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London Docks, de Catherine May

Publié le 23 octobre 2017 par Francisrichard @francisrichard
London Docks, de Catherine May

Au début des années 1980, la réhabilitation du quartier des Docks de Londres a été confiée à la LDDC, la London Docks Development Corporation. C'est à cette époque-là, plus précisément en août 1982, et en ce lieu de friches industrielles, sur l'Isle of Dogs, que se situe le roman policier, London Docks, de Catherine May.

Fin juillet 1982, un individu peint une fresque sur un mur de briques nues, encrassées par des décennies de pollution: DEATH, en lettres géantes. Au centre, autour du A qui dessine un nez approximatif, un visage, immense, se tord en une grimace effrayante. Les traits noirs accentuent les expressions. Un des yeux est fermé...

Cet individu a un autre business que de peindre, et de signer Chagall, des oeuvres où dominent les bleus, dans des nuances foncées. Quelques jours plus tard, à la date du 2 août 1982, si le lecteur a bien gardé en tête que cet individu a parlé de charmant couple, il ne peut que supputer ce que peut être cet autre business.

Deux corps ont en effet été découverts dans le sous-sol d'un entrepôt par deux géomètres mandatés par la LDDC : Les deux corps sont tournés l'un vers l'autre, comme s'ils étaient assis face à face sur des chaises invisibles qu'on aurait renversées. Leurs tibias se touchent, retenus par plusieurs tours de chatterton...

Les deux cadavres sont ceux de jeunes gens, des vingtenaires, en tenues de jogging. D'après les premières constatations du légiste, ils sont morts après avoir été attachés, le jeune homme avant la jeune femme qui est restée probablement consciente tout au long de sa lente agonie de soif, pendant deux trois jours...

A chaque fois que Lynn Armitage et Jim Wickock semblent avancer dans leur enquête - l'hyperosmie de Lynn leur sera très utile -, ils piétinent et vont mettre longtemps à découvrir qui est l'auteur d'un tel crime, à comprendre le choix de son cruel mode opératoire et à découvrir surtout quel peut être son mobile.

Le lecteur a un peu plus de chance que les inspecteurs de la Limehouse Police Station. L'auteur le met dans la confidence du tueur sans pour autant lui expliquer son mode opératoire ni son mobile. Elle lui raconte, par bribes, son passé dans les années 1970, où il séjourne à plusieurs reprises dans un hôpital psychiatrique...

Ce n'est qu'à la fin de ce fort volume que les zones d'ombre s'éclairent et que le lecteur connaît le résultat de la course-poursuite engagée entre les policiers et le criminel psychopathe. Entre-temps l'auteur lui aura fait connaître ses côtés sordides et ne lui aura épargné ni les odeurs ni les découvertes macabres, frissons garantis.

Ce qui rend supportable ce roman aussi noir que sa couverture (où le ruban jaune donne toutefois un peu de couleur...) ce sont l'humour tout britannique de certains de ses protagonistes et leur humanité, telle que cette empathie pour son patient d'un infirmier qui se demandera toujours s'il aurait pu empêcher quoi que ce soit...    

Francis Richard

London Docks, Catherine May, 428 pages, Plaisir de lire

Livre précédent :

Les sacrifiés d'Eyrinques, 456 pages, Xenia (2014)


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