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La bête.

Publié le 05 juin 2008 par Polge7
Elle est là, omniprésente. Elle sait tout, parle de tout, montre tout, démontre pas grand chose, mais il faut qu’elle la ramène. Ses sbires la servent avec déférence, car elle est l’outil de la reconnaissance, de la gloire éphémère. Sans elle, votre vie ne serait rien ; car d’elle dépend toutes vos relations avec les autres. Ils en parlent presque tout le temps, cela en devient un devoir de savoir ce qu’elle a dit, d’écouter ce qu’elle dit, de prévoir ce qu’elle va dire.
A l’heure où j’écris, elle a dépassé la cinquantaine. Plus de cinquante années durant lesquelles se sont toujours tramées, dans son dos, des guerres sournoises entre partisans, courtisans, serviteurs et manipulateurs. Dès sa naissance, elle détenait, dans l’esprit de chacun, un pouvoir surnaturel sur les masses.
A ses débuts, elle était terne, maladroite, gaffeuse, un peu stricte, monochrome, un peu coincée, car on lui avait confié une tâche de grande importance. Elle se devait d’être porteuse d’un message universel, d’une mission nationale, avec tout ce que cela trimbalait et continue de trimbaler comme clichés, comme poncifs proposés par des pontifes pédants.
Bien plus tard, elle tenta de se débarrasser de son carcan, d’apporter de la couleur à son look, un peu plus de liberté et d’esprit critique à ses propos. La phase de transition fut rude et de nombreuses personnes en souffrirent, mais elles n’étaient qu’au début de leur surprise et de leur peine. Elle grandit, acquit de la personnalité, changea son attitude ; de policée, elle devint insolite, insolente et même irrévérencieuse. Au diable les messages, la mission que l’on lui avait confiée. Son seul but était d’atteindre, de charmer, de manipuler par tous les moyens, même les plus vils, le plus grand nombre. Et au seuil de son age mûr, elle ne résista plus à la crise qu’elle avait, elle-même, provoquée. Elle se dispersa, s’émietta. Même si son pouvoir malicieux était toujours le même, aussi puissant, aussi pernicieux, il était maintenant éparpillé, saucissonné, ciblé. Chacun se forçait à apprendre à l’analyser, le maîtriser, le catalyser et d’en tirer profit, et peu importait si ce bénéfice était tout égoïste.
Le drame, c’est qu’elle est, comme femme, changeante, incontrôlable, étourdie, ingrate et destructrice. Il faut, tant qu’elle vous aime, savoir tirer son épingle du jeu, sinon elle vous avale, vous manipule, vous asservit, vous détruit. Mais qui est-elle ? Une femme, une mante religieuse, une maladie insidieuse qui détruit tout ce qu’elle touche ? Je vais un peu vous guider. Elle vivait entre quatre planches qu’elle a échangé pour du matériel plus moderne, plus design. Pour toute résidence, elle n’a qu’une sorte de bocal en verre fumé. Mais, elle est douée de parole, elle a le don de l’image et, de tout cela, elle s’en sert sans vergogne.
Alors, vous l’avez cernée ? Pas encore ? Dois-je être plus précis ? Ne me décevez pas, éteignez la, tant que vous en avez encore la force !

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