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Jacques Sauvageot restera dans la mémoire de mai 68

Publié le 01 novembre 2017 par Albert @albertRicchi
De gauche à droite Alain Geismar, Jacques Sauvageot et Daniel Cohn-Bendit.
Figure de mai 1968, Jacques Sauvageot est décédé samedi 28 octobre à l’âge de 74 ans à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris où il avait été admis le 12 septembre dernier, après avoir été percuté par un scooter.
Jacques Sauvageot faisait partie du trio qui ébranla le pouvoir gaulliste au printemps 1968, avec Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar. Cette triste nouvelle intervient à quelques mois du cinquantième anniversaire du mouvement de contestation de Mai 68... 
Petit-fils d’un maréchal-ferrant, fils d’un employé de la SNCF et d’une femme au foyer (" employée de maison non rétribuée " pour reprendre une formule qu’il employait), Jacques Sauvageot fut élevé dans une famille catholique assez religieuse. Il avait une sœur et deux frères plus âgés que lui : un frère aîné, François, séminariste puis président de l’AG-UNEF de Dijon, et un autre qui accéda aux fonctions de chercheur à l’IMANA (Institut de biologie appliquée à la nutrition et à l’alimentation) de Dijon. Sa sœur travaillait comme assistante sociale. Jacques Sauvageot fréquenta une école privée confessionnelle jusqu’en classe de troisième puis intégra le lycée public en seconde et réussit le bac sciences expérimentales. A la faculté de lettres de Dijon, il suivit des études de lettres (histoire de l’art et histoire générale) et de droit (droit public). et obtint deux licences en histoire de l’art et en droit.  

L'UNEF et le PSU  

Il rentra naturellement à l’UNEF, son premier travail militant consistant à tirer des polycopiés. Il s’occupa de la chorale étudiante, du secteur culturel puis devint président pour deux ans de la corpo de lettres et président de l’Association générale des étudiants de Dijon (AG-UNEF) jusqu’en juillet 1967. Délégué régional de l’UNEF, il décida de quitter Dijon pour des raisons personnelles et une déception amoureuse. Arrivé à Paris en septembre 1967, il entra immédiatement au bureau national de l’UNEF. Sympathisant du PSU, il adhéra à ce parti en février 1968 et participa aux débats internes aux ESU (Étudiants socialistes unifié). Vice-président universitaire adjoint de l’UNEF, il s’occupait des résidences universitaires. Tout alla ensuite très vite dans un contexte de concurrence violente des différents courants d’extrême gauche. Il n’était pas d’accord avec le vice-président universitaire de l’UNEF ainsi qu’avec le président Michel Perreaud qui démissionna en avril 1968. Jacques Sauvageot fut proposé pour le remplacer par intérim. La prise en main de la direction par un membre du PSU était le fruit d’un compromis entre les groupes d’extrême gauche, à l’exception des lambertistes. Ses interlocuteurs au PSU étaient Marc Heurgon, Abraham Béhar et Jean-Marie Vincent. Les mobilisations concernant le plan Fouchet et la création des IUT rencontraient un certain succès, la mise en cause des règlements des résidences universitaires eut un très grand impact. Mais il avait cependant conscience que l’UNEF était en état de faiblesse. En effet, des Associations générales (AG) agissaient de façon autonome et les contestataires du " 22 mars " à Nanterre ne comptaient pas sur l’UNEF. À l’Université de Nanterre, les militants du PSU participaient aux réunions du " 22 mars ". Les structures de l’UNEF se fissuraient et à partir du moment où l’université de Nanterre fut fermée, l’UNEF s’engagea dans la solidarité. Pendant les vacances de Pâques, Jacques Sauvageot se rendit en Italie, délégué par le PSU à un congrès d’organisations politiques progressistes anti-impérialistes.Il fit partie ensuite des militants arrêtés à la Sorbonne le 3 mai et c’est là qu’il eut l’occasion de faire mieux connaissance avec Daniel Cohn-Bendit. L’UNEF lança un mot d’ordre de grève et prit des contacts avec les syndicats d’où sortit l’appel à la manifestation du 13 mai et l’acceptation par la CGT que soit en tête de cortège, à côté des syndicats ouvriers, les représentants de l’UNEF, du SNES-sup, du mouvement des lycéens et du " 22 mars " .En mai 1968, il quitta la résidence universitaire d’Antony pour s’installer à l’hôtel à Paris afin d’être totalement disponible. Le Mai étudiant changea le statut public de Jacques Sauvageot qui apparaissait aux côtés d’Alain Geismar et de Daniel Cohn-Bendit comme un leader d’un mouvement puissant et un porte parole. Certains médias se tournèrent vers l’UNEF pour comprendre le mouvement et si Jacques Sauvageot n’eut pas l’impact médiatique d’un " Dany ", il contribua à faire connaître les revendications étudiantes. Le 27 mai, ce sont les contacts du PSU qui ont permis l’organisation du rassemblement du stade de Charléty. Puis, avec l’annonce des élections législatives, le fossé se creusa avec Michel Rocard qui voulait inscrire son parti dans la compétition électorale.Après l’échec électoral et la fin des grèves, Jacques Sauvageot se déplaça beaucoup en province pour porter l’esprit de mai. Il anima en juillet le débat au sein de l’UNEF et devint président en titre au congrès de Marseille de décembre 1968. Son sursis arrivant à terme, le service militaire mit fin à son syndicalisme étudiant. À son retour après 15 mois, en juillet 1970, il fut " quasi permanent " du PSU sans salaire. Il écrivit dans Tribune socialiste et dans la revue Que-faire ?. Proche de Marc Heurgon et d’Abraham Béhar il participa à la GOP (Gauche ouvrière et paysanne) interne puis à " Pour le communisme " (fusion de la GOP externe et de Révolution) et à l’Organisation communiste des travailleurs (OCT). Conscient d’avoir créé " un groupuscule de plus ", il quitta ce militantisme en 1976. Domicilié à Savenay, son activité se porta vers les Radio libres, particulièrement celle de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Jacques Sauvageot vécut à Paris jusqu’en 1973 puis à Nantes sans trouver d’emploi durable. Il travailla comme enquêteur agricole à l’initiative de l’élu socialiste Rezé Jacques Floc’h, puis un temps comme ouvrier spécialisé (OS) dans une usine de transformateurs électriques, avant d’être recruté comme professeur d’histoire de l’art à l’école des beaux-arts de Nantes, non sans difficultés car le premier concours fut annulé par le ministère de la Culture. Un concours s’étant ouvert ensuite pour le poste de directeur de l’école régionale des beaux-arts de Rennes en 1989, il fut sélectionné et occupa cette fonction jusqu’à 2009. Il créa et présida l’Association des directeurs d’écoles d’art. Associé au Cinquantenaire du PSU en 2010, Jacques Sauvageot était un des responsables de l’Institut Tribune socialiste (ITS) où son travail sur la mémoire et les archives du PSU se mêlait à la réflexion sur le présent et l’avenir des mouvements sociaux et de l’émancipation…  
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