatrième roman de Thomas Raphaël, mais c’est le premier dans lequel il se livre de manière aussi intime : “Ce roman est différent de mes romans précédents dans la mesure où je me mets en scène : il n’y a pas de grande histoire avec du suspens et des rebondissements. J’avais un peu peur de présenter cet ouvrage, c’est pour cela qu’aujourd’hui je demande un peu de bienveillance à mes lecteurs : c’est un livre intime.”

Thomas Raphaël propose ainsi dans ce livre un habile mélange entre anecdotes humoristiques et véritables leçons de vie : “Certaines anecdotes n’ont eu aucune incidence sur ma vie tandis que d’autres ont eu une importance cruciale, mais leur sens ne m’est apparu que quelques années plus tard. Il faut parfois des années pour comprendre la signification d’un événement.”

Si l’auteur, qui a travaillé dans l’écriture de séries télévisées, a écrit ses premiers romans en s’appuyant sur son expérience de la dramaturgie, il s’en distancie petit à petit : pour écrire son dernier livre, il a davantage utilisé ses anciens journaux intimes et a fait appel à sa mémoire pour donner du corps à ses souvenirs incomplets : “J’ai eu l’habitude d’écrire un journal pendant des années. Ça a été une source d’inspiration évidente, mais il m’a été difficile de raconter la vérité car, avec le temps, les souvenirs se sont effacés. La nouvelle avec ma grand-mère est la seule qui soit 100% vraie, mais les autres sont 100% sincères. Ce qui m’importait, c’était de raconter ces histoires avec sincérité.”

Rencontre avec Thomas Raphaël : de la fiction aux chroniques autobiographiques

Un format inédit

L’auteur a ensuite expliqué son choix de ne pas présenter ses chroniques dans un ordre chronologique : “Ces petites histoires ne sont pas hiérarchisées et ne se suivent pas de manière cohérente car elles ont toutes leur place dans ce livre. Il y avait plein d’ordres possibles, mais ma principale contrainte était d’éviter l’ordre chronologique : je ne voulais pas que ce soit une démonstration logique, je voulais au contraire que les histoires se répondent entre elles.”

À mi-chemin entre le roman et les nouvelles, le format des chroniques s’est naturellement imposé à Thomas Raphaël : “Je trouve ça dur de m’engager auprès de personnages et de les quitter au bout de quinze pages. Ici, j’avais la satisfaction de retrouver le même personnage d’une histoire à une autre. Et sur un texte d’une dizaine de pages, on peut être plus créatif, il y a moins d’enjeu. Dans une nouvelle, on part d’une petite idée et on la développe pour voir si elle peut mener à quelque chose, la forme est un peu plus libre. Par contre, j’ai du faire très attention à la façon de les conclure. Il faut en effet apporter un soin tout particulier à la fin d’une nouvelle.”

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De l’intimité à la pudeur

De confidence en confidence, l’auteur n’a pas manqué de partager avec ses lecteurs ses craintes lors de la présentation de son roman à ses proches. Il leur a également confié que cette publication a été l’occasion pour lui de renouer avec des amis perdus de vue : Marine et Cécile font ainsi partie de ces amis qui ont donné leur autorisation à Thomas Raphaël pour qu’il utilise leur véritable prénom.

Touchée par ce souci d’authenticité, une lectrice en a ainsi profité pour prendre la parole et saluer le juste équilibre entre confidences et pudeur : “La pudeur n’a pas été un critère de sélection des chroniques. L’important pour moi n’était pas d’être impudique, mais de dire les choses qui ont besoin d’être dites pour me faire comprendre. Je voulais que les lecteurs puissent se mettre dans ma peau.”

Rencontre avec Thomas Raphaël : de la fiction aux chroniques autobiographiques

La libération par le rire

Interrogé sur le sens de l’humour et l’autodérision dont il fait preuve dans son dernier roman, Thomas Raphaël a expliqué à ses lecteurs comment l’humour lui était salutaire dans l’écriture : “Ecrire, c’est figer les choses et donner un sens à la vie. Faire rire mes lecteurs à propos de quelque chose dont on n’est pas censé rire, transformer mes mauvaises aventures en blagues, c’est prendre une revanche sur la vie. Au moment où on rit, on prend le dessus sur un événement. L’humour est précieux pour ça.”

L’auteur en a profité pour citer les artistes dont il s’est inspiré pour l’écriture de ce dernier ouvrage : David Sedaris, en un premier temps, qui a convaincu l’auteur de se lancer dans l’écriture de chroniques autobiographiques, et Nora Ephron, dont il apprécie la manière de concevoir le rire.

> Lire l’interview de Thomas Raphaël

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Oser devenir soi

Finalement, il est apparu à l’auteur que le thème essentiel de son livre était l’acceptation de soi : “Je ne l’ai pas fait consciemment, mais le fil rouge de ce livre c’est finalement d’oser devenir soi. Je n’avais pas conscience de ce thème au moment où j’écrivais ce livre, je ne m’étais pas donné de fil rouge, c’est juste le hasard des nouvelles qui prennent forme.”

Maintenant qu’une personnalité a émergé de ce premier ouvrage autobiographique, les lecteurs se sont montrés curieux de savoir ce que cet homme adulte allait devenir : “J’ai encore plein d’histoires à raconter”, les rassure Thomas Raphaël.

Signe qu’il faut sans cesse réapprendre à devenir soi ? Thomas Raphaël a même dû passer un casting pour jouer son propre rôle et être le lecteur de son propre livre pour la version audio de J’aime le sexe mais je préfère la pizza !

Retrouvez J’aime le sexe mais je préfère la pizza de Thomas Raphaël, publié aux éditions Flammarion.


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